Les mutilations sexuelles constituent des atteintes corporelles, le plus souvent irréversibles. Elles compromettent à la fois l'intégrité anatomique et la physiologie érogène des organes génitaux externes.
En face, les châtiments corporels minorant la sexualité anatomique, morphologique, physiologique et comportementale sont - à peu de choses près - réversibles. Leurs pratiquant(e)s, leurs victimes, peuvent donc récupérer leur intégrité biologique. Ces brimades sont extrêmement répandues, et leurs motivations sont exactement les mêmes que celles des mutilations. Y consentir, les préconiser, constitue ainsi un premier pas qui peut parfois conduire au second, celui de l'irréversibilité. De la même façon que les drogues "douces" peuvent déboucher sur l'usage des drogues dures.
Le caractère résolument punitif de ces vexations est parfois évident, voire délibéré. Mais même lorsqu'elles sont pratiquées sur initiative personnelle, elles demeurent des manifestations typiques de culpabilisation et de répression de la sexualité adulte, érotique et comportementale. On verra d'ailleurs que, comme les mutilations, les brimades s'en prennent surtout aux femmes dont l'expression de la sexualité non-reproductrice a toujours été la plus réprimée en société phallocratique, misogyne et tout spécialement monothéiste.
Nous ferons d'abord un catalogue anatomique de ces châtiments corporels, avant d'expliciter leurs raisons et leurs conséquences.
I - LES LIEUX D'APPLICATION
Les brimades sont effectuées d'une part sur les organes génitaux externes, d'autre part sur les indices visuels déterminant l'appartenance et l'attirance sexuelles. Elles touchent alors essentiellement la tête, la face et les seins.
1° La tête et la face
La chevelure.
Elle subit une tonte totale ou partielle.
- La tonte totale est infligée aux hommes comme aux femmes, dans un contexte tantôt religieux, tantôt punitif.
- La tonte subtotale conserve une mèche longue, généralement occipitale. Elle est pratiquée sur les hommes, en pays asiatique et en contrée musulmane (l'archange Gabriel, après la mort du croyant, le mènera au Paradis en saisissant cette mèche "de piété".)
- La tonsure est une spécialité chrétienne, tout particulièrement catholique romaine. Elle intéresse soit toute la calotte crânienne soit uniquement le sommet occipital, le vertex.
La bouche.
Les célèbres négresses à plateau portaient des disques de bois dans les lèvres supérieure et inférieure. Posés dès l'enfance, ils étaient progressivement remplacés par des plateaux de diamètre croissant avec l'âge.
La peau de la face féminine.
Les femmes de l'ethnie Aïnou, dans le Nord du Japon et les îles du détroit de Sakhaline, subissaient, à nubilité, un tatouage facial simulant la barbe et la moustache. Les explorateurs les avaient décrites comme des femmes à barbe.
Le piercing.
Chez les Égyptiens, seuls les rois avaient le privilège de porter un anneau au nombril. Les marins européens s'en faisaient mettre un sur l'oreille à chaque fois qu'ils traversaient l'équateur. Le port d'anneaux est millénaire dans la cloison nasale où l'on a pu placer une tige transversale, métallique, végétale ou animale (os effilé). Chez les Indiennes, se faire percer une narine est considéré comme une preuve de fidélité. Les boucles du piercing sont désormais portées sur la langue, les sourcils, les lèvres, les narines et même sur le sommet du crâne !
2° Les seins
L'effacement du relief mammaire.
Il est réalisé soit par un bandage de corps très serré, méthode infligée aux nonnes catholiques, soit par des vêtements occultants, robes, corsages étroits, noués au-dessus des seins et interdisant l'usage du soutien-gorge.
Le piercing.
Les centurions romains en arboraient un sur le mamelon comme preuve de courage. Il s'ensuit souvent de nombreux déboires, eczéma, abcès, nécrose. Des crochets implantés dans les auréoles peuvent maintenir des bijoux variés.
3° Le creux de l'aisselle
La pilosité axillaire adulte est émondée, épilée par de nombreuses femmes, surtout occidentales.
4° Les organes génitaux externes masculins
Le rasage génital.
C'est une coutume en pays musulman intégriste. Elle intéresse la pilosité du pubis et du bas-ventre.
L'infibulation.
Méthode pratiquée dans l'Antiquité, surtout romaine, elle était infligée aux chanteurs et aux athlètes du cirque. Un anneau métallique était posé derrière le gland, sous le prépuce. Le questeur des théâtres assistait à l'opération. Les érections étaient ainsi rendues douloureuses, et se raréfiaient. Toute tentative d'intromission vaginale était évidemment impossible.
Les légionnaires français, postés en Afrique du nord, ont parfois adopté une très vieille coutume arabe, l'hafada . Il s'agissait d'un anneau posé entre les testicules et la base du sexe.
Le piercing.
Héritier de l'infibulation, il est pratiqué sur les bourses, le fourreau de la verge ou, le frein. On sait, depuis l'ère victorienne, que des "gentlemen" s'en sont fait poser sur le gland. Cette forme de piercing (photo) s'appelle "le prince Albert" en hommage au souverain anglais qui adopta cette pratique. On trouve aussi l'ampallang, pratiqué par des indigènes de l'océan indien. Il s'agit d'un piercing horizontal, au-dessus de l'urètre et à travers le gland.
5° Les organes génitaux externes féminins
La tonte totale.
Elle intéresse toute la région génitale, pilosité pubienne et vulvaire. Elle est pratiquée au ciseau, au rasoir, à la cire ou à la pince à épiler. Coutume très ancienne au Moyen-Orient et tout au long de l'Antiquité gréco-romaine, toujours maintenue en contrée islamique, elle connaît un regain d'actualité en Occident.
La tonte partielle.
S'en prend surtout à la pilosité pubienne, sacrifiée sur les côtés. Elle se pratique depuis que s'est installée la mode des maillots de bains "brésiliens", très échancrés latéralement.
Le piercing.
Il peut se placer sur les grandes lèvres, les nymphes ou le capuchon (photo). L'anneau sur une grande lèvre était déjà mentionné dans la célèbre Histoire d'O et une héroïne du film Pulp fiction se targue d'avoir un anneau sur le clitoris. Piercing multiples et rasage peuvent d'ailleurs s'associer.
II - LA MOTIVATION DES CHÂTIMENTS
Ils sont toujours minorisants et répressifs. Ils diffèrent ainsi de deux pratiques dont on les rapproche parfois, et qui sont alors présentées comme excuses : le rasage facial masculin et le port d'ornements en zones "neutres".
Le rasage facial masculin.
C'est une pratique de commodité très ancienne, puisque les premiers humains à nous avoir laissé l'image de leur visage aux murs des cavernes du paléolithique sont rasés. Ceux qui savaient dessiner disposaient aussi d'outils tranchants leur permettant de se couper la barbe, la moustache... les cheveux et les ongles. Ils ne ressemblaient en rien à des hommes des bois hirsutes qu'imaginaient les bourgeois du 19ème siècle, horrifiés par la théorie de l'évolution. La barbe était devenue gênante pour des êtres verticaux, ne serait-ce que par la prise qu'elle offrait lors des combats corps à corps. Le visage masculin a pu ainsi apparaître glabre depuis si longtemps que le port ou non de la barbe a été exclu de la compétition évolutive.
Les hommes adultes les plus virils peuvent donc être rasés ou non, les plus barbus ne sont ipso facto ni les plus vigoureux, ni les plus séduisants. Bien au contraire ! Chez les mélano et xantho-dermes, la barbe est un signe de sénilité, d'exclusion de la compétition séductrice. Chez les leucodermes, la barbe a été arborée comme signe de négligence corporelle intentionnelle pour rebuter les femmes, chez les prêtres ascètes et anachorètes s'interdisant toute activité sexuelle.
Ce n'est pas tellement par un souci symétrique de faire peau "nette" que le duvet porté par d'assez nombreuses femmes au-dessus de la lèvre supérieure a été pourchassé par les élégantes de tous temps. Mais par l'équation : pilosité = virilité. Puisqu'on devient un homme véritable quand enfin la barbe pousse au menton. Donc pas de poil facial pour les "véritables" femmes. Et pas de poils aux jambes, cette censure pileuse faisant la fortune des instituts de beauté et des marchands de rasoirs.
Le port d'ornements en zones neutres.
Sont ici définies celles dont la physiologie n'intervient pas au cours de l'accouplement et de ses préliminaires, caresses et baisers. Il s'agit essentiellement des lobes d'oreille où l'on pose des anneaux depuis très longtemps mais aussi du front, de l'aile du nez, sièges classiques d'incrustations (perle, pierre précieuse). Ces "embellissements" ne sont nullement nécessaires à la séduction, mais n'entravent guère le déroulement de l'étreinte ni les flatteries corporelles qui la précèdent.
La frontière entre l'ornement et le châtiment est franchie lorsque l'ornement entrave l'usage érogène de la zone intéressée.
Les motivations profondes des brimades ne sont donc ni l'embellissement corporel, ni la commodité mais la culpabilisation de la fonction érotique, la minorisation de l'attrait sexuel et surtout une censure de la féminité.
1° La culpabilisation de la fonction érotique
Ici se retrouve le vieux commerce mystique du sacrifice métaphysique, chez les Anciens comme de nos jours.
L'infibulation de la verge.
S'opposant à toute pénétration intra-vaginale, elle a pour but d'économiser les forces vitales. Celles qui s'affaibliraient avec la perte du sperme, selon un vieux mythe qui demeure très ancré, bien qu'il soit totalement infondé. Conservant son précieux sperme, l'athlète pensait conserver sa vigueur, le chanteur son souffle et sa voix. Il fallut d'ailleurs longtemps pour qu'on admette que les sportifs étaient plus sereins s'ils continuaient leur activité sexuelle coutumière, plutôt que d'être astreints à la continence forcée ou à des amours chaotiques. La chasteté contrainte n'était évidemment pas du goût des admiratrices des athlètes et des chanteurs antiques.
De temps à autre, et pour les beaux yeux d'une belle fortunée, ils se faisaient désinfibuler, le temps d'une liaison... rémunérée. Imagine-t-on nos idoles actuelles, les rock-stars ou nos champions du monde ainsi bagués et débagués ?
Le piercing.
Il entraîne obligatoirement une douleur lors de son application et il existe une indéniable dose de masochisme chez ceux et celles qui s'y soumettent. La motivation rejoint ainsi celle d'autres auto-agressions corporelles : une nouvelle mode consiste à subir des brûlures (branding) en tel ou tel point du corps et sont aussi indélébiles que les tatouages.
Le fait d'infliger la douleur dans une zone dispensatrice de plaisir sexuel, même secondaire, s'apparente très précisément à la motivation de la circoncision. Celle du sacrifice d'une partie du corps pour pouvoir profiter... du reste. L'usage est d'ailleurs toujours restrictif :
- le baiser sur la bouche est gêné par les anneaux posés dans la cloison nasale, les lèvres ou la langue.
- l'excitation des mamelons est rendue impossible ou douloureuse, qu'il s'agisse des caresses manuelles ou linguales.
- sur les organes génitaux, les anneaux gênent évidemment les caresses mais aussi la pénétration coïtale, en particulier ceux posés sur le fourreau ou le frein de la verge.
2° La minorisation de l'attrait sexuel
Les châtiments s'en prennent à l'état de maturité sexuelle, pour situer l'individu en deçà ou au-delà de cet âge propice : dans l'immaturité infantile ou la sénilité. Indice de maturité, la pilosité corporelle est aussi brimée en tant que signe de l'animalité humaine : il s'agit de récuser "la bête velue" que nous sommes restés, au moins en certains points.
La tonte capillaire masculine.
Elle donne à l'individu un aspect sénile prématuré. Surtout dans les sociétés à faible espérance de vie, où l'apparition de la si fréquente calvitie masculine annonce les dernières années de l'existence.
Le crâne dénudé ou tonsuré contraste avec des traits faciaux que la vieillesse n'a pas encore atteints, pour extirper l'individu du lot des hommes en compétition séductrice. Dans les sociétés évoluées un homme jeune qui se rase le crâne le fait plutôt dans un but de provocation : il n'est ni plus ni moins séduisant, mais il peut manifester ainsi le mépris de la sexualité, au profit non plus d'un idéal religieux, mais d'un style de vie, d'une idéologie exaltant la violence. Certains hommes d'armes furent ainsi rasés, janissaires, cosaques, samouraïs, cavaliers mongols, guerriers indiens (ils évitaient le scalp !).
Les musulmans et asiatiques laïques qui se rasent le crâne tendent, eux, à faire figure de vieux sages auprès des épouses achetées jeunes en contrée phallocratique, et qui sont les seules à voir leur crâne dénudé. Ces chauves précoces ne sortent en effet jamais sans couvre-chef. Cet aspect d'"expérience de la vie" n'est pas rédhibitoire auprès des femmes de nos contrées : là où l'on vieillit mieux, les hommes dégarnis peuvent rester séduisants si leur visage et leur tête sont bien "conservés".
La tonte capillaire féminine.
Elle fait perdre à la femme son ornement capillaire identificateur du genre et déclencheur du désir. On sait que chez les monothéistes la chevelure des femmes est un tel élément de tentation, donc de péché, que juives, musulmanes et longtemps chrétiennes ne devaient paraître en public que la tête voilée. Ce signe de "modestie", de repentir, était imposé par les imprécations des prophètes hébreux et des Pères de l'Église contre la femme, fille d'Ève qui avait commis le fameux péché originel. La loi coranique est restée intransigeante, ce qui occasionne de perpétuels conflits en terre laïque d'immigration (affaires dites du foulard islamique).
Le rasage crânien est encore plus radical que le voile pour donner à la femme une apparence à la fois sénile et masculine. Donc exclue de la compétition sexuelle, sinon dans un contexte pervers, sadique ou masochiste. C'est pour les punir d'avoir séduit les ennemis occupants allemands que des françaises furent tondues à la Libération. Quant aux nonnes catholiques ou bouddhiques, leur rasage est un moyen évident pour attenter à leur attrait corporel. Chez les Juifs orthodoxes, en particulier originaires d'Europe centrale, les femmes mariées doivent se tondre les cheveux en signe d'humilité et de soumission au mari, puis sont contraintes de porter une perruque dans la vie sociale.
La déformation des lèvres par des plateaux.
Cet enlaidissement rédhibitoire avait été créé contre les négriers, auxquels on ne pouvait fournir des esclaves ainsi détériorées. Préservant de la capture les femmes de leur tribu, les hommes "inventeurs" de la pratique avaient quand même fait preuve d'une cruelle misogynie car ils auraient pu trouver d'autres méthodes de "conservation". La brimade s'était si bien implantée, les hommes s'y étaient si bien accoutumés, qu'elle a survécue aux raids esclavagistes.
La tonte du tronc, aisselles féminines, bas-ventre masculin.
S'en prend à l'animalité velue, et aux signes de maturité sexuelle.
La tonte sexuelle féminine.
Elle censure la pilosité de maturité, identificatrice du genre et déclencheur de désir.
Le poil n'est nullement un apanage masculin, en particulier le poil sexuel, il faut le redire régulièrement. C'est sa disposition dans les zones cibles qui indique virilité ou féminité adulte. L'indice pileux féminin est triangulaire à sommet inférieur. C'est lui qui entraîne la réaction d'orientation du regard, avant la main et le reste. La pilosité bien développée signe la maturité sexuelle d'une femme avec laquelle l'accouplement est possible : elle déclenche donc le désir.
L'homme normal est habituellement rebuté par l'aspect chauve de la zone génitale féminine. C'est en général la conséquence de la maladie, et surtout de la sénilité. Une femme dépourvue de poils pubiens est une vieille femme n'inspirant plus le désir. C'est pourquoi la tonte sexuelle a de tout temps été infligée comme punition, surtout entre femmes. Pour défigurer une rivale, ou pour châtier une prostituée qui n'a pas obéi aux règlements du Milieu. Avant la libéralisation de l'interruption de grossesse, et sans nécessité d'asepsie depuis la mise au point de désinfectants liquides efficaces, les femmes devant subir un curetage évacuateur après avortement étaient systématiquement et entièrement rasées. Il fallait les punir d'avoir "tué leur bébé". Dans un cas comme dans l'autre on s'attaquait à un signal déclencheur très puissant, destiné à susciter le désir masculin, et on espérait bien mettre la femme "hors course" avant la repousse pileuse.
Il n'en va pas de même en contrée phallocratique, là où les femmes sont infériorisées, assujetties. Le rasage féminin donne à la vulve et au pubis l'aspect glabre des organes infantiles. C'est un signe de soumission, pour ne pas apparaître en tant qu'adulte et autonome. La femme est ainsi infantilisée.
La pratique est solidement implantée dans les pays musulmans. Mais en Occident, la sexualité et ses poils, tout spécialement féminins, ont été fortement culpabilisés.
C'est pourquoi tant de femmes ont accepté sans broncher l'obligation de rasage que leur ont infligé les maillots de bains "brésiliens". Cet attentat à leur féminité morphologique adulte est même tarifé dans les instituts de beauté. Les acheteuses de tenues de bain très échancrées y vont se "faire le maillot". Pour se faire déboiser sur mesure. Alors qu'il existe un peu partout des plages nudistes où montrer plus ou moins de poil n'a plus aucune importance.
A l'instar des phallocrates orientaux, il existe des machistes occidentaux qui eux aussi sont émoustillés par les femmes infantilisées. C'est pour leur complaire que la "faune" qui pose dans les productions pornographiques pratique souvent l'épilation totale, et que certaines de leurs partenaires s'y soumettent dans la vie courante, pour ressembler à ces modèles rasés.
Il va de soi que les pédophiles, inhibés par les femmes "velues et entières" apprécient hautement les fillettes glabres et "bien obéissantes".
L'épilation corporelle totale.
Elle est infligée rituellement aux jeunes mariées, avant la nuit de noces coranique. Mais aussi en Inde, avant le mariage avec un aristocrate. La femme est devenue à nouveau une enfant, au pouvoir de son seigneur et maître. Il en attend la même docilité.
3° La censure de la féminité
Renoncer à sa toison pubienne, à sa pilosité axillaire, à ses cheveux, voiler sa chevelure, son visage, autant de sacrifices auxquels sont contraintes les femmes partout où la féminité est suspecte, crainte ou haïe. Certains châtiments expriment même un regret non pas "inconscient" mais bien manifeste de certains hommes : que les femmes ne soient pas des hommes, à leur image.
Le tatouage facial des femmes Aïnous les dotait d'une barbe et d'une moustache d'aspect viril, bien propre à susciter le recul de ces hommes qui ne supportent pas le moindre poil follet au-dessus de la lèvre supérieure féminine. Était-ce une manœuvre destinée à repousser la convoitise des colonisateurs nippons ou sibériens ? Comme les poseurs de plateaux labiaux, les hommes des Kouriles avaient pris goût à cette défiguration.
L'effacement des seins est une négation de la féminité mammaire, on pourrait dire mammifère, en privant la femme de ce qui constitue un de ses principaux "appâts". Le sacrifice mystique exigé des nonnes catholiques bandagées a pu malheureusement passer pour une certaine forme d'élégance suivant les modes vestimentaires "anti-mammaires", style 1925.
Cet anti-féminisme aliénant est résolument avoué par Saint Augustin qui dans la Cité de Dieu annonce, qu'après la résurrection de la chair, les femmes parvenant au Paradis seront à l'image des hommes, débarrassées de leur "indécente" fente vulvaire. Il est aussi symptomatique d'une certaine nostalgie de l'androgynie, qui réduirait le domaine de la différenciation sexuelle. C'est ainsi qu'il ne faut pas hésiter à reconnaître le rôle normatif et pour tout dire misogyne de nombreux stylistes de mode, créateurs des maillots obligeant les femmes à se raser ou de ces vêtements censurant les protubérances mammaires. Allongeant en trompe-l'œil la racine des membres inférieurs comme s'il s'agissait de cuisses masculines, aplatissant la poitrine féminine comme s'il s'agissait d'un thorax d'adolescent, ils font passer la morphologie féminine sous la coupe de leurs propres critères d'attirance sexuelle.
Bien que tous ces châtiments n'entraînent pas d'amputation irréversible, ils n'en sont pas moins répréhensibles car basés sur la même idéologie que les mutilations sexuelles. La vieille culpabilisation métaphysique de l'animalité humaine, de ses désirs, de ses organes sexuels, de leurs poils et de leurs odeurs, la vieille misogynie inspirant les mêmes réticences, les mêmes condamnations, les mêmes censures. Dans les hautes sphères de l'éthique comme dans la vie quotidienne.
Dans cette vie où se déroulent nos amours, nos joies et nos peines, il faut dénoncer sans relâche cette intrusion des systèmes moraux répressifs anti-humanistes. C'est ainsi qu'on ne déplorera jamais assez la propagande de ces modes prétendues "progressistes" qui ne font que remettre en vogue les pires pratiques anti-sexuelles et tout particulièrement anti-féminines.
Celles qui se font poser des bagues dans le nez ou les grandes lèvres, portent des anneaux d'esclave. Celles qui se rasent le sexe, arborent la même docilité que les poupées gonflables. Celles qui écrasent leurs seins, renient leur gloire de femmes absolues. Celles qui rasent leur pilosité axillaire, privent leurs contemporains d'un ornement naturel qui n'a jamais rebuté nos glorieux ancêtres...
RAPPORT DE L'ACADÉMIE NATIONALE DE MÉDECINE (11 déc. 2007) :
« Piercings » et tatouages : la fréquence des complications justifie une
réglementation
Association contre la Mutilation des
Enfants
BP 220, 92108 Boulogne
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