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L'esthétique du prépuce selon l'art et les artistes

 

Les peintres, les sculpteurs et les graveurs étant amenés fréquemment à représenter des nus masculins nous ont donc souvent montré des prépuces. De nombreuses fois aussi, ils nous ont fait voir la scène de la circoncision rituelle. Il s'agissait alors toujours de la circoncision de l'Enfant-Jésus et d'artistes anciens, d'écoles et de pays fort divers: Primitifs Italiens, Flamands ou Allemands, peintres de la Renaissance et du XVIIe siècle. En effet dans les siècles suivants, les artistes ont été inspirés par les événements de l'histoire sainte et de nos jours sauf de rares exceptions, ils les délaissent complètement. C'est donc parmi les tableaux anciens qu'abondent les scènes de la circoncision divine. Nous ne pouvons citer toutes ces oeuvres, mais on connaît le tableau de Mantegna au musée des Offices à Florence, la gravure de Dürer, certaines de Rembrandt, et la toile de Guilio Pippi, dit Jules Romains, du musée du Louvre. Ce tableau est tout à fait curieux, parce que les oeuvres qui représentent la circoncision de l'Enfant Jésus, nous montrent plutôt les préparatifs que la circoncision elle-même. Or ici elle est en train de s'accomplir: l'Enfant-Jésus est tenu debout sur une sorte de stèle et le sacrificateur lui a saisi le prépuce entre le pouce et l'index gauche. Dans la main droite il tient un grand couteau à lame courbe, muni d'un manche enrichi de pierreries avec lequel il s'apprête à le trancher. L'Enfant Jésus est souriant et ne parait nullement effrayé. Une grande affluence de personnages assiste à l'opération.

Ceci étant dit, nous en arrivons à l'étude de l'aspect que les artistes nous offrent du prépuce. Rappelons tout d'abord que ce repli cutané a des apparences très variables; dans la grande majorité des cas, il recouvre la plus grande partie du gland, laissant voir la moitié ou le tiers antérieur de cet organe. Assez souvent il recouvre complètement le gland sans le dépasser cependant, et il ne laisse même pas entrevoir le méat. Il peut encore dépasser plus ou moins le gland, formant une trompe en avant de lui. Enfin de temps à autre, il demeure ramené tout à fait en arrière du gland qui reste constamment vert. De tous ces aspects, lequel est le plus esthétique ? Ce sera donc l'examen des nus représentés par les peintres, dessinateurs, sculpteurs, à des époques divers qui pourra nous apporter une réponse à cette question car les artistes préoccupés par la reproduction des choses dans la forme la plus esthétique, n'ont dû nous montrer le prépuce que sous l'aspect qu'ils estimaient être le plus beau.

Si nous étudions la statuaire antique, grecque, ou romaine, et les personnages nus qui sont sur les vases anciens, nous constatons que le prépuce des personnages sculptés ou dessinés recouvre toujours complètement le gland. Parfois on rencontre une ébauche très courte de trompe. Le gland souvent encore dessine vigoureusement son relief sous le prépuce. Parcourons donc au Louvre les salles de la sculpture antique: voici L'Apollon Lycien, Le Discobole, L'Hercule Jeune, Hercule et Télèphe; on peut se convaincre que tous ont le gland dissimulé sous le prépuce. On pourra voir un Mercure dont l'orifice prépucial est absolument punctiforme, il est atteint certainement d'un phimosis. Les Satyres Atlantes de la salle du Tibre ont un prépuce allongé d'un effet décoratif très curieux. Le Satyre Dansant et l'Hercule au Repos de la salle du Sarcophage d'Anis, sont de même pourvus d'un prépuce qui va jusqu'à l'extrémité du gland. Pourtant les sculpteurs de l'antiquité ont dû voir autour d'eux des individus en nombre assez grand dont le gland demeurait toujours à nu. S'ils n'ont jamais retenu cet aspect, c'est qu'ils devaient le juger peu esthétique. Il semble nettement que pour eux, l'indiscutable beauté était atteinte lorsque le prépuce s'étendait jusqu'à la pointe du gland, ne laissant pas voir le méat, et même formant une ébauche de trompe en avant de lui, et lorsque le gland dessinait son galbe viril sous le prépuce. Il n'est pas possible de penser que les artistes de l'antiquité furent guidés par un sentiment de pudicité, car la pudeur, ce sentiment si bizarre, n'existait pas encore à cette époque. Elle fut inventée beaucoup plus tard par le protestantisme qui malheureusement l'a transmise au christianisme. On m'a fait observé que ce n'est peut-être pas uniquement les scrupules de la plastique qui ont dirigés les artistes grecs ou romains quand ils représentaient le prépuce. Les Grecs principalement se sont appliqués à traduire le corps humain, dans ses caractères généraux. Ils ont créé un type général d'homme et de femme; comme autour d'eux ils constataient que le plus souvent le prépuce recouvrait le gland, ils l'ont toujours montré sous cet aspect, afin de le faire voir dans son type général. Mais comme ils possédaient le sentiment du beau, et d'harmonie au plus haut point, on ne peut nier que celui-ci ait joué un rôle prépondérant lorsque ces préoccupations se sont posées à leur esprit.

Abandonnant l'art antique, nous allons examiner la peinture ancienne, principalement celle de la Renaissance car elle nous fait voir de nombreux prépuces. Nous découvrirons que là encore, les artistes ont, sans exceptions, représenté le prépuce masquant tout à fait le gland. Parfois on découvre une ébauche de trompe. Il en est ainsi chez l'Enfant Jésus dans le tableau de Mantegna du Louvre, "La Vierge de la Victoire", et chez de nombreux enfants nus de cette autre toile du même peintre qui est aussi au Louvre, "La Sagesse Victorieuse Des Vices". Raphaël nous montre aussi le prépuce dissimulant le gland, mais toutefois chez ce peintre, il ne tend jamais à constituer une trompe. Pour le constater, on n'a qu'à regarder "La Sainte Famille", et sa "Vierge Au Diadème Bleu", qui sont au Louvre. Dans sa toile, "La Belle Jardinière", l'Enfant Jésus a un prépuce qui ne laisse pas voir du tout le gland et dont l'orifice est punctiforme. De plus, son prépuce est Ïdémateux et rose. Peut-être Raphaël a-t-il pris pour modèle un enfant qui avait un phimosis, compliqué de balano-poshthite chronique. Nous pourrons faire la même constatation sur l'esthétique préputiale si nous regardons "La Charité" et "La Sainte Famille " de Del Sarto, "L'Annonce aux Bergers" de Palma, "La Vierge entre Saint Pierre et Saint Sébastien" de Giovanni Belli, "La Sainte Famille" de Luini, "La Vierge et l'Enfant" d'Antoniazo Romano, "Le Sommeil de l'Enfant Jésus" de Benenuto Tisi de l'Ecole Ferraraise. Si nous explorons l'École Flamande, on fera absolument les mêmes remarques, après avoir vu "La Vierge et l'Enfant Jésus entre le Donateur J. de Seclano et sa Femme" de Gérard David et "La vierge au Donateur" de Memling. Il en sera de même vis-à-vis de l'École Allemande quand on connaîtra "La Vierge au serin" de Dürer, et quelques autres œuvres de cette même école. Un peu plus tard, lorsque Rubens par hasard nous laisse apercevoir un prépuce, il nous le peint d'une façon semblable et Le Poussin fera de même. On n'a qu'à regarder "Le Triomphe de Flore" ou "L'Adoration des Mages" qui sont au Louvre.

Il y a une constatation très curieuse que l'on peut faire lorsque l'on examine tous les tableaux anciens qui représentent l'Enfant Jésus. On nous le montre le plus souvent à un âge dépassant le huitième jour, or il apparaît incirconcis. C'est une erreur considérable. J'ai interrogé à ce sujet de nombreux artistes, la plupart m'ont dit que les peintres anciens ne s'étaient pas préoccupés de sa circoncision et qu'ils avaient peint son prépuce, tel qu'ils voyaient celui de tous les enfants de leur entourage. Cela est fort probable; on sait quelles libertés prenaient souvent les peintres de cette époque vis-à-vis des costumes et des monuments. Dans "Les Noces de Cana" de Véronèse les personnages sont habillés à la façon des Vénitiens du 16° siècle, et la salle qui les abrite est un palais semblable à ceux qu'on trouvait à Venise dans ce temps là. Quelques artistes m'ont affirmé qu'on avait représenté l'Enfant Jésus non circoncis, par sentiment de pudicité, pour ne pas lui imposer une nudité supplémentaire.

Si donc on examine l'art antique et l'art ancien, on se convainc que l'aspect du prépuce le plus esthétique est un prépuce qui habille le gland jusqu'à son extrémité ou même qui le dépasse très largement. Les sculpteurs antiques aiment de plus à montrer le relief du gland sous le prépuce, ce que ne font jamais les peintres anciens.

Abordons, toujours du même point de vue, l'examen de l'art moderne. Là il est plus difficile de se faire une opinion parce que, de nos jours, les peintres font rarement des nus masculins et lorsque par hasard cela leur arrive, ils s'attachent plutôt à rendre les masses générales qu'isolent les jeux de la lumière et de l'ombre, que les détails de la forme. Les sculpteurs actuels sont plus précis; ils sont restés fidèles au prépuce recouvrant le gland.

Nous connaissons les fusains de Cézanne représentant des jeunes hommes qui étaient des modelés de l'Atelier Suisse. Leur prépuce recouvre le gland. Il y a aussi quelque académies fort anciennes de Rodin représentant des nus d'hommes adultes qui ont le prépuce ramené en arrière du gland. Mais ces dessins de Cézanne et de Rodin sont des académies, des études; ces artistes se sont bornés à faire ce qu'ils voyaient sans se soucier particulièrement du prépuce; on ne peut donc en tirer aucune déduction puisqu'il n'y a pas eu d'interprétation plastique.

L'art nègre, qui à réalisé des Ïuvres admirables, nous fait voir presque toujours chez les statuettes-fétiches, le gland découvert, mais ces artistes noirs sont avant tout des réalistes, ils ont fidèlement traduit ce qui s'offrait à leur yeux. Or dans les races nègres, la circoncision est généralement pratiquée, comme nous l'avons dit.

Le petit nombre d'œuvres modernes où le prépuce est représenté ne nous permet pas de nous faire une idée nette de l'aspect que préfèrent les artistes de notre époque. Pour connaître leur opinion, il n'y avait qu'un seul moyen, c'était de poursuivre auprès d' eux une enquête sur ce sujet. C'est ce que nous avons fait et voici le résultat de nos investigations. Nous avons tout d' abord, interrogé le peintre Maurice Asselin et ses idées sur la plastique prépuciale sont celles-ci: il pense que le plus bel aspect est lorsqu'il recouvre complètement le gland sans toutefois le dépasser. A défaut de cela il estime que le prépuce s'étendant seulement sur les deux tiers postérieurs du gland réalise encore un aspect très esthétique. Le gland doit se dessiner en saillie légère sous le prépuce. S'il avait à peindre un nu masculin, et que son modèle eût un gland découvert, il le peindrait différemment suivant ses dispositions du jour, car dit-il un peintre a, tour à tour, les préoccupations de Mantegna et de Rubens. Certains jours, l'artiste est poursuivi par le désir de rendre la forme dans toute sa vérité: certains autres jours, le peintre est préoccupé par la lumière seule, il traduit alors seulement la forme dans son allure générale et n'exprime que les jeux de lumière qui la modifie. A ces moments-là, la verge serait exprimée par une tache de lumière ou d'ombre où il serait difficile de discerner les détails de la forme et par conséquent l'aspect net du prépuce.

Le peintre Marius Borgeaud pense que l'aspect le plus esthétique pour le prépuce est quand il est ramené en arrière du gland: cela crée une diversité de tons et de formes du plus heureux effet plastique. Si Borgeaud devait peindre un nu masculin, il peindrait le prépuce tel qu'il le verrait, le souci de la vérité passant avant toute préoccupation esthétique.

Le peintre Tristan Klingsor dit que l'aspect préférable est celui ou le prépuce recouvre le gland complètement sans tendre cependant à ébaucher une trompe. Guindet, le très sensible paysagiste, a la même opinion. Il pense aussi que le prépuce doit recouvrir le gland. C'est dit-il, l'apparence normale, celle qu'offre l'homme harmonieusement développé. Les mâles bien proportionnés ont, dit-il, et c'est là un fait qui serait à vérifier, le gland toujours dissimulé dans le prépuce. Et s'il avait à peindre un nu masculin et que son modèle eût le gland découvert , il lui donnerait sans hésitations un prépuce conforme à ses idées, faisant passer le souci de l'esthétique avant le souci de la réalité.

Ludovic Rodo peintre et graveur, estime que le prépuce doit laisser voir la pointe du gland ou le recouvrir tout à fait sans le dépasser. Il aime voir se dessiner la saillie balanique.

Nous avons encore interrogé beaucoup d'artistes modernes, dont nous ne donnerons pas les opinions, car cela nous entraînerait trop loin, mais pour résumer toute cette enquête, nous pouvons dire que pour la plupart des artistes actuels, les deux aspects les plus esthétiques sont celui où le prépuce recouvre complètement le gland et celui ou il laisse voir le méat et sa pointe.

Ces données peuvent intéresser les chirurgiens qui ne s'attachent à ne pratiquer que des ablations esthétiques du prépuce. Ils devraient donc adopter un procédé qui leur permettent d'atteindre facilement ce but. La première apparence (gland tout a fait découvert) ne peut être réalisé que dans les cas où l'on possède beaucoup d'étoffe cutanée, c'est à dire lorsqu'il y a un allongement hypertrophique du prépuce. La seconde apparence (gland recouvert seulement dans ses deux tiers postérieurs) est très facile à réaliser. Nous décrirons d'ailleurs des procédés qui donnent aisément cet aspect, et qui de plus fournissent une cicatrice invisible de la ligne de suture qui ne permet pas de voir que le sujet a été circoncis. Ce sont des résultats susceptibles de satisfaire les artistes, les chirurgiens et les malades les plus difficiles quant à l'apparence du prépuce.

C'est en effet une absolue nécessité pour le chirurgien que le succès esthétique des posthectomies qu'il a l' occasion de faire, soit certain et parfait. Ses opérés ou leur entourage lui en témoigneront une gratitude et une estime professionnelle fort profitable. Par contre, on lui en voudra beaucoup s'il mutile les prépuces qu'on lui aura confiés, surtout s'il s'agit de jeunes garçons, car il ne pourra guère éviter la haine agissante des femmes de la famille, (mère, soeur, tante... ) qui prend source semble-t-il, dans un sentiment de solidarité féminine envers les femmes de l'avenir: amantes et femme légitime. Les hommes (père, frère, etc.) y prêtent moins d' attention parce que ce ne sont pas les qualités d'élégance qu'ils considèrent comme primordiales chez cet organe si important. Un chirurgien me contait un jour, qu'au début de sa carrière, alors qu'il venait de se décider à faire spécialement de la chirurgie infantile, son vieux maître Terrier lui avait dit: "Avant tout, avant tout, soignez vos phimosis..." C'était là un précieux conseil, soignons donc méticuleusement les posthectomies que nous exécutons et pour cela, obéissons aux données plastiques que nous venons de rapporter et choisissons des procédés opératoires capables de nous conduire à des résultats qui les satisferont entièrement.

 

Docteur Victor Doiteau

Paris, 17 octobre 1926

 

 

 

Déclaration de l'Association contre la Mutilation des Enfants au 2e Symposium International sur la Circoncision organisé par NOCIRC à San Francisco en mai 1991.

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