ARTICLE 222


Journal pour les Droits de l'Enfant


N°60____________________________________________1er et 2e trimestre 2015


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REVUE DE PRESSE



La circoncision réduit les IST? Non, ce n'est pas un préservatif naturel

Vers une circoncision automatique? C'est en tout cas la préconisation du gouvernement américain, qui a jugé que l'opération protégeait de certaines infections sexuellement transmissibles. Est-ce vraiment le cas? La circoncision est-elle si bénéfique? Le décryptage du docteur Antoine Faix, membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’Association Française d’Urologie.

Les recommandations américaines ont toujours été plus ou moins en faveur de la circoncision des nouveau-nés. La position du Centre de contrôle de la prévention et des maladies est dans la continuité et la réminiscence des courants hygiénistes de la fin du XIXe et du début du XXe siècle aux États-Unis. Ces derniers prônaient la circoncision comme signe de bonne hygiène, à la fois physique et mentale. C’était également, à l’époque, considéré comme un geste anti-masturbatoire, ce qui n’est pas réellement adapté et correspondait à une sorte de rite de purification, comme dans l’Égypte ancienne. Il existe encore aujourd’hui une grande tendance à la circoncision aux États-Unis, même si cela n’est pas reconnu officiellement. Les Américains estiment que les parents peuvent prendre la décision de circoncire leur enfant à la naissance, s’ils estiment que cela est préférable car plus propre. En France, c'est bien différent. Les opérations à titre de convenance personnelle sont plutôt recommandées une fois que l’enfant est en âge de comprendre les choses, c’est-à-dire vers 6-7 ans.

La circoncision, en plus d’être plus hygiénique, permettrait de réduire les infections sexuellement transmissibles (IST). Or, la plupart des études soutenant cette affirmation ont été réalisées dans des pays sous-développés d’Afrique, où la population pâtit encore d’une mauvaise hygiène. Il est donc évident qu’un prépuce non nettoyé sera un facteur d’infection, et que ces données ne sont pas forcément transposables aux pays occidentaux. La circoncision est donc d’abord un problème d’hygiène locale et donc une problématique personnelle et familiale, plus qu’une problématique de santé publique. Est-ce qu’elle peut être bénéfique à une population sous-développée? Peut-être, mais rien n’est moins sûr et cela ne doit pas être systématique et généralisé. Les avis sur les avantages médicaux de la circoncision sont donc mitigés et très débattus. Parmi les critères favorables, on trouve la théorie de la kératinisation du gland. La texture de ce dernier changerait avec la circoncision, elle deviendrait plus dure et plus épaisse, et constituerait donc une barrière anatomique un peu moins perméable aux IST, avec en plus des facteurs de protection immunitaire. Mais à l’inverse, le prépuce peut aussi avoir un rôle de protecteur. Les avis restent donc très flous à ce sujet. À l’heure actuelle, seuls les cas de phimosis, qui empêchent de décalotter le gland au repos et/ou en érection ou alors avec douleur, permettent de justifier une circoncision sur indication médicale. En tout, seulement 1 à 2% des hommes non circoncis auraient besoin de l’être en raison de cette affection. Or, le phimosis se traite et s’opère assez facilement. De là à proposer la circoncision systématique comme sorte de vaccin anti-phimosis… cela semble un peu disproportionné au regard de ces chiffres.

De la même façon, il me semble inapproprié de dire que la circoncision protège contre les IST. Il existe nombre d’hommes circoncis qui ont le VIH; on ne peut pas en faire un argument de protection. Cela dissémine un message faux et dangereux pour la lutte contre les IST, quel que soit le pays concerné: il ne serait plus utile de se protéger car on est circoncis? Non, on ne peut pas dire ça. La circoncision n’est pas un préservatif naturel contre les IST.


leplus.nouvelobs.com – 07/12/2014

 


Pourquoi la circoncision des mineurs doit être interdite


Il est interdit en Europe de mutiler les parties génitales des petites filles. En revanche, il est autorisé de mutiler celles des petits garçons. Quelles sont les conséquences de la circoncision sur leur sexualité et sur leur santé?  
L’égalité entre les sexes, c’est aussi l’égalité de traitement concernant les organes génitaux. Pour le docteur Morten Frisch, responsable d’une étude portant sur les conséquences sexuelles de la circoncision, il n’existe aucune raison valable de défendre ce qui est à ses yeux (ainsi, semble-t-il, qu’aux yeux de la majorité des médecins) une atteinte pure et simple à l’intégrité du corps. Le 22 octobre 2014, une audition sur la circoncision des garçons a eu lieu au Parlement danois. 
Le docteur Morten Frisch a été invité à s’exprimer:

- «Messieurs les Députés, merci de m’avoir invité. J’ai disposé sur chaque chaise mes kits d’introduction concernant la circoncision et ils sont accessibles sur facebook et twitter, afin que chacun puisse accéder aux informations de base liées à la santé et aux questions éthiques relatives au problème de la circoncision. Le tabou très répandu qui entoure les organes génitaux humains implique que peu de gens savent vraiment ce qu’est la circoncision.

Durant le développement fœtal, les organes génitaux masculins et féminins se développent à partir de la même structure embryonnaire. Sur cette photo, vous voyez les parties génitales externes du fœtus mâle et femelle à environ 12 semaines de grossesse. À ce stade du développement, il n’est pas possible de faire la distinction entre les deux sexes. À la naissance, cependant, tout le monde peut voir la différence. Notez bien que toute structure masculine a une structure féminine équivalente. Le prépuce recouvre le gland du pénis chez la plupart des garçons et des hommes. Le prépuce protège le gland. Par conséquent, le gland des hommes intacts est sensible, lisse et humide, tandis que le gland des hommes circoncis est relativement insensible, rêche et sec. La taille de la cicatrice que tous les hommes circoncis possèdent dépend de la quantité de peau pénienne retirée. Le gland est exposé lors de l’érection et la stimulation sexuelle survient lorsque le prépuce fait un mouvement de va-et-vient sur le gland. Peu de gens savent que les femmes possèdent également un prépuce, appelé capuchon clitoridien. Il a les mêmes fonctions de protection et de stimulation que le prépuce masculin. Lors de la montée du plaisir féminin, la taille du clitoris augmente et son gland est exposé. La plupart des femmes peuvent facilement imaginer à quel point la stimulation directe du gland clitoridien serait désagréable en l’absence du capuchon clitoridien. C’est la situation dans laquelle se trouvent les femmes ayant subi une circoncision de type sunna et c’est la même situation pour les hommes circoncis. Avec le temps, les hommes circoncis développent peu à peu une couche de peau kératinisée, ce qui entraîne une sensibilité réduite du gland. L’absence de prépuce et la sensibilité amoindrie du gland expliquent les difficultés sexuelles liées à la circoncision et connues de longue date, qui ont été confirmées par des études récentes. Le prépuce n’est pas un petit bout de peau superflu. Le prépuce est une structure complexe composée de deux couches, riche en nerfs sensoriels. Le prépuce mesure en moyenne entre 50 et 90 cm², c’est-à-dire la majeure partie d’un billet d'un dollar. Le prépuce est constitué de peau sur la partie externe et d’une muqueuse tout aussi grande sur la partie interne.

Pendant l’érection, le gland croît en taille et tire la partie muqueuse du prépuce vers l’extérieur. Sur la photo, vous pouvez voir que la hampe du pénis est couverte par le prépuce depuis la base du pénis jusqu’au gland. En se rappelant de la diapositive montrant le gland relativement insensible, rêche et sec, il devient clair que les hommes circoncis ont une sensibilité réduite de la base du pénis jusqu’à l’extrémité du gland.

Le rapport du Conseil National Danois de la Santé, Note sur la circoncision des garçons, publié en 2013, est truffé d’erreurs, d’inexactitudes, de banalisations et de graves omissions. Du point de vue d’un professionnel de santé, c'est une présentation gênante du sujet qui laisse une large place aux opinions religieuses. En mars 2014, j’ai écrit un commentaire sévère dans le journal Politiken. Le Conseil n’a jamais démontré que j’avais tort dans les critiques que j’ai soulevées. Malheureusement, cette note est souvent utilisée par des ministres et des politiciens qui sont trop occupés pour évaluer la question eux-mêmes. Du point de vue d’un professionnel, cette note est médiocre sur le plan médical et, de surcroît, complètement inacceptable du point de vue de l’éthique médicale. Cette note est la reconnaissance de la part de l’autorité danoise de la santé que l’amputation du prépuce est acceptable du moment que l’on donne au garçon un peu de sucre, alors que son corps et sa sexualité seront modifiés à vie. Les médecins européens conviennent qu’il n’y a aucun bénéfice pertinent pour la santé qui soit associé à la circoncision. Aucune association médicale dans le monde ne recommande la circoncision de garçons en bonne santé. En revanche, plusieurs se prononcent contre. L’année dernière, j’ai pris l’initiative de rédiger cet article avec 37 autres professeurs et consultants de 17 pays européens et du Canada. Nous rejetons les mythes pauvrement étayés concernant les bénéfices pour la santé, mythes propagés par les pédiatres américains pour faire du profit.

Sept minutes ne permettent pas un examen minutieux de toutes les complications qui peuvent survenir. Une étude du Rigshospitalet (Hôpital du Royaume danois) datant de 2013 a montré que lorsque la circoncision non thérapeutique est pratiquée au Danemark par des chirurgiens pédiatres expérimentés, 1 garçon sur 20 souffrira d’une complication non négligeable. Dans les pays où les garçons subissent une circoncision de routine, d’énormes sommes d’argent sont dépensées pour les circoncisions elles-mêmes ainsi que pour les opérations qui en découlent, afin de réparer les dommages causés. Dans un hôpital universitaire de Boston, les chirurgiens pédiatres passent 5 à 7% de leur temps en bloc opératoire à réparer des circoncisions ratées. Entre 10 et 20% des garçons circoncis à la naissance développent un rétrécissement de l’ouverture de l’urètre (sténose du méat urinaire) qui requiert une intervention. Les garçons intacts ne développent presque jamais cette condition. Tous les garçons subissent une douleur plus ou moins importante pendant et après la procédure. De plus, ils perdent en sensibilité et sont exposés à des risques inutiles. Hémorragies, infections et sténose du méat sont fréquents, et d’autres problèmes désagréables, graves et mettant parfois la vie de l'enfant en danger peuvent survenir; toutefois, cela est heureusement rare. Des problèmes peuvent aussi bien survenir chez les jeunes garçons que chez les plus âgés – et aussi chez les hommes adultes et leurs partenaires. De nouvelles études montrent que de nombreuses femmes peuvent également être concernées par ces complications.

D’après le serment d'Hippocrate, les médecins ne doivent pas causer de douleur ou blesser d’autres êtres humains. Il s’agit d’un bon principe qui devrait être étendu à tout le monde, particulièrement lorsque l’on s’occupe des êtres les plus vulnérables: nos enfants. Cependant, lorsqu’il s’agit de la circoncision, que ce soit pour les garçons ou pour les filles, c’est exactement ce que le circonciseur fait. Il cause de la douleur et inflige un dommage physique irréversible au corps de l’enfant. Une blessure ouverte, douloureuse, ayant des conséquences à vie, lesquelles sont parfois graves. Cet été, un nouveau-né s’est retrouvé dans le coma à l’hôpital Hvidovre suite à une circoncision ratée, réalisée par un chirurgien à Copenhague. Mais la circoncision n’est pas principalement un problème de santé. C'est avant tout une question de droits humains, une question d’égalité des sexes et, enfin, une question judiciaire. J’espère sincèrement que vous prendrez sérieusement vos responsabilités et veillerez à ce que les futurs garçons bénéficient des mêmes droits à l’intégrité physique, psychologique et sexuelle que ceux qui furent accordés aux filles danoises en 2003. Je vous remercie de votre attention».

sexes.blogs.liberation.fr – 17/12/14



Cameroun : circoncision de tous les dangers, les urologues tirent la sonnette d'alarme

Toutes les semaines, le service urologie de l’hôpital central de Yaoundé accueille en moyenne 5 enfants afin de pratiquer des interventions réparatrices après une circoncision ratée. Les spécialistes s’inquiètent.
L’opinion a récemment été bouleversée par l’histoire de ce jeune garçon dont la mère a coupé la verge. La dame a dit qu’elle voulait se venger d’un père trop absent qui avait décidé de l’abandonnée pour ne s’occuper que de son fils. Après cet acte, la mère jalouse a été mise derrière les barreaux tandis que la jeune victime a été conduite à l’hôpital afin de bénéficier des soins réparateurs adéquats. Il ne risque plus la mort aux dernières nouvelles, mais est désormais obligé d’uriner grâce à une sonde. Autre conséquence à long terme: il n’aura jamais le plaisir de faire l’amour à une femme par voie de coït.
Voilà exactement le type de situation que les médecins de l’hôpital central de Yaoundé vivent plusieurs fois par semaine. La différence ici est que cela n’émeut personne. Les jeunes garçons qui arrivent dans les services d’urologie souffrent de complications faisant suite à une circoncision artisanale mal faite. Un problème de santé public contre lequel il faut trouver une solution selon la société des urologues qui s’est réunie ce 14 février 2015 à Yaoundé. Les patients consultés souffrent de saignements, des nécroses et de fistules urétrales. Dans ce dernier cas, les urines empruntent deux voies pour se frayer un chemin hors de la vessie. Un calvaire pour les jeunes victimes qui subissent pour ainsi dire les caprices et parfois l’ignorance des parents. Peut-on se passer de circoncision? Au vue des risques que charrie la pratique, l’importance de la circoncision peut être interrogée. Pourquoi faire courir à son fils le risque de se faire amputer la verge quand ce n’est pas nécessaire? Il faut reconnaître que toutes les cultures n’intègrent pas la circoncision comme une nécessité absolue. Cependant dans une grande partie des sociétés négro-africaines, il s’agit d’une borne esthétique, éthique et sociale cardinale. Il faut se faire couper le prépuce pour devenir un homme. L’affaire a différentes acceptions. Ici il s’agit d’une sorte de baptême, là-bas on parle de rite de passage de l’enfance à l’âge adulte. Une fois n’est pas coutume, la science apporte du crédit à ceux qui pratiquent la circoncision. L’OMS considère depuis près de 20 ans que la pratique de la circoncision réduit les risques d’être infectée par le VIH chez le sujet masculin. Le docteur Junior Mékéné, urologue à l’hôpital central présent lors de la rencontre précise par ailleurs que les nourrissons sont les plus exposés aux complications. «Après une circoncision explique-t-il, il est recommandé que le pénis reste à l’air libre. Ce n’est pourtant pas le cas chez le nourrisson. L’usage veut que le nouveau-né reste toujours couvert et en plus il doit être muni de couches». Il arrive alors que l’orifice de la verge soit obstruée et que le bébé soit obligé de faire un effort pour se soulager. Conséquence, ses urines sont teintées de sang.

La société des urologues du Cameroun précise en outre que la circoncision est une opération chirurgicale qui nécessite une grande précision. Elle ne doit pas être faite par du personnel non compétent. Un fait que les parents ne semblent pas toujours prendre en compte. Au-delà de la douleur et des dépenses que peuvent occasionner des interventions réparatrices, les spécialistes disent que les opérations les plus complexes peuvent conduire à l’amputation complète et totale de la verge. Une éventualité qui a malheureusement tendance à se banaliser non seulement à l’hôpital central de Yaoundé mais dans le reste du pays.


237online.com – 15/02/2015



Toulouse: plainte des parents après le décès d'un bébé opéré des amygdales

Un enfant de deux ans est décédé le 7 février dernier après une banale opération des amygdales, à l'hôpital Pierre-Paul Riquet de Toulouse. Selon l'avocat de la famille, qui a décidé de porter plainte auprès du parquet de Toulouse pour «homicide involontaire», l'équipe médicale n'aurait pas dit toute la vérité aux parents. Les parents, effondrés après le décès de leur enfant a priori en bonne santé, se demandent encore, dix jours après, comment une opération qualifiée de banale par le corps médical a pu être fatale. «La volonté des parents, c'est de savoir pourquoi les médecins et les infirmiers qui étaient présents dans la salle de réveil au moment où cet enfant vomissait du sang, et qu' il y avait forcément une hémorragie, n'ont rien fait ? raconte l'avocat de la famille, Philippe Courtois. «Les parents ont été mis à l'écart  de la totalité des soins. On a laissé cette maman seule avec son enfant dans les bras, ses vêtements tâchés de sang, et on lui a dit  «tout va bien se passer». On leur a menti du début à la fin», estime encore l'avocat.
Après l'opération, l'enfant, prénommé Aymen, saignait de façon abondante d'après la plainte déposée par la famille. A ce moment-là, le personnel médical a juste tenté de rassurer la mère en lui disant que ces saignements allaient cesser. La famille a par ailleurs expliqué que les médecins lui ont fait croire que leur enfant «dormait» en salle de repos, avant d'admettre qu'il était plongé dans le coma, qu'il avait fait un arrêt cardiaque en salle d'opération et qu'il était en état de mort cérébrale.

L'hôpital Pierre-Paul Riquet a reconnu les faits et expliqué qu'une enquête interne sur les circonstances de la mort du petit garçon était en cours. Par ailleurs, une enquête préliminaire devrait être rapidement ouverte par le parquet.

leparisien.fr – 17/02/2015



Mort d'un enfant à Metz: présomption d'erreurs en série

Le décès de Corentin, 11 ans, lors d’une opération de l’appendicite, pose de nombreuses questions. Mauvaise indication thérapeutique, mauvais jour, mauvais geste chirurgical, mauvais relais et, au final, un enfant qui meurt. Une catastrophe chirurgicale est rarement liée à un seul fait, mais bien souvent la résultante d’une série d’éléments.

L’histoire tragique de Corentin, ce garçon de 11 ans, mort des suites d’une opération ratée de l’appendicite à Metz, le montre lourdement. C’est aussi le constat qu’il n’y a pas de petite chirurgie. «Une opération, même présentée comme banale, peut déraper», insiste un grand chirurgien hépatique. D’abord, un rappel. Partout, dans tous les pays occidentaux, les opérations de l’appendicite diminuent. Alors qu’hier, devant la moindre douleur abdominale sur un enfant, on opérait, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et la France confirme cette tendance: 83000 appendicectomies en 2010 contre 300000 en 1990. Les médecins français restent toutefois assez interventionnistes. Ils en pratiquent encore 140 pour 100000 habitants par an. Et environ 15000 opérations de l’appendicite sont inutiles. De plus, preuve du caractère aléatoire de cette opération, leur fréquence est variable d’une région à l’autre. Dans un tiers des départements français, en Charente ou dans la Creuse notamment, la probabilité de se faire opérer de l’appendicite avant 20 ans est deux fois plus élevée qu’à Paris. Dans le cas de Corentin, selon les éléments de l’enquête, l’urgence de l’intervention comme l’indication ne paraissent pas évidents. Ce samedi 1er novembre, Corentin vient, en effet, de passer la nuit à la clinique Claude-Bernard. Malgré la prescription du radiologue, qui l’avait renvoyé chez lui la veille avec un simple traitement pour ses douleurs à l’abdomen, les urgences pédiatriques choisissent, sur avis d’un chirurgien, de le garder et de l’opérer sur le champ. Les jours fériés, comme les week-ends, ne sont pas les journées les plus performantes dans les établissements de soins. Le personnel est, souvent, moins présent. Statistiquement, les incidents sont plus fréquents ces jours-là. Dans ce drame, pourquoi le chirurgien, un samedi 1er novembre, décide-t-il néanmoins d’opérer, alors qu’il n’y a apparemment aucune urgence? Est-ce afin de remplir un planning ou cela se justifiait-il? La question se pose ouvertement.

Que s’est-il passé durant le début de l’intervention? Selon ses parents, le samedi matin, vers 9 heures, Corentin manifeste un peu de douleur à la palpation du chirurgien. Sa mère prépare elle-même l’enfant, lavant son corps à la Bétadine. Et Corentin part au bloc. Là, le chirurgien, qui pratique l’intervention par cœlioscopie, aurait touché l’aorte abdominale avec le trocart, un instrument chirurgical qui se présente sous la forme d’une tige cylindrique creuse, pointue et coupante à son extrémité. Et il aurait provoqué, de ce fait, une première hémorragie. Ce type d’incident n’est pas fréquent, mais il est répertorié dans la littérature médicale : il suggère une maladresse du praticien. On ne sait pas grand-chose de celui-ci. Ces dernières années, il a travaillé successivement - et parfois en même temps - à Nancy, Bar-le-Duc, Lunéville mais également en banlieue parisienne, comme l’a détaillé Le Républicain lorrain. Praticien à Metz depuis plusieurs années, il est publiquement soutenu par l’hôpital où il opère en libéral. «Je refuse qu’on fasse de lui le fautif, qu’on le stigmatise. Chaque chirurgien prend un risque à chaque fois qu’il commence une intervention», a insisté le directeur de la clinique.

Que se passe-t-il, ensuite quand les choses commencent à déraper? A quel moment le chirurgien s’en rend-il compte? Ce type d’hémorragies est, la plupart du temps, rattrapable. A l’évidence, le chirurgien se sent dépassé. Logiquement, il appelle un collègue pour l’aider. Ce second chirurgien arrive, mais au bout de combien de temps? Il faut se souvenir que l’on est un jour férié. Et selon Le Républicain lorrain, ce deuxième chirurgien serait intervenu, mais aurait touché le foie. Un troisième chirurgien serait ensuite venu à la rescousse. Le parquet comme la police judiciaire de Metz, en charge de l’enquête, n’ont pas confirmé toutes ces informations. Mais on pressent que c’est la succession d’événements qui a rendu possible cette mort révoltante.

liberation.fr – 13/11/2014



Cologne: Marilyn Milos à la manifestation contre la circoncision du 7 mai 2015


https://youtu.be/VR4QLB6qRPs

mogis-verein.de – 15/06/15

Article 222 est publié par l'Association contre la Mutilation des Enfants

AME BP 220, 92108 Boulogne cedex – 2e trimestre 2015





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