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La circoncision démystifiée
Dr Gérard Zwang



La circoncision est née en Afrique centrale et subsaharienne, le long des vallées des grands fleuves que sont le Congo ou le Niger. Là on l'inflige aux garçons pubères à la fin de l'initiation. Il s'agit donc dès ses origines d'une pratique d'origine ésotérique. L'initié est mis au courant des secrets de la tribu, mis à l'épreuve, molesté, mutilé puis "ressuscité" après une mort symbolique. Ayant franchit ce passage, désormais marqué à vie sur l'organe du plaisir et de la reproduction, l'enfant devient un grand, il est autorisé à mener la vie adulte et à pratiquer l'activité sexuelle. Le même mécanisme vaut pour les filles à ceci près qu'après avoir été amputées de leur clitoris elles perdent leurs fonctions érotiques, pour ne plus être que des objets sexuels et des procréatrices. D'Afrique Centrale, la circoncision s'est étendue vers le nord, suivant les sources et la basse vallée du Nil. Les Égyptiens étaient en contact avec les esclaves nubiens ramenés en captivité. Ces derniers fournissaient des esclaves vigoureux au gland toujours découvert. Cet aspect de leur phallus impressionna les Égyptiens et tout particulièrement leurs prêtres. Le clergé a toujours détenu le véritable pouvoir en Égypte ancienne. Férus de rites magiques, les prêtres d'Amon-Râ ont été séduits par ce symbole initiatique. Ils se circoncirent les premiers puis exigèrent la circoncision des Pharaons, après la Vème dynastie (vers -2560). La prêtrise fut la dernière caste à subir cette mutilation lors de la décadence du régime pharaonique.

L'hébreu Abraham, introduit auprès des nobles du palais royal lors de son voyage touristique de - 1700, fut lui aussi impressionné par ce qu'il prit pour un signe de distinction, de pouvoir cautionné par la divinité. C'est sur l'ordre express de Yahvé -dit-il- qu'il se fit circoncire et qu'il exigea la circoncision de tous les enfants mâles au 8ème jour, en signe d'alliance avec Dieu.

La pratique ne séduisit pas unanimement les juifs et bien sûr ceux qui étaient réticents se firent dès cette époque traiter d'hérétiques. Au retour de l'exode, 500 ans plus tard, la "dictature" de Moïse fit de la circoncision une obligation absolue, sous peine d'être exclu du peuple élu. La prescription vaut toujours aujourd'hui pour les juifs orthodoxes et pour les israéliens.

Reprenant la religion d'Abraham, de Moïse et tout l'Ancien Testament, Mahomet trouva évidemment que la circoncision allait de soit. Lui-même étant miraculeusement né sans prépuce, tout bon musulman doit être circoncis. Les petits garçons sont coupés vers 7 ans au milieu d'une bruyante joie familiale tandis que les gamins saignent et souffrent.

Le christianisme naissant, répandu au début chez les juifs de la diaspora, reprit la circoncision d'autant que son fondateur avait été circoncis. Mais la pratique répugnait souverainement aux Grecs et surtout aux Romains. C'était l'époque où tout le monde se moquait des circoncis aux thermes et au stade, et où les athlètes hébreux des Jeux Olympiques portaient un prépuce postiche en cire.

Par une habile métaphore, Saint Paul fit beaucoup pour la propagation de sa religion en déclarant inutile la circoncision selon la chair. Il valait mieux circoncire son coeur c'est à dire endurer toutes les privations sexuelles dont le christianisme fait l'essentiel de sa vie vertueuse. Pour bien prouver l'inanité de ce sacrifice cutané en échange d'une vie dissolue, certains Pères de l'Église originelle se firent circoncire puis tirèrent sur le fourreau de leur verge avec assez de pieuses persévérances pour se refaire un prépuce.

C'est Saint Augustin qui établit un lien doctrinal entre l'Ancien Testament mosaïque et la prédication christique. Malgré l'aggiornamento de Saint Paul, on a pu persuader certains chrétiens fervents du bien fondé dogmatique de la circoncision: par exemple, les pionniers qui colonisèrent le Nouveau Monde et lisaient la Bible tous les soirs. Ainsi leurs descendants subissent la sainte opération pratiquée de façon quasi systématique dans les maternités des USA. Drapé dans les plis de la morale et de l'hygiène, le lobby circonciseur exerce sa "dîme" financière et revend parfois très cher les prépuces amputés pour les laboratoires de cultures cellulaires. L'Amérique réformée est une terre de circoncision, la pratique débordant sur le Canada voisin, tout spécialement anglophone.

En France, les pro-circoncisions tirent argument que le prépuce serait un résidu parasite de la féminité sur le corps masculin. Le mythe de la "bisexualité native" est une vieille lubie aux conséquences désastreuses. L'immense majorité des hommes et des femmes, comme les autres mammifères primates, viennent au monde complètement mâle ou femelle, ce qui fait des états intersexuels des phénomènes à la fois rares et pathologiques. Selon les théories freudiennes, le prépuce serait un manchon identique au vagin et le clitoris, un organe identique à la verge. La compréhension voire le pardon des mutilations sexuelles sont ainsi cautionnés par la psychanalyse qui reprend à son compte le mythe de la bisexualité. De plus, succédant aux fables freudiennes, nous voyons un mouvement intellectualiste dont Elisabeth Badinter est le plus voyant porte-parole, prétendre au contraire que les deux sexes sont identiques, ouvrant à nouveau la porte à toutes les légitimations castratrices.

Sur notre territoire, de très nombreuses circoncisions réclamées par des parents juifs ou musulmans sont souvent remboursées par la sécurité sociale d'un pays soi-disant laïque! Quant aux procès intentés à celles qui excisent leurs filles, ils sont devenus une mascarade dont les criminelles s'en tirent avec un très compréhensif sursis.

Que faire aujourd'hui et demain?
La déclaration des droits de l'homme prolongée par celle des droits de l'enfant sont explicites. Nul n'a le droit d'attenter à l'intégrité physique des mineurs non informés et bien sûr non consentants. La circoncision rituelle, comme les autres mutilations sexuelles, devrait tomber sous les coups de la loi (Article 312 de la loi du 2 février 1981). S' il est maintenant facile d'attendrir les populations sur les horreurs de l'excision, la lutte contre la circoncision n'est pas un thème mobilisateur. Pourtant on ne parviendra à éradiquer les mutilations féminines que si l'on abolit en même tant la circoncision. Partout où l'on mutile les filles, on mutile les petits garçons. Il est impossible de préserver le clitoris des fillettes si l'on continue de laisser couper le prépuce de leurs frères. Les sermons moralisateurs des occidentaux resteront inefficaces tant qu'ils n'aborderont pas le problème de la circoncision.

L'idéal serait évidemment un jour l'extinction définitive des lugubres religions monothéistes, de leurs dogmes inacceptables et de leurs prescriptions ridicules. Je demeure pour l'instant d'un optimisme très modéré. On a pourtant vu s'éteindre le paganisme, le communisme et bien sûr cette cruelle pratique chinoise qui a fait bander les pieds des fillettes pendant plus de 1000 ans...


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Article 312 de la loi n° 81-82 du 2 février 1981 :

Quiconque aura, volontairement, porté des coups à un enfant âgé de moins de quinze ans, ou aura commis à son encontre des violences ou voies de fait, à l'exclusion des violences légères, sera puni suivant les distinctions ci-après:

1° - De trois mois d'emprisonnement et d'une amende de 500 F à 20.000 F., s'il n'en est pas résulté une maladie de plus de huit jours ;

2° - De deux ans à cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de 5.000 F. à 100.000 F. s'il en est résulté une maladie ou une incapacité totale de travail personnel de plus de huit jours ;

3° - De la réclusion criminelle à temps de dix à vingt ans s'il en est résulté une mutilation, une amputation ou la privation de l'usage d'un membre, la cécité, la perte d'un oeil ou d'autres infirmités permanentes ou la mort sans que l'auteur ait eu l'intention de la donner.

Si les coupables sont les père et mère légitimes, naturels ou adoptifs, ou toutes autres personnes ayant autorité sur l'enfant ou chargées de sa garde, les peines encourues seront les suivantes :

1° - Le maximum de l'emprisonnement sera porté au double dans les cas prévus au 2° ci-dessus.

2° - La peine sera celle de la réclusion criminelle à perpétuité dans les cas prévus au 3° ci-dessus.

Les privations de soins et d'aliments imputables aux père et mère légitimes, naturels ou adoptifs, ou à toutes autres personnes ayant autorité sur l'enfant ou chargées de sa garde, seront punies suivant les distinctions prévues à l'alinéa précédent.

Les peines correctionnelles prévues au présent article pourront être assorties de la privatisation des droits mentionnés en l'aticle 42 du présent code pour une durée de cinq ans au moins et de dix ans au plus, compte non tenu du temps passé en détention.

Lorsque les violences ou privations prévues au présent article ont été habituellement pratiquées, les peines encourues seront les suivantes :

1° - Un à cinq ans d'emprisonnement et une amende de 2.000 F. à 20.000 F. s'il n'en est pas résulté une maladie ou une incapacité totale de travail personnel de plus de huit jours ;

2° - Quatre à dix ans d'emprisonnement et une amende de 10.000 F. à 100.000 F.s'il en est résulté une maladie ou une incapacité totale de travail personnel de plus de huit jours;

3° - La réclusion criminelle à perpétuité s'il en est résulté une mutilation, une amputation ou la privation de l'usage d'un membre, la cécité, la perte d'un oeil ou d'autres infirmités permanentes ou la mort, sans que l'auteur ait eu l'intention de la donner.

L'ablation du clitoris, résultant de violences volontaires excercées, constitue une mutilation au sens de l'article 312-3° du Code pénal (Crim.20 août 1983 :Bull. crim; n° 229).


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CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L'ENFANT

 

Texte adopté par l'Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989

 

ARTICLE 19

Les Etats parties prennent toutes les mesures législatives, administratives, sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant contre toute forme de violence, d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle, pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux, de son ou ses représentants légaux ou de toute autre personne à qui il est confié.

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Article 19

U.N.convention on the right of the child.

State parties shall take all appropriate legislative, administrative social and educational measures to protect the child from all forms of physical or mental violence, injury or abuse, neglect or negligent treatement, maltreatment or exploitation including sexual abuse, while in the care of parent(s), legal guardian(s) or any other person who has the care of the child.



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Demystifying Circumcision
Gerard Zwang, M.D.

 


The origin of circumcision is located in Central and Sub-Saharan Africa, along the valleys of Congo and Nile rivers. There, one inflicts it to pubescent boys at the end of the initiation period. Therefore, from the beginning, it is a matter of a practice of esoteric origin. The Initiated is told the secrets of the tribe, is put to the test, molested, mutilated, then "resuscitated" after a symbolic death. After crossing this passage, from now on branded for life on the organ of pleasure and reproduction, the child grows up. He is authorized to lead an adult life and to practice sexual activity. The same mechanism is valid for the girls, apart from the fact that after being amputated from their clitoris, they loose their erotic function to be nothing more than sexual objects and procreative beings. From Central Africa, circumcision spread up North, following the sources and the lower valley of the Nile river. Egyptians were in contact with Nubian slaves brought back in captivity. They supplied vigorous slaves with their glans always uncovered. The look of their phallus impressed the Egyptians, particularly their priests. The clergy had the ultimate power in the ancient Egypt. With a keen interest in magical rites, the Amon-Ra priests were seduced by this initiating symbol. First they circumcised themselves, then required the circumcision of the Pharaohs after the Fifth Dynasty (around 2560 B.C.). The priesthood was the last caste to suffer this mutilation during the decadence of the pharaonic regime.

Introduced to the noblemen of the royal palace during his touristic journey in 1700 B.C., the Hebrew Abraham too was impressed by what he thought a sign of distinction, of power guaranteed by the divinity. On the formal order of Yahve, he said, he was circumcised and he requested the circumcision of all male children at their 8th day of life, as a sign of covenant to God.

The practice did not charm the Jews unanimously and, surely enough, those who were reluctant, were from that period on treated as heretic. Back from the Exodus, 500 years later, the "dictatorship" of Moses established circumcision as an absolute obligation, for fear of being excluded from the Chosen People. The prescription is still valid for the Orthodox Jew and for the Israeli.

Taking up the religion of Abraham, of Moses and the whole Old Testament, Muhammad obviously found that circumcision had to go without saying. Himself being born miraculously without a prepuce, any good Muslim must be circumcised. The little boys are cut at about 7 years of age in the middle of a noisy familial celebration, while the kids bleed and suffer.

The incipient Christianity, spreading at the beginning among the Jews of the Diaspora, took up the circumcision, all the more since its founder has been circumcised. But the practice supremely disgusted the Greeks and especially the Romans. It was the age during which everybody made fun of circumcised men at the Thermae and at the Stadium, and during which hebrew athletes at the Olympic Games were carrying postiche prepuce made of wax.

By a clever metaphor, St. Paul was doing a lot for the propagation of his religion, declaring useless the circumcision of the flesh. It was better to circumcise one's heart, i.e. to endure all sexual privations, of which the Christianity makes the main goal for a virtuous life. To rightly prove the futility of this cutaneous sacrifice in return for a dissolute life, some Fathers of the primeval Church got themselves circumcised, then pulled the shaft of their penis with sufficient pious perseverance to get a prepuce back.

St. Augustine established a doctrinal link between the Mosaic Old Testament and the christian preaching. In spite of the aggiornamento of St. Paul, some fervent Christians were persuaded of the dogmatic soundness of circumcision : for instance, the pioneers who colonized the New World and read the Bible every night. Thus, their descendants undergo the holy operation nearly systematically carried out in the maternity hospitals of the U.S.A. Draped in the folds of moral and hygiene, the circumcisers'lobby exercises its financial "tax" and resale sometimes at very high price the amputed prepuces to laboratories for cellular cultures. The Reformed America is a land of circumcisions, the practice overflowing Canada, especially the anglophone part.

In France, the pro-circumcision followers argue that the prepuce would be a parasitic remain of the femineity inside a masculine body. The myth of the "native bisexuality" is an old craze with disastrous consequences. The immense majority of men and women, as well as the other mammal Primates, come to life completely male or female, so intersexual conditions are rare phenomena as well as pathological. According to freudian theories, the prepuce would be a sheath identical to the vagina, and the clitoris would be an organ identical to the penis. The tolerance, indeed the forgiveness granted to sexual mutilations are in that way supported by the psychoanalysis which take back for itself the myth of bisexuality. Moreover, succeeding the freudian tales, we see an intellectualistic movement, with Elisabeth Badinter as the most visible spokesperson, which is claiming on the contrary, that both sexes are identical, opening again way to any castrating legitimation.

On our territory, very numerous circumcisions requested by jewish or muslim parents are often repaid by the Social Security of a so-called lay country! Regarding the proceedings started against parents excising their daughters, they are becoming a masquerade of which the criminals get off with a very sympathising suspended sentence.

What is there to do today and tomorrow?
The Declaration of the Human Rights, followed by that of the Rights of the Children, are explicit. Nobody has the right to make an attempt on the physical integrity of non-informed and of course non-consenting minors. The ritual circumcision, like other sexual mutilations, should constitute a statutory offence (Article 312 of the Law of February 2, 1981). If it is now easy to trigger the pity of people about the horrors of excision, the fight against circumcision is not a mobilizing theme. Yet one will manage to eradicate the female mutilations only if one abolishes at the same time the circumcision. Wherever girls are mutilated, little boys are also mutilated. It is impossible to protect the clitoris of little girls if one continues to allow the cutting of their brothers'prepuce. The moralizing lectures of the Westerners will stay ineffective as long as they will not tackle the problem of circumcision.

The ideal should obviously be one day the definitive extinction of the dismal monotheistic religions, of their unaceptable dogmas and of their ridiculous prescriptions. For the time being I keep a very moderate optimism. Yet we have seen the extinction of paganism, of communism, and certainly also of this cruel chinese practice which was to bind the feet of little girls; mind you, it lasted more than 1000 years...


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Bibliography and information :
Association contre la Mutilation des Enfants
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Related link : NOCIRC


Circoncision de routine d'un nouveau-né
New born routine circumcision
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Gland sectionné en train d'être recousu
Sectioned glans being sewed up
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Verge détruite suite au court-circuit d'un bistouri électrique

Destoyed penis after a short circuit with an electric lancet
© NOCIRC


Émasculation suite à une circoncision
Emasculation following a circumcision

© NOCIRC



Plastie du prépuce

 

1 : Traction vers l'arrière de l'anneau de striction

2 : Dégagement complet du gland et des éventuelles adhérences

3 : Incision longitudinale de l'anneau cutané

4 : Suture transversale permettant le libre coulissement du repli.

Plastie du prépuce pour phimosis
Reduction of phimosis on foreskin.
Gérard ZWANG :
HISTOIRE DES PEINES DE SEXE
© éditions MALOINE 1994

 

Peut-on reconstruire le prépuce après une circoncision ?

une vidéo sur le site Bonjour Docteur de Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes.

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