Communiqué de Presse 21/05/02

www.enfant.org

 

L'Association contre la Mutilation des Enfants

a le plaisir de décerner le coupe-coupe d'or 2002

à Stéphane Zagdanski, écrivain.

 

 

«Il y a aussi la question de la circoncision, de ce que c'est qu'un pénis circoncis, un pénis non circoncis surtout, parce que mon père, mes frères et moi, nous étions tous circoncis. Je n'avais jamais vu de pénis incirconcis. Je me souviens aussi, entre parenthèses, d'un autre exemple de cette curiosité, de cette avidité sexuelle : dans notre maison de campagne, il y avait un trou dans la porte en bois de la salle de bains où nous allions, avec mon frère et Philippe le fils du fermier, observer ma mère prendre sa douche. Ma mère était pudique, elle ne se montrait jamais nue devant nous. Je revois le pubis noir corbeau de ma mère, que je n'ai sans doute aperçu que cette fois-là. Planait donc un double mystère. D'une part les femmes, comment est fait le corps d'une femme, qu'est-ce qu'elles ont entre les jambes... ? D'autre part, le mystère de ce sexe bizarre qu'est celui des petits garçons incirconcis que j'avais pu entrevoir, à de rares occasions, en colonie de vacances ou à l'école,aux toilettes... Dans ma tête de gamin, un pénis non circoncis, ça ressemblait beaucoup à un sexe de chien, l'aspect irrégulier, le petit bout rouge vif... Ça ne me paraissait vraiment pas esthétique comparé à mon pénis à moi ou à celui de mes frères. Je me souviens d'une douche prise avec un ami en classe de neige, on avait quoi, neuf dix ans, et il m'avait montré à quoi ressemblait son pénis, m'expliquant comment il devait le laver, chaque jour, en retroussant le prépuce et en nettoyant bien, parce que sinon ça risquait de s'infecter ou de devenir sale. Il m'avait montré toute l'opération, j'étais assez étonné, je n'avais jamais vu cela de ma vie. Je n'avais jamais vu surtout un gland tout rouge comme ça, et ça m'a évoqué immédiatement, très subjectivement, un chien en érection- tel que j'avais pu en voir à la campagne, ou même en ville. Sensation d'une grande différence, donc, d'une part entre moi et les femmes, anatomiquement, et entre moi et les non juifs, la majorité. Autrement dit entre moi et tous les autres. Avec tout de même un léger complexe de supériorité à cause de cette révélation-là, à savoir que les pénis des non juifs ressemblaient à des sexes de chien.»

 

La vérité nue ©éditions Pauvert, 2002.