Article 222
Journal pour les Droits de l’Enfant
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N°4
- 1er trimestre 1994
Monsieur LEFORESTIER a été un des premiers en France à
utiliser les méthodes non chirurgicales pour reconstruire son prépuce
circoncis. Il a bien voulu nous accorder cet entretien, en exclusivité.
À quel âge
avez-vous été circoncis ?
- à 7 ans.
Avez-vous
un souvenir distinct de vos parents annonçant cette opération ?
Avez-vous été chez le médecin, l'avez-vous appris dans un cabinet
médical ?
- oui. Après on est allé à la clinique. On m'y a
laissé toute la nuit. Cela c'est mal passé: je me suis retrouvé sur la
table d'opération en hurlant et en gesticulant malgré les claques du
chirurgien pour me faire taire, donc tout ce qu'il fallait pour que ca
marche...
Avez-vous
été anesthésié localement ?
- non, j'ai subi une anesthesie générale.
Quels sont vos
souvenirs après l'acte chirurgical ?
- au réveil je me souviens avoir vu mon sexe opéré. Je
me rappelle particulièrement des cicatrices.
Vos parents ont-ils
essayé de vous expliquer cette opération ?
- ils m'ont dit que mon prépuce coulissait mal et
qu'il fallait donc enlever un petit bout de peau.
Quand la puberté est
arrivée, avez-vous été choqué par rapport à vos autres camarades de
classe ?
- c'est à partir du moment où je suis entré au
collège, on a commencé à faire du sport et je me suis retrouvé à aller
sous les douches avec d'autres garçons, j'étais le seul circoncis.
Comme à l'époque je suis passé par une phase d'obésité, mes camarades
ne se gênaient pas pour m'insulter.
Avez-vous été
maltraité ?
- pour être clair, on me traitait de "gros coupé".
Au niveau de votre
masturbation adolescente, avez-vous senti une différence par rapport à
votre circoncision et une perte de sensibilité de votre sexe ?
- non, car je n'avais aucun point de comparaison.
À cette
époque vous êtes-vous documenté sur la circoncision ?
- j'étais toujours fasciné de voir un sexe non
circoncis. J'avais un sentiment de jalousie, voir de regret. Je pense
que d'avoir si jeune de tels problèmes, m'avais profondément
traumatisé, après j'avais envie d'être normal, d'être comme les autres.
C'est tout, ça n'allait pas au delà.
Quand avez-vous pensé
à une reconstruction du prépuce ?
- ça a commencé en feuilletant une revue érotique, je
suis tombé sur un gars qui tirait sur son prépuce. Cela a fait tilt, je
me suis dit : c'est vrai, si l'on tire sur la peau comme les africaines
avec le lobe des oreilles, on peut arriver à un résultat similaire avec
un prépuce circoncis.
J'ai donc commencé vers 30 ans, en ne le faisant pas
régulièrement, sans y attacher beaucoup d'importance. Et cela n'a pas
eu beaucoup d'effets.
À partir de
quel âge avez-vous sérieusement commencé les manipulations ?
- à partir de 35 ans.
Comment avez-vous eu
connaissance des méthodes de reconstruction du prépuce ?
- j'ai d'abord lu l'article de l'AME sur les méthodes
de reconstruction non chirurgicale du prépuce, proposées par le docteur
Bigelow. J'ai pendant trois mois, chaque matin, tiré sur mon prépuce
pendant 10 minutes puis à chaque fois que j'allais aux toilettes,
pendant 2 minutes. De façon régulière chaque jours.
Comment
pratiquiez-vous ?
- je tirais vers le haut en prenant la peau qu'il me
restait, entre le pouce et l'index, et en faisant des tractions.
Avez-vous souffert ?
- à la limite de la douleur.
Lorsque vous avez
commencé, avez-vous noté des changements dans votre vie sexuelle?
- au début non, le peu que vous gagnez en étirement,
se rétracte rapidement. C'est à partir du moment où j'ai pratiqué les
autres méthodes que j'ai vu un changement significatif.
Vous avez choisi
quelle méthode au départ ?
- J'utilisais l'anneau de sparadrap autour du prépuce
en le gardant toute la journée et toute la nuit.
Avez-vous eu des
irritations ?
- quand ça tirait trop, j'ai eu quelques petites
vergetures, mais rien de grave.
Quand sont apparus
des résultats tangibles?
- au bout de trois semaines, j'arrivais à couvrir la
couronne du gland et surtout sa sensibilité commençait à s'accroître.
Après la méthode du
sparadrap, êtes-vous passé à une autre méthode ?
- au bout de six mois, j'ai utilisé une nouvelle
méthode, dite des calots : deux billes en acier reliées entre elles,
vous mettez la première dans un doigt en caoutchouc à l'intérieur du
prépuce et l'autre bille, vous la laissez pendre.
Était-ce plus
difficile que le sparadrap ?
- les premiers temps étaient assez difficiles, ça
risquait de tomber, il faut que la peau commence à se tendre pour faire
de l'effet.
C'était donc plus
pénible que la première méthode ?
- oui, mais c'est la suite logique car à partir d'un
certain moment la première méthode n'est plus efficace. Il ne faut pas
commencer par des poids trop lourds. J'ai pris un poids de 90 grammes,
en forme de poire avec un crochet , et l'autre poids de forme plate
d'environ 100 grammes. Je les ai porté deux mois.
L'avantage, c'est qu'on ne les voit pas sous un
pantalon. Je ne m'en servais que pendant la journée. Les premiers temps
cela peut faire mal, mais le résultat est spectaculaire. Maintenant mon
prépuce recouvre complètement le gland.
Quels ont été les
changements dans votre sexualité ?
- la vie sexuelle change très vite. A partir du moment
où le gland est protégé, il devient plus sensible, on a beaucoup plus
d'impressions. L'effet est énorme sur les glandes de Cowper : lorsque
j'ai une excitation , il y a beaucoup plus de liquide. On le remarque
assez rapidement. Au niveau de l'acte sexuel, on a une sensibilité bien
plus importante, le sexe coulisse mieux, c'est totalement différent.
Ces méthodes sont efficaces si l'on est constant.
Malgré toutes les difficultés que cela peut représenter, il ne faut pas
laisser tomber le rythme des exercices.
En un an j'ai réussi à retrouver un prépuce quasiment
normal.
Avez-vous
des conseils pratiques pour les futurs utilisateurs ?
- Au niveau des billes d'acier, il est intéressant
d'utiliser des poids de pêche car il sont à la fois lourds et discrets.
Dans le livre du docteur Bigelow, on trouve la méthode
des cônes en mousse. Mais ces derniers sont peu hygiéniques, avec toute
la transpiration que vous pouvez imaginer.
A la fin du programme, j'utilise toujours un poids de
90 grammes pour l'intérieur du prépuce et j'ai augmenté le deuxième
poids, qui est maintenant de 150 grammes, ce qui va me permettre
d'avoir une petite trompe.
Pour le sparadrap, le micropore en petite largeur est
le moins collant, donc le moins douloureux à enlever.
L'assistance d'un
médecin est-elle indispensable tout au long de cette restauration ?
- bien entendu un suivi médical est obligatoire, pour
éviter toute allergie ou toute complication éventuelle. S'il y a des
ulcérations, il est évident qu'il faut laisser passer une journée et
mettre des crèmes. C'est aussi un signal montrant qu'on tire trop sur
sa peau.
Ce qui fait plaisir, c'est d'arriver à un résultat
concret. Le principal bénéfice reste évidemment la sexualité. L'autre
avantage, c'est le changement de la peau du gland qui avant était sèche
et qui devient lisse, fine, sensible.
Le système américain
des support-groups peut-il être utile ?
- oui, cela permet des points de comparaison et un
soutien moral indispensable pour le long terme. Mais il ne faut rien
dramatiser : au niveau de la douleur en fin de journée avec les poids,
on peut la comparer aux boucles d'oreille en clip portées par les
femmes, c'est exactement du même degré.
Article 312 est publié
par
l'Association contre la Mutilation des Enfants
BP 220
F-92108 Boulogne
ame@enfant.org
Composé et reproduit par nos soins
dépôt légal : 1er trimestre 1994
http://www.enfant.org
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