Article 222
Journal pour les Droits de l’Enfant
N°41
1er trimestre 2010
http://www.enfant.org
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________________________________________________________________
De: com@novartis.com
Re: prépuces utilisés
dans la fabrication de bande de peau ?
Chère Madame,
En 2002, Novartis a
rétrocédé à la société Organogenesis
les droits d'exploitation
et de distribution d'Apligraf,
laquelle avait développé
initialement ce produit.
Je vous invite à visiter
la page
http://www.organogenesis.com/
Bien cordialement,
Patrick Bonduelle
Directeur relations extérieures
Novartis Pharma S.A.S
2,4 Rue Lionel Terray
92500 Rueil-Malmaison
_____________________________________________________________
REVUE DE PRESSE
Sommaire
:
Peaux humaines garanties d'origine
embryonnaire
Sida, la bataille de
la circoncision
Circoncision à la
chaîne
Sida: des autorités veulent réintroduire la
circoncision chez les Zoulous
Operation
Abraham Coming to America?
Fortunes from foreskin
Excision, circoncision : le
pouvoir des hommes sur l’enfant !
La circoncision de
l’enfant est-elle contraire au droit français ?
Les
circoncisions rituelles illégales
La persistance des mutilations
sexuelles
3 questions à
Catherine Devoldère à propos
de la Convention Internationale
des Droits de l'Enfant
La pharmacie, royaume de la publicité
mensongère
Peaux humaines garanties d'origine
embryonnaire
C'est une première d'importance: créer de la peau
humaine en laboratoire à partir de cellules provenant d'embryons humains
détruits dans les premiers jours suivant leur création par fécondation in vitro.
On peut le dire autrement. Un groupe de biologiste français vient d'annoncer
dans les colonnes du
Lancet
avoir
mis au point un procédé permettant de créer une forme de substitut cutané à
partir de cellules souches embryonnaires humaines. Selon ces chercheurs, dirigés
par le Dr Christine Baldeschi ce procédé pourrait bientôt avoir une application
thérapeutique en permettant notamment d'améliorer la prise en charge des grands
brûlés et des personnes souffrant de maladies gravissimes de la peau.
Depuis plus de 20 ans le
traitement des grands brûlés a bénéficié des progrès majeurs (et
trop méconnus) accomplis en matière de thérapie cellulaire avec
la mise en culture des propres kératinocytes des malades, de
leur « expansion » in vitro suivie de la greffe des surfaces
parfois très importantes des tissus cutanés ainsi obtenus en
laboratoire. Kératinocytes? On désigne ainsi les cellules
qui constituent 90% de l'épiderme (couche superficielle de la
peau) ainsi que des ongles, des cheveux des poils (et, dans
d'autres espèces, des plumes et des écailles). Ces cellules ont
-d'où leur nom- pour propriété de synthétiser la kératine, une
protéine fibreuse et insoluble dans l'eau, qui permet à la peau
d'être imperméable et d'assurer la protection de l'organisme
vis-à-vis de l'extérieur. Ajoutons que les kératinocytes sont en
perpétuel renouvellement voyageant progressivement, en un mois,
des couches inférieures de l'épiderme vers les couches
supérieures avant de former une couche protectrice de cellules
mortes bientôt éliminées.
La fabrication de peau à partir de la mise en culture de cellules cutanées des
grands brûlés a permis d'obtenir des résultats souvent thérapeutiques
spectaculaires. Mais elle se heurte encore souvent aux délais nécessaires pour
obtenir suffisamment de tissus cutanés pour recouvrir les lésions: une période
généralement de trois semaines durant laquelle les patients sont exposés à des
risques infectieux et de déshydratation. « Une peau décellularisée provenant de
personnes décédées peut être utilisée comme substitut durant cette période mais
les ressources sont ici limitées et le tissue est souvent rejeté par l'organisme
de la personne ainsi greffée » résume The Lancet. Pour tenter de fournir
une solution à ce problème thérapeutique on a cherché à développer des sortes de
matrices synthétiques inertes ou bio-synthétiques. Mais, souligne encore The
Lancet, ces substituts n'ont pas, chez les grands brûlés, permis de
remplacer la peau de personnes décédées compte-tenu des risques de rejet et de
ceux de transmission de pathologie du fait de la présence de protéines (du
collagène) d'origine bovine. C'est dans ce contexte que s'inscrit le travail
prometteur des chercheurs français. Ils expliquent, preuves à l'appui, avoir
réussi à développer une nouvelle technique de fabrication de peau à partir de
cellules souches embryonnaires humaines transformées in vitro en kératinocytes.
Pédagogues, les auteurs rappellent que les cellules souches embryonnaires
humaines offrent l'avantage de pouvoir se multiplier de manière indéfinie et
qu'il est possible d'obtenir in vitro leur différenciation dans tous les
phénotypes cellulaires de l'organisme.
Les mêmes
auteurs soulignent aussi que le développement des travaux dans ce domaine est
suffisamment rapide pour que la Food and Drug administration américaine
vienne d'autoriser un premier essai clinique chez des personnes souffrant de
lésions traumatiques de la moelle épinière. Les chercheurs français ont ici
travaillé à partir de deux lignées de cellules souches embryonnaires obtenues
après destruction d'embryons humains et connues sous les dénominations de SA01 (Cellartis,
Götenborg, Suède) et H9 (Wicell, Madison, USA) et cultivées durant 40
jours. Les différents « ingrédients » moléculaires du milieu de culture et une
série de manipulations ont permis d'obtenir progressivement la transformation de
ces cellules en kératinocytes; et les chercheurs expliquent d'autre part avoir
pu établir que ces mêmes kératinocytes ont, au final, la capacité fonctionnelle
in vitro et in vivo de «construire» un épiderme humain. Les cellules de peau
ainsi obtenues ont été «semées» sur une matrice artificielle reproduisant les
différentes strates d'un épiderme. Des greffes de cette construction cellulaire
out ensuite été faite chez des souris immuno déprimées démontrant, au bout de 12
semaines toutes les similitudes existant avec une peau humaine mature (…).
Jean-Yves Nau – slate.fr - 20/11/09
Sida, la bataille de
la circoncision
Dans la galaxie des chercheurs travaillant sur le sida, Bertrand Auvert est de
ceux qui suivent leur chemin, envers et contre tous. C’est ainsi qu’il est
arrivé à Orange Farm, township à 30 km de Johannesburg, en Afrique du Sud. Dans
ce quartier pauvre de 400 000 habitants, il mène une des actions les plus
originales dans la lutte contre le sida: un plan massif de circoncision.
Objectif: amener des dizaines de milliers de jeunes adultes à accepter cette
opération qui porte atteinte à l’organe le plus intime, et cela au nom de la
prévention contre une infection dévastatrice. Du jamais vu dans l’histoire de
l’humanité, et de la médecine. De la folie? Nullement. Le programme conduit par
Bertrand Auvert est la suite logique d’une série d’études épidémiologiques
françaises et américaines. Publiées ces 5 dernières années, discutées par une
communauté médicale d’abord sceptique, elles ont démontré que le risque d’être
infecté par le VIH est plus faible de près de 60% chez les hommes circoncis.
L’ablation du prépuce n’est pas une panacée, mais elle offre une protection non
négligeable, deux fois plus grande que le vaccin dont les résultats ont été
publiés le 23 septembre. Juste à l’entrée du township qui s’étend sans fin, un
des rares bâtiments de 2 étages a été transformé en Male Circoncision Center:
1 salle, 6 box, 3 de chaque côté, séparés par des tentures de toile bleue. Dans
chaque box, sur une table, un kit à usage unique spécialement conçu pour le
programme. Gestes mécaniques, banals. En 8 mois, plus de 11000 circoncisions y
ont été pratiquées. Ce matin-là, il y a du monde devant le centre. C’est au tour
de Roger. Il a 17 ans, fait le fier et répète d’une voix incertaine «oui, oui
ça va». Il est allongé dans un des box. «C’est l’affaire de 10 à 15
minutes», précise, tout sourire, Bantu Mupomba, médecin congolais. A l’aide
d’un appareil d’électrocoagulation, le médecin fait des petites sutures. Le
pansement, ensuite. Roger fixe toujours le plafond. Opération terminée. Il se
lève. «Et ensuite, pas de relations sexuelles avant 6 semaines», lui
répète l’infirmière. Il acquiesce en silence. La consigne est cruciale: tant que
la cicatrisation n’est pas parfaite, le risque d’attraper le virus lors d’un
rapport avec une femme infectée est, au contraire, très important. Dehors, dans
la cour, une dizaine de jeunes attendent. «L’opération est une chose, mais il
y a tout le reste: l’information en amont», commente Bertrand Auvert. Plus
de 70 personnes y travaillent, dont Pulami. Sa mission? Convaincre de
l’importance de la circoncision. Elle visite un par un les maisons et les
baraquements du township. «En moyenne, j’en fais 30 par jour, dit-elle.
Ça se passe bien, je n’ai jamais vraiment rencontré d’opposition. Parfois,
des gars me disent: "C’est pas avec une fille que je veux parler de ces
choses-là".» Pulami connaît son texte par cœur. Quand elle entre dans une
maison, elle s’adresse d’abord à la mère: «Vous savez ce que c’est la
circoncision? Vos enfants sont-ils circoncis? Et votre mari?» Pulami martèle
le message: «La circoncision est un plus, elle réduit le risque d’être
contaminé par le virus du sida. Mais attention, elle ne le fait pas disparaître.
Il faut donc toujours mettre un préservatif.» «Ça marche, on y arrivera»,
répète Bertrand Auvert. A 58 ans, il est l’homme-orchestre de ce programme, mené
avec un médecin sud-africain. Voilà plus de 10 ans qu’il travaille sur le sujet.
10 ans de polémiques, de recherches patientes. Professeur de santé publique à
l’université de Bordeaux, il est devenu un activiste de la circoncision. «Ce
n’était pas, loin de là, mon objectif, mais c’est ainsi. Quand on parle de
circoncision, tout devient irrationnel. Il a fallu que je me batte.»L’idée que la circoncision puisse conférer une protection, fut-elle partielle,
contre le VIH, a surgi en 1999 lors d’une rencontre à Lusaka, en Zambie. Une
étude réalisée sous l’égide d'Onusida tentait alors de répondre à une question
troublante: pourquoi les grandes villes africaines connaissent-elles des taux de
séropositivité très différents? De juin 1997 à mars 1998, on avait comparé les
taux de prévalence dans 4 grandes villes. 2 à très forte contamination, Ndola en
Zambie (près de 23% des adultes de plus de 15 ans sont contaminés) et Kisumu au
Kenya (20%). Et 2 autres faiblement frappées: Cotonou au Bénin (3%) et Yaoundé
au Cameroun (4%). 1er constat de l’étude: «Les différences de prévalence ne
peuvent pas résulter de variations de comportements sexuels.» 2ème constat:
les types de virus en circulation n’expliquent pas les variations. Et enfin, est
apparu le facteur circoncision: «Dans les 2 villes de faible prévalence,
pratiquement tous les hommes sont circoncis», ont noté, avec surprise, les
chercheurs. «Dans cette étude, je travaillais sur la collecte des données, se
souvient Bertrand Auvert. Les résultats m’ont passionné et je n’ai pas voulu
lâcher.» A l’époque, la nouvelle avait été accueillie avec scepticisme. Il
décide de se consacrer presqu’à plein temps à la question. Mais rien n’est
simple. Il doit d’abord trouver un terrain d’études. Il repère un township de
Johannesbourg, Carltonville, vaste quartier d’anciens mineurs. «J’avais des
contacts, on s’y est mis. On a rencontré tout le monde. Notre idée était de
comparer un groupe d’hommes qui accepteraient d’être circoncis avec un groupe
témoin non circoncis.» L’essai est mené de 2003 à 2005 sur 3000 hommes. Au
printemps 2005, coup de tonnerre. Les deux contrôleurs indépendants de l’essai
demandent son arrêt. «Les résultats intermédiaires sont trop significatifs.
Il y a 60 % d’infections en moins dans le groupe circoncis, on ne peut pas faire
courir ce risque à l’autre groupe», disent-ils à Bertrand Auvert. Ces
résultats, publiés, sont confirmés par deux autres études menées par des
chercheurs américains: le risque d’être contaminé, lorsqu’on est circoncis,
chute bien de moitié. Comment expliquer ce phénomène? La circoncision est, de
longue date, réputée protéger de certaines infections bactériennes, une vertu
plus ou moins fondée. Mais comment peut-elle faire barrage à l’infection par un
virus connu pour ne se transmettre que par le sang, le sperme, et de la mère à
l’enfant? «Nous avons des hypothèses, argumente Bertrand Auvert. D’abord, la face interne du prépuce est une muqueuse très fine, très perméable,
qui peut retenir le VIH contenu dans les sécrétions vaginales. Elle peut ainsi
être une porte d’entrée pour le virus.» D’autre part, « un pénis circoncis
sèche très rapidement après un rapport sexuel. Or, le VIH est fragile à la
dessiccation ». Mais ce ne sont que des hypothèses … « D’accord, mais
pourquoi refuser les faits? » répond le chercheur agacé. Face aux polémiques insistantes, Bertrand Auvert décide de poursuivre, à plus
grande échelle et dans une relative discrétion. «On me disait que c’était
impossible, que je ne comprenais rien aux facteurs culturels de la circoncision.
Les associations occidentales de lutte contre le sida m’attaquaient, disant
qu’on ne s’occupait que des hommes alors que l’urgence serait de protéger les
femmes. Heureusement, nous avions le soutien des activistes sud-africains,
se souvient-il. Mais ce n’était pas simple: comment lancer des programmes
massifs de circoncision dans des pays où les systèmes de santé ne sont pas à
même de les conduire dans de bonnes conditions?» C’est ainsi que lui et son
équipe décident de quitter Carltonville pour travailler à Orange Farm, un
township où 1 personne sur 5 est touchée par le virus. «Ma hantise,
raconte-t-il, c’était qu’il se révèle ensuite que les gens circoncis
s’infectent encore davantage.» Les études s’annoncent d’autant plus
délicates que la circoncision est un mot sujet à malentendus. A Orange Farm, 30%
des hommes se disent circoncis alors que seuls 15% le sont. C’est qu’il existe
localement un rite d’initiation qui consiste à pratiquer une petite coupure sur
le prépuce des jeunes de 15 ans. Bon nombre d’hommes tiennent cela pour une
circoncision… Après des centaines d’enquêtes locales, de réunions, de
discussions des données, et après avoir obtenu l’accord de toutes les autorités
médicales et éthiques du pays, ils mettent au point un protocole de soins. Le
jeune doit signer un consentement, dûment éclairé. S’il a entre 14 et 18 ans, il
faut l’accord des parents. On lui répète qu’il ne devra en aucun cas avoir le
moindre rapport sexuel dans les six semaines après son opération. Et on lui
donne quelques jours pour réfléchir.
Le programme est lancé fin 2008 avec un financement de l’ANRS (Agence nationale
de recherche sur le sida) de 3,6 millions d’euros. Objectif: circoncire 25000
jeunes adultes. «On a fait le plus dur, répète Bertrand Auvert. On a
montré qu’une campagne massive de circoncision était possible. Mais il faut
continuer à communiquer.» Dans l’unique avenue goudronnée du township passe
un camion: 5 jeunes dansent sur le véhicule, lançant des tracts. «On utilise
tout ce qu’on peut: radio, porte-à-porte, soirées, journaux, stands. On me dit
que je suis fou. Ce qui était fou, c’était de ne rien faire.» Courant 2010,
l’objectif des 25000 devrait être atteint. Et deux autres programmes de
circoncision de masse sont en cours, en Ouganda et au Kenya, menés par des
équipes américano-africaines, avec le soutien de l’OMS. Après? Il faudra voir
si, dans quelques années, le sida a reculé à Orange Farm et dans toutes les
zones circoncises.
liberation.fr – 19/10/09
Circoncision à la
chaîne
Placés devant le fait que la circoncision réduit les risques de transmission du
sida de 60 %, la Fondation Bill et Melinda Gates a financé une première! Plus de
600 000 hommes se feront offrir une circoncision gratuite en Zambie et au
Swaziland. D’autres programmes du genre avaient obtenu un succès ces dernières
décennies en Afrique, mais jamais à une pareille échelle.
Agence Science-Presse – 02/07/09
Sida: des autorités veulent réintroduire la
circoncision chez les Zoulous
Deux responsables sud-africains entendent
réintroduire la pratique de la circoncision chez les Zoulous qui
l'avaient abandonnée il y a deux siècles, dans le but de limiter
la propagation du sida, rapporte dimanche l'agence Sapa. "Dans
le contexte de la lutte contre le VIH et le sida, j'ai
l'intention de réintroduire la pratique de la circoncision des
jeunes hommes", a déclaré samedi le roi zoulou Goodwill
Zwelithini lors d'une fête traditionnelle. Le chef de
gouvernement de la province du KwaZulu-Natal, Zweli Mkhize, a
précisé dimanche être en discussions avec le roi pour définir
les modalités pratiques de cette décision.
"La
circoncision nous aidera à lutter contre la pandémie mais elle
n'est pas suffisante en elle-même pour empêcher la propagation
des maladies sexuellement transmissibles", a-t-il toutefois
souligné.
Les
Zoulous, la principale ethnie sud-africaine, pratiquaient la
circoncision rituelle jusqu'au début du 19e siècle. Le
légendaire roi Shaka avait alors décidé d'y mettre un terme
parce qu'elle le privait pendant des mois des jeunes hommes
nécessaires à la constitution de son armée. Selon plusieurs
études, la circoncision divise au moins par deux les risques
pour les hommes de contracter le virus du sida. Depuis 2007,
l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande d'inclure
la circoncision parmi les stratégies de prévention du sida afin
de limiter la transmission du VIH par une femme à un homme.
AFP -
07/12/09
Operation
Abraham Coming to America?
In
late August, the Centers for Disease Control and Prevention gathered hundreds of
scientists and public health professionals in Atlanta for its biannual
conference to discuss the issue of HIV prevention. One presentation, delivered
by an Israeli doctor, managed to catch more media attention than any other, and
to trigger the ire of a group of impassioned activists. Dr Inon Schenker’s
proposition came in the form of a controversial question: Why not bring mass
adult male circumcision to the Hispanic and African-American communities of
America? Schenker represents Operation Abraham, a group of Israeli doctors who
gained expertise in circumcision by performing the procedure thousands of times,
quickly and safely, on Russian-Jewish men who were raised outside Jewish
tradition and immigrated to Israel in the 1990s. Once evidence from clinical
trials in Africa proved that circumcision could cut down heterosexual HIV
transmission by as much as 65%, the Israeli doctors took their knowledge and
innovative technique to Swaziland in southern Africa, where they began a pilot
program last year. Now, Schenker thinks, America’s
at-risk populations should be next. On a recent afternoon, Schenker, a
ruddy-faced and gregarious man, fresh from his presentation at the conference,
sat down in a midtown Manhattan Starbucks and discussed the idea behind his
project. He said he sees himself as a matchmaker.
“What
clicked for me was bringing together the necessity of HIV/AIDS prevention with
an Israeli expertise that is unprecedented. Our doctors had circumcised over
80,000 men [in Israel] in a very short time.”
Schenker’s
American proposal came after the CDC announced last year that it was planning to
fund a demonstration project in two community clinics that would, according to
the CDC, “offer
further insight into the feasibility and uptake of male circumcision among adult
high-risk heterosexual males.” “When
this information reached us in Jerusalem, we said, hey, America has decided to
move into adult male circumcision. Bravo,”
Schenker said. “Could
we support this effort in any way”
The resulting abstract, which he presented in Atlanta, proposes to help train
American doctors in much the same way as was effective in Swaziland: by working
side by side and showing them how to circumcise efficiently. The innovation
creates what Schenker called an “assembly
line”
technique, working in a team, using only local anesthesia and perfecting a
“clamp”
method of foreskin removal that uses forceps. The Israeli doctors boast that
they are able to perform 30 or 40 circumcisions a day. There are indications
that Schenker might be getting ahead of himself. Though the CDC is pursuing the
demonstration project, it has yet to fund it. And in an e-mail to the Forward,
officials from the Atlanta-based agency also emphasized that they have
“no
current partnership with Operation Abraham”
and that they are “not
planning any CDC-led mass circumcision activities in the U.S. similar to what
Operation Abraham has experience with.”
Another problem is that the overwhelming majority of HIV transmission in the
United States is between men who have sex with other men. Circumcision has not
been proved to make any difference in these cases. Still, Schenker thinks he and
his fellow doctors can save thousands of lives by helping prevent heterosexual
transmissions. He pointed out that American taxpayers are currently funding
adult male circumcision in Africa: Out of the nearly $50 billion approved last
year by Congress for HIV/AIDS prevention and treatment in the continent, $17
million was set aside for such projects. And yet, a real debate had not been
held in the United States about the benefits of the procedure. He wants to help
start one. At the conference, Schenker was met with hostility from some
quarters. A fervent movement exists in the United States that opposes
circumcising infants. People who call themselves
“intactivists”
had a strong presence, and even though Operation Abraham is focused on adult
circumcision, Schenker said he was targeted.
“They
were very aggressive in their response,”
Schenker said. “I
think they’ve
done a bad job for their case. If you have an argument, state it; let’s
discuss. If you have an emotional agenda, you don’t
bring it into a scientific conference. You bring it to the newspapers, you put
it in blogs. But not in a scientific conference. Science is science. Base
yourself on evidence.”
David Wilton is a San Francisco-based lawyer who maintains a blog, Male
Circumcision and HIV, that is widely read by intactivists. His only explanation
for Operation Abraham’s
motives is a cynical one: “It’s
an effort to gobble up HIV-AIDS funds that is going into prevention efforts.”
The other difficulty Schenker must confront arises from taking a technique that
was perfected while performing circumcisions for religious purposes and applying
it to health needs. He sees this as “the very essence of
innovation, the ability to take something that was closed within the religious
domain and bring it to the outer world.”
But others, Schenker acknowledged, could be led by
“ignorance
or cruelty or antisemitism”
into assuming that his group had some kind of missionary motive. The name,
Operation Abraham, doesn’t
help. Schenker said that there were internal debates about whether to change it.
“Perhaps
those who are not very, very versed in history and the Bible could misinterpret
the name to relate to one religion or two religions or religion in general,”
he said. But for him, Abraham is not referenced as a religious figure so much as
“the
first surgeon who circumcised not only himself, but his two sons.”
The blurring of these lines might create problems for Schenker and his venture.
Eli Ungar-Sargon, a young filmmaker who was raised Orthodox but has made a
documentary film Cut, that questions the practice of circumcision, wondered if
the two motivations, health and religious, were actually more intertwined.
“There
has always been this subterranean desire to demonstrate the relevance of our
traditions”
Ungar-Sargon said, referring to the Jewish community,
“whether
it’s
saying that eating kosher is healthy or the prohibitions around sex during a
woman’s
menses is healthier. This sort of logic comes from a place of apologetics, and
it’s
a very disturbing thing to me. It’s
also a very weak argument.”
Schenker doesn’t
think so. To him, the focus on Operation Abraham’s
Jewishness or Israeliness is unfair and a distraction.
“If
I was a New Zealander who for some historical reasons had identified that dozens
of his countrymen were surgeons who had an experience with circumcision that no
other country had, you would have no problem by saying New Zealanders are coming
to teach Americans this helpful technique,”
Schenker said. “That
would flow without any reaction or emotion whatsoever. So what can we do that
the country with that skill happens to be Israel?”
forward.com - 09/09/09
Fortunes from foreskin
According to World Health
Organisation estimates, 30% of the world males are circumcised - 70 % being
Muslim. After reports released by UNAids and the Centre for Disease
Control in 2007 that male circumcision significantly reduces the risk of
HIV/Aids transmission and infection, there has been a growing campaign to
promote the procedure, especially among communities that customarily shunned it.
But as the pro-circumcision campaign gains momentum and millions of males are
circumcised around the globe annually, the one question that is rarely asked,
where do all the foreskins go? Infact, when men and boys lose that small ring of
flesh in circumcision, the world gains. These gains range from the bizzare to
the purely scientific. Apparently, in some parts of Africa, the foreskin is
dipped in brandy and eaten either by the patient or circumciser. But the most
common method of disposal in the developing world where the practice is popular
is burying or feeding it to animals. In the West, where circumcision is being
challenged as being an unnecessary and painful process, the foreskin trade is
booming. Besides being an important ingredient of numerous consumer skincare
products and beta interferon-based drugs the prepuce is used in the production
of fibroblasts - skin cells used in regenerating new skin. Fibroblasts are the
agents behind the formation of elastin - a protein that allows the skin to snap
back to its original shape like a rubber band after being pulled or stretched
and hyaluronic acid, which locks moisture to keep the skin supple and plump.
Fibroblasts are used in all kinds of medical procedures from eyelid replacement
and growing skin for burn victims and patients with diabetic ulcers, to making
creams and collagens for the cosmetic industry. Using the culturing method, one
foreskin, which contains millions of fibroblast cells, can be used for decades
to produce miles of new skin. In fact, research shows that one foreskin contains
enough of this genetic material to grow 250000 square feet of skin. Hence, one
of these seemingly insignificant pieces of male genital flesh can generate
thousands of dollars in revenue over a period of time.
There is a preference
for infantile foreskins because, according to The Caltech
Undergraduate Research Journal, they have more potential for
cell division and a lower incidence of tissue rejection since
they have not fully developed their identifying proteins. At
birth, the inner lining of the foreskin (preputial epithelium)
is usually fused with the glands, which makes the procedure of
performing the cut among infantsprecarious. Although products
such as Gomco, Plastibell and Mogen, clamps and
rings have been developed to reduce the risk and pain of
circumcision in infants, critics argue that besides exposing the
baby to pain and possible permanent tissue damage, the procedure
is a also a violation of their human rights. But despite the
numerous campaigns to stop or ban infant circumcision, the
practice remains a norm in many parts of the world - ensuring
that baby foreskin, the most valuable raw material in the
foreskin industry, remains in constant supply. In Where is My
Foreskin? The Case Against Circumcision Paul Fleiss writes,
“Parents should be wary of anyone who
tries to cut their child’s foreskin
since the marketing of purloined baby foreskins is a
multimillion-dollar-a-year industry.”
And he has a point since Dermagraft-TC, a product grown
from cells found in infant foreskins and used as a temporary
wound covering for burn patients, sells for about 3000$ per
square foot. Patients with major burns require several square
feet. American profit-oriented tissue engineering corporations
like Organogenesis, Advanced Tissues Sciences,
BioSurface Technology, Genzym and Ortec International
received the approval of the US Food and Drug Administration
a few years ago to trade in foreskin-based products like
GraftskinTM (organogenesis.com). Besides developing
off-the-shelf cultured skin graft products that exhibit reduced
complications from blistering or scarring, the prepuce has also
been used, albeit sparsely, in reconstructive surgery of the
inner lining of the mouth. Intercytex, a tissue
generation company based in Cambridge, raised the foreskin
utility business several notches higher by developing an
injection-based drug called Valveta. Dubbed by one report
as “Fountain of youth in baby
foreskins,” Valveta
is a foreskin-derived skin treatment that rejuvenates and
smoothens skin withered by age, wrinkled or damaged by scarring
from acne, burns and surgical incisions.Each vial of Velveta,
enough for treating an area of skin almost the size of a postage
stamp, consists of about 20 million live fibroblasts, cells that
produce the skin-firming protein called collagen, which becomes
increasingly scarce with age. Going for about 1000$ per vial,
Velveta is not approved for use outside the UK where it was
introduced in June 2007 (…).
theeastafrican.co.ke - 10/08/09
Excision, circoncision : le
pouvoir des hommes sur l’enfant !
A en croire le dernier rapport de l’UNICEF
« plus de 70 millions de filles et de femmes ont subi des
mutilations génitales dans
28 pays d’Afrique, plus le Yémen ». Bien évidemment il faut
prendre ce chiffre pour un ordre de grandeur, comme le
révélateur de l‘ampleur d’une pratique qui perdure malgré les
résistances qui se font jour, non seulement dans les pays dits
occidentaux, mais également en Afrique. En majorité, sinon
unanimement, les Etats, la condamne désormais.
Pour
autant elle a la vie dure. Régulièrement certains lui donnent
une légitimité religieuse. Le Coran là encore à bon dos. Fort
heureusement une autre lecture des textes s’impose qui
n’autorise pas l’excision. Pour la communauté internationale ce
n’est pas la religion qui doit faire la loi, mais les normes
juridiques adoptées en commun.
En
l’espèce la Convention internationale sur les droits de l’enfant
du 20 novembre 1989 interdit, avec le langage diplomatique qui
s’imposait malheureusement, les atteintes à l’intégrité physique
d’un enfant qui ne soient pas justifiées par des raisons
médicales. « Article 24
3. Les Etats parties prennent toutes les
mesures efficaces appropriées en vue d’abolir les pratiques
traditionnelles préjudiciables à la santé des enfants. »
Et
force est de reconnaître que l’imagination humaine est fertile
pour asseoir la domination des hommes sur les femmes, des
adultes sur les enfants ou du groupe sur l’individu. On étire le
cou, on compresse les pieds, on introduit des choses dans le
vagin, on excise ou on circoncit, etc.. Bref, on marque
profondément ou d’une manière indélébile le corps de l’autre
pour bien montrer qu’il ne lui appartient pas. L’excision est
une véritable amputation de la femme avec le souci de l’empêcher
de jouir, ce plaisir devant être réservé à l’homme. Et c’est
réussi. Les femmes qui ont vécu cette atteinte criminelle la
supportent de moins en moins et dénoncent cette agression. Mieux
elles entendent retrouver leur intégrité corporelle et fort
heureusement la technique médicale le leur permet comme le
montrait remarquablement un reportage diffusé hier dans le
journal de France 2. Il faut s’en réjouir pour elles. Reste que
ce n’est pas une mince affaire pour chacune notamment sur le
plan psychologique sinon physique que de suivre ce parcours pour
retrouver leur plénitude; d’autant qu’il leur faut déjà
affronter leur famille. Elles font souvent le choix de ne rien
lui dire de cette reconstruction. Viendra surement le temps où
elles oseront mener le combat ouvertement. On doit le souhaiter.
En tout cas la génération précédente a su se rebeller et porter
plainte pour les violences subies ou demander de l’aide pour
éviter d’être excisées. La justice française a su les aider dans
les années 90 à travers des procès symboliques à fort
retentissement médiatiques tant ici qu’en Afrique. Des
exciseuses ont été condamnées, des parents parfois, à des peines
tournant autour de 5-6 ans de prison dont une partie ferme. Ces
procès d’assises par l’écho donné aux débats et aux
condamnations ont surement contribué à affirmer l’interdit. Bien
évidement ils n’ont pas suffit à eux seuls à empêcher de
nouveaux passages à l’acte, mais ils s’imposaient. Ils ont
relayé la résistance en Afrique et contribué à notablement
éradiquer le phénomène en France. Il est souhaitable que ceux
qui pratiquent ce crime à l’étranger, le laissent faire sinon y
incitent soient punis en France comme c’est le cas en matière de
violences sexuelles, qu’ils soient français ou étrangers.
L’ordre public français et l’ordre public international l’exige
plus que jamais au nom des droits humains.
A
destination de ceux qui pourraient pu être choqués que j’ai
inclus la circoncision dans la liste des mutilations sexuelles
condamnables je préciserai que je n’ignore pas que les
conséquences sur le plan de la sexualité sont d’évidence
différentes. De même il est acquis que la circoncision a pu
s’imposer dans le passé ou peut encore être nécessaire pour des
raisons médicales, mais pour la majorité des cas désormais il
n’en est rien : hors ces rares cas justifiés par la Faculté,
elle répond au souci des parents de « marquer » religieusement
leur enfant. En vérité, elle ne répond pas aux besoins de
l’enfant, mais à l’intérêt bien compris des adultes et ce point
de vue entre dans l’épure prévue par la Convention
internationale sur les droits de l’enfant.
Il serait temps d’avoir un débat public sur ce sujet pour ne pas
balayer que devant la porte des autres.
Jean-Pierre Rosenzweig, juge au TGI de
Bobigny
jprosen.blog.lemonde.fr - 21/10/09
La circoncision de
l’enfant est-elle contraire au droit français ?
C’est
de la lecture d’un billet de Jean-Pierre Rosenzweig que naît
cette interrogation. Évoquant le
rapport
2009 de l’UNICEF sur la situation des enfants dans le monde, il
rappelle la persistance du phénomène de l’excision et sa
contrariété au droit. Le texte s’achève sur une notule relative
à la circoncision : «A
destination de ceux qui pourraient pu être choqués que j’ai
inclus la circoncision dans la liste des mutilations sexuelles
condamnables je préciserai que je n’ignore pas que les
conséquences sur le plan de la sexualité sont d’évidence
différentes. De même il est acquis que la circoncision a pu
s’imposer dans le passé ou peut encore être nécessaire pour des
raisons médicales, mais pour la majorité des cas désormais il
n’en est rien : hors ces rares cas justifiés par la Faculté,
elle répond au souci des parents de “marquer” religieusement
leur enfant. En vérité, elle ne répond pas aux besoins de
l’enfant, mais à l’intérêt bien compris des adultes et ce point
de vue entre dans l’épure prévue par la Convention
internationale sur les droits de l’enfant.»
Écartons la réserve médicale ― faute de
compétence ― et allons voir là où la question de droit se pose.
Qu’en est-il de la circoncision pratiquée pour des raisons
rituelles ? Il ne fait guère de doute que l’ablation du prépuce
constitue une atteinte à l’intégrité du corps humain, ce que
l’article 16-3 du Code civil prohibe de façon stricte :
Il
ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en
cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre
exceptionnel dans l’intérêt thérapeutique d’autrui. Le
consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement
hors le cas où son état rend nécessaire une intervention
thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir.
La
lecture du texte impose l’interprétation : seule la nécessité
médicale ― ou l’intérêt thérapeutique d’autrui ― peuvent
justifier l’atteinte. Et encore faut-il obtenir le consentement
préalable de la personne.
On le voit, l’atteinte à l’intégrité du
corps humain est exclusivement circonscrite à la nécessité
d’ordre médical. Hors de cela, point de licéité, quel que soit
l’intérêt invoqué. Allons même plus loin. En tant qu’ablation
d’une partie du corps ― si minime soit-elle ― la circoncision
ressortit de la mutilation. Pratique pénalement punissable. Ce
sont donc des milliers de parents et de médecins qui devraient
se trouver devant les cours d’assises de France, risquant, c’est
selon vingt ou quinze années de prison sur le fondement de
l’article 222-9 du Code pénal. Oui mais voilà. Les choses ne
sont pas si simple. Tout d’abord, l’apparente rigueur de
l’article 16-3 du Code civil s’estompe lorsque l’on fait vaquer
son regard sur l’univers social. C’est que des milliers
d’atteintes à l’intégrité du corps se produisent chaque jour
sans que la société ne s’en émeuve. Voyez ces jeunes filles qui
se font percer les oreilles à l’orée de l’adolescence :
atteinte à l’intégrité du corps humain sans nécessité médicale.
Les mêmes qui, plus tard, adoptent un tatouage censé représenter
je ne sais quel caractère d’une quelconque langue exotique :
atteinte à l’intégrité du corps humain sans nécessité médicale.
Les même encore, qui, s’en vont réclamer un poitrine plus
opulente, un nez plus droit, des lèvres plus pulpeuses :
atteinte à l’intégrité du corps humain sans nécessité médicale.
Et il y a lieu ici de distinguer la chirurgie réparatrice
de la chirurgie dite “esthétique”. Vous me direz que
l’atteinte à l’intégrité était ici volontaire, alors
qu’il en va différemment de la circoncision de l’enfant.
Certes, mais la loi n’a fait de la volonté qu’une condition de
l’atteinte dans le cadre de la nécessité médicale. A elle seule,
la volonté de l’intéressé est impuissante à autoriser ce qu’une
règle d’ordre public interdit. Alors, illicites ces pratiques ?
Et hypocrite, le droit qui proclame l’intangibilité du corps ?
Pas exactement.
Si la loi prévient les atteintes à
l’intégrité du corps humain, il est des normes d’une autorité
supérieure qui peuvent les justifier. Ainsi, par exemple, du
droit au respect de la vie privée issu de l’article 8.1 de la
Convention européenne de sauvegarde des droits et des libertés
fondamentales, qui, par des détours que je vous épargnerai ici,
permet à l’individu d’exercer une certaine maîtrise sur les
éléments de sa personnalité. Et donc sur son corps. Tout est
affaire d’équilibre, il est vrai, mais le caractère bénin
de l’atteinte serait sans doute un critère, si l’affaire venait
en justice.
― Sans doute. Mais qu’en est-il de la
circoncision imposée à l’enfant pour des raisons religieuses ?
La question n’est pas simple.
La
loi reconnaît aux parents titulaires de l’autorité parentale un
droit à l’éducation qui emporte une part d’éducation religieuse.
Autrement dit, les parents sont fondés à élever leurs enfants
dans une confession religieuse, pourvu qu’ils ne compromettent
la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de leur enfant
mineur. Certes, la mise en œuvre de ce principe n’est pas des
plus simple. En effet, la divergence de culte des parents comme
la liberté religieuse de l’enfant ont vocation à se heurter
violemment ― et se résoudre au prétoire. Il semble admis, à cet
égard, que la circoncision doit être effectuée avec l’accord des
deux parents, et celui de l’enfant mineur lorsqu’il a “l’âge
et la maturité suffisante”.
A noter que si le juge estime qu’un double consentement doit
être donné, il admet la licéité de la circoncision. Pour le dire
vite, donc, la circoncision de l’enfant, atteinte à l’intégrité
de son corps, peut se fonder sur le droit ― fondamental ― à
l’éducation que peuvent exercer les parents, dès lors que sa
santé, sa moralité ou son éducation ne sont pas gravement en
danger. Jean-Luc Rosenzweig soulève pourtant un argument fort :
La circoncision
répond au souci des parents de “marquer” religieusement leur
enfant. En vérité, elle ne répond pas aux besoins de l’enfant,
mais à l’intérêt bien compris des adultes.
Il n’y a guère de doute que la
circoncision constitue un stigmate. Elle “marque” ; et ce fait,
témoigne d’une forme d’appartenance. Or, l’on peut
soutenir qu’en imposant une appartenance, elle porte atteinte au
principe de liberté des convictions religieuses. S’il est
loisible aux parents d’élever leur enfant dans un culte, il ne
leur est pas permis de l’y enfermer. A ce titre, la circoncision
semble heurter les limites de la conception française de la
religion. On pourra répondre, cependant, que la circoncision ne
fait nullement obstacle à l’exercice par l’enfant circoncis de
sa liberté religieuse. Car le droit n’impose nullement que l’on
obéisse à un stigmate physique. La liberté de conscience est un
postulat du droit qui s’oppose à l’idée d’appartenance
religieuse ― même de fait. Mais en réalité, c’est la seconde
proposition de Jean-Pierre Rosenzweig qui pose le plus de
problème. Dire que la circoncision répond à “l’intérêt bien
compris des adultes“, c’est contester la coïncidence de
l’intérêt de l’enfant et des parents en matière d’éducation. Les
parents estiment que la transmission de leur religion ― même
s’ils la conçoivent comme une appartenance ― constitue un
intérêt pour l’enfant. Et le droit libéral, dans sa grande
sagesse, préfère confier aux parents le soin de juger ce qui est
de l’intérêt de leur progéniture. Il n’appartient pas à l’État ―
à l’administration ― non plus qu’à la société ― au juge ― de se
substituer à eux pour ce faire. Sans doute la circoncision
relève-t-elle de l’intérêt des parents. Mais l’on présume que
cet intérêt se confond avec celui de l’enfant dans sa dimension
éducative. Reste, au bout du chemin, à revenir sur la
comparaison entre la circoncision et l’excision. Beaucoup les
rapproche, y compris les arguments tirés de la liberté
religieuse et de l’autorité parentale. On notera cependant que
l’excision ― l’ablation d’une partie du clitoris ― emporte des
conséquences sur la sexualité de la femme. Ce que l’on appelle “préjudice
d’agrément” en droit de la responsabilité civile. Il en va
différemment, à ma connaissance, de la circoncision.
dinersroom.eu - 22/10/09
Les
circoncisions rituelles illégales
Les chirurgiens
pratiquant des circoncisions rituelles sont menacés de faillite, de mesures
disciplinaires et même de prison! La plainte, d'un homme de 20 ans, circoncis à
la naissance, pourrait faire jurisprudence. La victime poursuit en justice un
généraliste encore en exercice dans le Grand Londres, pour dommages physiques et
psychologiques. Il prétend que sa circoncision sans nécessité médicale est une
mutilation. Son père l'a fait circoncire à sa naissance suivant ses croyances
religieuses. Aujourd'hui, il lui apporte son soutien. Pratiquer une intervention
chirurgicale sans le consentement de l'opéré peut être poursuivie devant les
tribunaux civils. L'opération forcée constitue aussi une violence qui peut être
poursuivie pénalement. Le plaignant est défendu par un cabinet d'avocats, un
urologue de premier plan,
l'Agence
de protection de l'enfance et
l'Organisation nationale des hommes restaurés après leur circoncision (NORM).Le porte-parole de
NORM, David Smith, a déclaré: «La chirurgie se définit comme le traitement
des blessures ou des troubles du corps. Si aucune blessure n'est présente, alors
ce n'est pas de la chirurgie. La circoncision est une mutilation. Il est
choquant que le National Health Service soit responsable de mutilations
d'enfants. Nous soutenons le droit de l'homme majeur à se faire circoncire, mais
pas pour un mineur. La circoncision des adultes est une opération simple qui
dure moins de 30 minutes sous anesthésie locale. Il n'y a aucune excuse pour
l'imposer de force aux enfants. De plus en plus de gens sont convaincus que le
seul moyen d'obliger les médecins à déposer leur bistouri est d'agir en justice.
Ce n'est pas une question d'argent, simplement protéger les futures
générations.» Certains médecins prennent jusqu'à 350 livres pour ce genre
d'opération. L'action judiciaire ne peut être activée qu'à partir de l'âge de sa
majorité. Un délai maximal de trois ans permet à la victime de déposer plainte.Le General Medical Council n'a pas pris de position
sur la circoncision rituelle des mineurs. Une porte-parole a déclaré: "nous
n'avons pas d'autorité suffisante pour déterminer une politique publique de
santé, ces questions éthiques doivent être débattues par l'opinion publique et
le Parlement." Katy Swaine, directrice de l'Alliance pour les Droits de
l'enfant: «le Comité des Nations-Unies pour les Droits de l'enfant
condamne la mutilation génitale féminine qui viole le droit des enfants. La
question de la circoncision masculine doit être examinée dans ce contexte. Le
National Health Service et les organismes professionnels doivent
apporter une réponse rapide». Un avocat conclut: «l'action contre le chirurgien entraînera surement des
dommages financiers plutôt que des poursuites pénales, mais la procédure est
complexe et rien n'est exclu. Ce genre de médecins agit au mépris du serment d'Hippocrate.
La plupart des urologues n'effectueront une circoncision que par nécessité,
comme pour toute amputation. Au final, les parents doivent donner leur
consentement, uniquement dans l'intérêt de l'enfant».
mirror.co.uk - 17/11/2009
La persistance des mutilations
sexuelles
Comparées aux garçons, les filles ne se
contentent pas de constituer la majorité des enfants
déscolarisés ; d'avoir un moindre accès aux soins médicaux ; de
risquer 2 à 4,5 fois plus qu'eux, à l'adolescence, d'être
infectées par le virus du sida en Afrique de l'Est et australe.
Elles sont aussi les seules à subir les mutilations génitales
féminines, parmi lesquelles l'excision, qui, dans de nombreux
pays d'Afrique et du Moyen-Orient, leur garantira de rester
pures et chastes jusqu'au mariage. Les enquêtes sur ces
pratiques s'étant multipliées depuis une dizaine années, on sait
aujourd'hui que ces dernières sont étroitement liées, bien plus
qu'à toute autre variable, à l'origine ethnique des populations.
Les efforts nationaux en faveur de leur abandon doivent donc
impérativement s'accompagner de mesures communautaires. «Il
faut mobiliser les chefs religieux et traditionnels, qui sont
très nombreux en Afrique de l'Ouest et dont la voix morale porte
très loin», précise Rima Salah, représentante de l'ONU pour
le Tchad et la République centrafricaine.
Dans les 28 pays d'Afrique (plus le Yémen)
où l'on dispose de données suffisantes, l'Unicef estime que plus
de 70 millions de jeunes filles et de femmes âgées de 15 à 49
ans ont subi des mutilations génitales. Environ 60 % d'entre
elles vivent en Afrique subsaharienne, 4 % au Moyen-Orient et en
Afrique du Nord. Ces pratiques ne reculent que lentement au fil
des générations : 38% des 15-19 ans ont été excisées, contre 47%
des 30-34 ans et 52% des 45-49 ans. Des disparités n'en sont pas
moins observées dans certains pays, en fonction notamment du
lieu d'habitation et du niveau d'éducation des parents. En
Egypte par exemple, où une enquête nationale menée en 2008
indique que 75% des filles de 15-17 ans ont subi une mutilation
génitale, l'incidence dépasse 85% en Haute Egypte, alors qu'elle
tombe à moins de 10% dans les écoles privées urbaines.
Catherine Vincent
- lemonde.fr - 20/11/09
3 questions à
Catherine Devoldère à propos
de la Convention Internationale
des Droits de l'Enfant
A l’occasion des 20 ans de la Convention
Internationale des Droits de l’Enfant, la Fondation pour
l’Enfance a organisé le 13 novembre dernier une journée sur le
sujet.
En quoi les progrès de la médecine
favorisent-ils les droits de l’enfant ?
La
durée d’hospitalisation a été considérablement réduite depuis 20
ans, favorisant les consultations et l’éducation thérapeutique,
les hospitalisations de jour et les soins à domicile, tout ceci
contribuant à améliorer les droits de l’enfant pour mener une
vie la " plus normale " possible malgré la maladie. Les progrès
technologiques ont changé la vie des enfants dans de nombreux
domaines (réanimation, néo-natologie, cardio-pédiatrie…), et de
nouveaux traitements ont transformé le quotidien des enfants
notamment pour des pathologies telles que l’asthme, le diabète
et les cardiopathies. De plus, il y a 20 ans, la prise en charge
de la douleur était pratiquement inexistante faute de moyens et
surtout de reconnaissance de la douleur de l’enfant.
Aujourd’hui, les médicaments pédiatriques et les techniques
soignantes permettent une prise en charge de la douleur
optimale. Sous réserve de les mettre en œuvre, les enfants
peuvent garder le sourire même pendant des soins invasifs comme
une ponction lombaire. Ces évolutions ont modifié au quotidien
les soins des enfants et leur vécu de l’hospitalisation ainsi
que celui de leurs parents.
Quels sont les efforts à poursuivre pour mieux prendre en compte
les points cités dans l’article 24 de la CIDE ?
Il
faut que tout enfant soit assuré d’une prise en charge optimale
de sa douleur, dès lors qu’il a besoin de soins médicaux, quel
que soit son âge et le lieu de soins, ce qui n’est pas encore le
cas partout. De même les hôpitaux doivent permettre aux enfants
d’avoir la présence d’un parent pendant l’hospitalisation, même
en salle de réveil ou pendant les soins, et de pouvoir jouer et
mener des activités en rapport avec leur âge même s’ils sont
malades ou hospitalisés.
Il faut aussi lutter contre les
hospitalisations des enfants dans des services d’adultes, ce qui
est souvent le cas en chirurgie. L’article 24 précise que
l’enfant doit jouir du meilleur état de santé possible. Si tout
enfant bénéficie d’un accueil de qualité, d’une information
adaptée, d’une prise en charge de la douleur correcte, alors
nous lui permettrons de devenir un adulte voire un parent sans
appréhension des blouses blanches, sans phobie des soins.
Comment l’action de SPARADRAP s’inscrit-elle dans l’application
de la CIDE ?
L’article 24 précise « Faire en sorte que tous les groupes de la
société, en particulier les parents et les enfants, reçoivent
une information sur la santé… ». Grâce aux nombreux guides et
autres supports qu’elle diffuse, l’association SPARADRAP permet
aux enfants et aux parents de mieux se préparer avant un soin,
un examen ou une hospitalisation. De plus, en aidant les
soignants à être bien traitants, par le biais des supports de
formation qu’elle propose, elle permet aussi indirectement, de
contribuer à respecter l’enfant et ses droits.
Catherine Devoldère, chef de service de pédiatrie à l’hôpital
d’Abbeville. Vice-présidente de SPARADRAP.
sparardrap.org – 20/11/09
La pharmacie, royaume de la publicité
mensongère
Les publicités ne sont nulle part aussi
mensongères que dans le secteur de la santé, puisqu'il il suffit
aux laboratoires de produire n'importe quelle étude commanditées
par leurs propres services.
Il
suffit de regarder la devanture de n’importe quelle pharmacie
pour y constater une floraison de publicités mensongères pour
toutes sortes de « traitements » dont l’équivalent vaudrait à
tout vendeur de voitures ou de n'importe quoi d'autre de sévères
amendes.
À
titre d’exemple, j'ai relevé aujourd'hui dans la devanture d’une
pharmacie prise au hasard, les trois affiches suivantes (mais
leur nombre pourrait être multiplié à l’infini, et je vous
invite à vous livrer à la même enquête) :
-«
Les comprimés X…
pour vous aider à retrouver la forme
» (ce qui ne veut rien dire, si on ne définit pas ce qu’on
entend par l’expression si vague : « garder la forme »);
-Une association « de soja, sélénium et
magnésium contre le stress,… conseillée par les spécialistes
» (lesquels ? de quelle spécialité ? questions sans réponse…);
-« Contre la fatigue, une cure de deux
fois quinze jours de S (ici, le nom d’un vieux médicament
autrefois vendu comme « fortifiant » et depuis longtemps
déremboursé par l’Assurance-Maladie du fait de l’absence de la
moindre étude démontrant son efficacité, sinon pour fortifier
les revenus du laboratoire qui le fabrique) pour vous
régénérer» (terme qui n’a strictement aucune signification).
On n’est plus, ici, dans le domaine de la
simple publicité, mais dans celui de la « réclame » telle
qu’elle sévissait au début du XXe siècle, où l’on
voyait, dans la presse, des annonces du docteur X vantant son
médicament-miracle personnel contre n’importe quelle maladie. Il
y a tout de même un paradoxe de taille à autoriser cette
publicité mensongère en matière de « médicaments », alors
qu’elle est interdite pour le moindre appareil d’électroménager
! Pourquoi l’Ordre des Pharmaciens, garant de l’éthique de la
profession, n’interdit-il pas de telles pratiques ? Il faut
savoir qu’en France – contrairement à ce qui est la règle dans
d’autres pays - le Bureau de Vérification de la Publicité se
contente de vérifier qu’il existe des publications créditant
d’efficacité ces traitements, mais ne se penche pas sur le
contenu ou la crédibilité :
Article paru dans l'édition du 26.08.05 du
Monde : « contrairement à l'ASA britannique, le BVP ne
vérifie pas la pertinence des arguments scientifiques avancés
dans les publicités. On ne travaille pas du tout de la même
façon que les Anglais, indique Joseph Besnaïnou, le directeur du
BVP. Nous demandons aux entreprises si elles ont la capacité de
prouver ce qu'elles avancent, mais nous ne vérifions pas les
allégations et nous ne le ferons pas, car cela triplerait notre
budget de fonctionnement ».
On me rétorquera que la publicité est
interdite pour les médicaments remboursés par l'
Assurance-Maladie, et qu'il suffit donc à celle-ci de
dé-rembourser un médicament à l'efficacité non démontrée pour
que ses ventes ne viennent pas grever son budget; étrange
raisonnement, qui ne voit donc rien d'anormal à faire confiance
aux fabricants dès l'instant où ce sont les consommateurs qui
payent de leur poche, ce qui n'est le cas pour aucun autre
produit, et qui se retourne contre l'assurance-maladie
lorsqu'elle dé-rembourse à juste titre un médicament inefficace,
personne ne pouvant imaginer que son fabricant est alors libre
de raconter n'importe quoi dans sa publicité.
Elie Arié – Marianne – 17/11/09
Les ONG ont été créées
pour sauver
de l'ennui et de la misère
les Blancs
qui n'ont pas envie
de rentrer chez eux.
On croit
qu'elles s'occupent
des peuples noirs
sous-développés,
alors qu'elles s'occupent
des individus blancs
hystériques.
Patrick Besson
Mais le fleuve tuera l'homme blanc
éditions Fayard
2009
Article 222 est publié par l'Association contre la Mutilation des
Enfants
AME - BP 220 - 92108 Boulogne cedex
1er trimestre 2010
AME - BP 220 - 92108 Boulogne cedex
http://www.enfant.org
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