Article 222

 

Journal pour les Droits de l’Enfant

 

 

 

N°33                                                                     1er trimestre 2008

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Les Carthaginois sacrifiaient-ils vraiment leurs enfants ?

 

Hélène Benichou-Safar

Cahier des thèmes transversaux, 2001

Archéologies et sciences de l'Antiquité

CNRS, Universités Paris 1 & X

 

 

 Les Carthaginois n'ont pratiquement pas laissé d'écrits en dehors des milliers d'inscriptions, laconiques et stéréotypées, qu'on peut lire sur leurs stèles votives et funéraires. De ce fait, on est totalement démuni pour aborder les différents aspects de leur religion – que l'on connaît donc très mal – et, en particulier, pour éclairer le problème du sacrifice humain. Quand, en 1921, on a rendu au jour à Carthage, au lieu dit Salammbô, une enceinte tout à fait inhabituelle et spectaculaire par ses milliers d'urnes remplies de cendres d'enfants et accompagnées de dédicaces à des dieux, cette découverte n'a fait qu'ancrer plus fermement dans les esprits, et pour de longues décennies encore, l'idée que les Carthaginois immolaient leurs enfants à leurs dieux.

Cependant, ce sanctuaire se trouve depuis une vingtaine d'années au cœur d'un débat très animé, ouvert à la faveur d'une donnée nouvelle et mettant en cause la réalité du sacrifice d'enfants à Carthage.

Au moment de sa découverte, le site de Salammbô se présentait comme une aréa à ciel ouvert, libre de constructions mais hérissée d'une multitude de pierres dressées qui, toutes, arboraient ce genre de dédicace : « À la Dame Tanit et/ou au Seigneur Baalhammon, ce qu'a offert untel fils de untel, fils de untel, ... » suivi assez fréquemment d'une formule de prière ou de remerciement.

Très vite, on put se rendre compte que tous ces ex-voto signalaient des urnes pleines de cendres de bébés, accompagnées ou non de cendres d'agneaux ou de chevreaux nouveau-nés et de quelques bijoux, et que le téménos tout entier était fait de plusieurs couches, nettement différenciées, de ce type de dépôt.

Les ex-voto avaient également subi une évolution sensible dans le temps pour finalement prendre la forme de stèles plates à fronton triangulaire. Ces stèles constituent le groupe de monuments de loin le plus nombreux (8 à 9000 sans doute). Elles pouvaient être ou non pourvues de dédicaces.

Les archéologues ont immédiatement établi un lien entre les restes d'enfants et le motif gravé sur une stèle exceptionnelle sur laquelle un homme vêtu d'une longue robe et coiffé d'un bonnet cylindrique, était représenté debout, de profil, la main droite levée, le bras gauche supportant un tout petit enfant. Illuminé par la scène représentée sur la stèle, le sanctuaire qu'ils venaient de découvrir constituait à leurs yeux, avec ses offrandes humaines avouées, une preuve tangible de la fidélité des témoignages anciens, la preuve qui manquait : les Carthaginois pratiquaient donc bien le meurtre rituel.

Voilà pourquoi, par référence à la Bible qui condamnait de semblables pratiques en usage dans la vallée de Ben Hinom, ils baptisèrent du nom de « tophet » le sanctuaire de Salammbô.

Quelques décennies plus tard, deux épigraphistes français, Dussaud puis Février, s'appuyant sur les travaux de l'exégète allemand Eissfeldt, proposèrent que le terme MLK, qui apparaissait couplé au terme B L dans deux inscriptions gravées sur des cippes nouvellement exhumés de Salammbô et ne comportant pas de dédicace à des dieux, désignât un sacrifice d'enfant. Dussaud a appliqué cette interprétation à l'expression bien connue MLK B L qu'il a conçue comme un « (sacrifice) de possession de Ba'al »; puis Février, finalement rejoint par la communauté scientifique, a introduit la notion de substitution et traduit : « sacrifice en échange d'un enfant ». B L ne représentait plus dès lors le nom propre du dieu qu'invoquaient toutes les stèles inscrites mais la combinaison d'une préposition et d'un nom commun dont la traduction faisait appel à l'hébreu WL : l'enfant, le rejeton. Les Anciens ayant raconté que les Carthaginois pratiquaient parfois des sacrifices de substitution et le sanctuaire de Carthage ayant livré un certain nombre d'urnes ne contenant que des ossements d'animaux, tout paraissait cadrer à merveille et l'on considéra que cette formule MLK B L « était mise en relation directe avec les sacrifices d'enfants, sur le terrain même du dépôt de leurs cendres ».

Une étude systématique des nécropoles puniques de Carthage, que j'ai menée à la fin des années 70, a fait ressortir que les sépultures enfantines étaient rarissimes à Carthage, ce qui m'a conduite à me demander si la surabondance des enfants du tophet et la rareté de ceux des nécropoles ne pouvaient pas s'expliquer l'une par l'autre et résulter toutes deux d'un comportement spécifique face à la mort naturelle des très jeunes enfants et si le tophet n'était pas en réalité une aire sacrée d'un genre particulier, capable d'assumer tout à la fois les fonctions de sanctuaire et de nécropole. À cette suggestion, les traditionalistes ont réagi en remettant en cause la thèse du sacrifice mais en tentant d'en approfondir les motivations et en proposant des justifications, différentes d'ailleurs et non cohérentes avec les textes. Un nombre croissant de chercheurs s'est néanmoins investi dans le réexamen du problème du sacrifice.

Avec eux, nous avons eu à cœur, d'une part, de reconsidérer les preuves avancées – ou susceptibles de l'être – de la réalité du sacrifice des enfants et, d'autre part, de vérifier que l'idée de mort naturelle n'était pas incompatible avec les constatations faites sur le terrain.

 

1. Le réexamen des sources a conduit à plusieurs constats

a) Aucun des grands historiens de l'Antiquité ne figurait parmi les différentes sources classiques sur le thème du sacrifice humain carthaginois.

b) Les témoignages dont nous disposions sur le sujet n'étaient pas fiables parce que tardifs ou de seconde main, laconiques, stéréotypés, contradictoires, ou alors rédigés dans un contexte polémique ou apologétique.

 

2. On a essayé de déterminer, à partir de l'examen des ossements humains recueillis dans les urnes du tophet, si les enfants avaient succombé à une mort violente ou naturelle

L'analyse minutieuse des ossements a permis d'aboutir à une reconstitution partielle de la cérémonie de crémation et elle a conduit à un certain nombre de conclusions tout à fait significatives. Entre autres, celles-ci :

– la nature des os les mieux conservés montre que les enfants livrés au bûcher l'ont forcément été dans une position identique et inchangée pendant la crémation: c'est dire qu'ils avaient, au minimum, les membres entravés ou l'esprit engourdi, ou alors qu'ils étaient déjà morts. Cette position constante des corps exclut d'ailleurs que les enfants aient pu tomber anarchiquement à partir des bras d'une statue de bronze incandescente, comme l'affirment Clitarque ou Diodore.

– le décompte des os contenus dans les urnes prouve que la plupart des incinérations ont été réalisées une par une, certaines, deux par deux, mais en aucun cas, il ne semble y avoir eu de bûcher collectif. Un tel constat s'accorde mal avec l'image d'hécatombe occasionnelle décrite par Diodore.

 

3. On a réexaminé l'interprétation donnée pour les termes MLK et MLK B L

 Elle est apparue suspecte à plus d'un titre. En particulier :

– elle se heurtait à des objections d'ordre archéologique, notamment l'absence de tous restes osseux sous les deux seuls monuments découverts in situ et porteurs du syntagme MLK B L.

– elle était fondée sur des arguments philologiques fragiles ou contestables faisant appel à des extrapolations hardies.

On a donc cherché une solution de rechange acceptable à l'interprétation admise jusque-là de MLK. On a mis à profit les multiples liens de filiation directe qui unissaient les sanctuaires africains à Saturne aux tophets puniques et le fait que les emprunts dont les Romains étaient redevables aux Puniques étaient d'ordres divers, et en particulier linguistique. Il se trouve que, dans les inscriptions saturniennes d'Afrique, apparaît une formule de type initiatique susceptible d'avoir traduit l'une ou l'autre des formules phénico-puniques incluant MLK. C'est l'expression latine intravit sub jugum, qui évoque un rite de passage de première importance : l'entrée sous le joug de la divinité. Or la formule phénico-punique MLK B L peut très bien en effet être traduite littéralement par « introduction » ou « entrée sous le joug ». Bien d'autres éléments, d'ordre géographique, religieux, etc, rendent vraisemblable cette parenté entre les formules punique et romaine.

Et il s'est avéré en outre qu'un passage très difficilement compréhensible du texte d'Osée (IX, 10), retrouvait une cohérence sémantique et grammaticale dès lors que l'on adoptait pour MLK B L la nouvelle interprétation.

Ainsi, prenant à rebours la démarche habituelle qui consiste à expliquer une civilisation par celle qui l'a précédée, c'est en remontant du romain au punique puis du punique à l'hébreu, que l'on a pu, par deux fois, éclairer le texte le plus ancien, la pratique la plus ancienne. Il résultait en tout cas de tout cela que la preuve du sacrifice, qui était basée sur la découverte de cippes porteurs du terme MLK et sur laquelle se fondait la conviction de beaucoup, que cette preuve se dérobait.

 

4. La comparaison des tophet et des nécropoles puniques

Dans cette comparaison, c'étaient les points de divergence mis en avant par les tenants de la thèse traditionnelle qui pouvaient être déterminants de la spécificité des tophets.

Contrairement aux nécropoles, les tophets sont exclusivement réservés à des tout-petits enfants, ignorent la pratique de l'inhumation, témoignent de sacrifices d'animaux et d'autres gestes d'offrande isolés, utilisent enfin, pour signaler les dépôts ensevelis, de multiples monuments de surface porteurs d'une iconographie souvent ésotérique et/ou de dédicaces à des divinités.

Mais la plupart des sociétés humaines ont de toute éternité réservé un traitement particulier aux enfants décédés pendant la période de l'allaitement, jusqu'à l'âge de deux ans environ. Cependant, les enfants concernés avaient rarement ou de très peu dépassé l'âge de la naissance et les monuments qui signalaient les ossements avaient un caractère votif. Que dire de ces données factuelles qui tendaient à accréditer la thèse d'immolations rituelles ?

Le caractère majoritaire des décès au voisinage de la naissance est loin de coïncider avec les informations fournies par les sources littéraires qui sont muettes sur le fait que les enfants sont des bébés à peine nés ou recourent au contraire à un vocabulaire qui semble le nier.

D'ailleurs, cette plage restreinte de l'enfance s'accorde parfaitement avec le contexte d'une société non médicalisée, mais aussi avec la règle, avérée, que les décès qui sont naturellement occasionnés par le traumatisme de la naissance interviennent notoirement dès le premier mois de la vie. Elle renforce donc plutôt l'idée d'un rite de passage relatif à une classe d'âge très précisément définie.

Enfin, est-il possible que des monuments explicitement dédiés à des dieux signalent des individus décédés de mort naturelle ?

La réponse est oui, et elle est fournie par les sanctuaires africains à Saturne autant que par des nécropoles, également africaines, et également d'époque romaine.

Les sanctuaires dédiés à Saturne ne montrent bien souvent, en effet, aucune solution de continuité avec ceux qui sont dédiés à leur prédécesseur carthaginois, Baalhammon. Or ils présentent des particularités qui sont tout à fait éclairantes pour notre problématique :

– des morts peuvent y être enterrés ; et ceux dont l'âge est précisé sont presque toujours des enfants extrêmement jeunes ;

– des monuments funéraires et des monuments commémoratifs y côtoient des monuments votifs ;

– les stèles funéraires enfin, qu'on y rencontre sont autant que les stèles votives dédiées à Saturne.

Réciproquement, les cimetières romains d'Afrique peuvent, dans certains cas au moins, abriter des monuments votifs et remplir la même double fonction que les sanctuaires à Saturne. Il est donc légitime de penser que les monuments puniques qui signalaient les restes brûlés des enfants des tophets ont cumulé les fonctions d'ex-voto et de pierres tumulaires, que les enfants en question ont, pour la plupart au moins, succombé à une mort naturelle et, par conséquent, que les enceintes sacrées qui les ont accueillis ont à la fois servi de sanctuaires et de nécropoles.

Aujourd'hui le débat n'a pas abouti à un consensus mais la tendance générale semble s'inverser : de plus en plus de chercheurs sont gagnés à la thèse de la mort naturelle. Mais nombreux encore sont ceux qui restent dans l'expectative, ou veulent ignorer la controverse. Et parmi ceux qui affichent volontiers verbalement leur renoncement à la théorie ancienne, certains hésitent encore à le consigner par écrit comme s'ils avaient peur de transgresser un tabou.

 

 

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REVUE DE PRESSE

 

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Appendicite mortelle pour cause d'emploi précaire

 

 Malo avait 12 ans lorsqu’il a été opéré d’une appendicite, le 25 septembre 2004, à la clinique du Val d’Ouest, près de Lyon. L’intervention s’est bien déroulée, mais, au réveil, un infirmier lui a injecté dix fois la dose de morphine prescrite.

Il avait confondu 1% et 1 mg sur l’étiquette de l’ampoule. Une succession de mauvais réflexes a ensuite réduit les chances de sauver le garçon. Les enquêtes, judiciaires et administratives, ont précisé ces erreurs humaines et mis en lumière les dysfonctionnements de l’infirmerie de l’hôpital, l’utilisation des emplois précaires, l’étiquetage confus des flacons de morphine. Pourtant, seuls l’infirmier et le médecin anesthésiste sont jugés cet après-midi par le tribunal correctionnel de Lyon, pour homicide involontaire... Après l’opération, le 25 septembre 2004, l’anesthésiste avait prescrit pour le réveil de Malo un antidouleur: 5 mg de sulfate de morphine, en comprimé. Mais deux heures plus tard, un infirmier intérimaire (30 ans) trouve le garçon nauséeux et téléphone à l’anesthésiste. Celui-ci lui demande d’administrer le même dosage, mais en injection sous-cutanée, pour éviter que Malo ne vomisse ses cachets. Légalement, il aurait dû refaire une prescription écrite, précisant en toutes lettres le nombre d’unités à utiliser. Soit une demi-ampoule, l’hôpital utilisant des flacons de 10 mg.

L’intérimaire a bien eu un doute devant les flacons qui mentionnaient seulement «1%/ml» mais n’a appelé personne. Il a conclu que 1% égalait 1 mg, a cassé sans tiquer cinq ampoules, et injecté 50 mg de morphine au lieu des 5 prescrits. Puis il a quitté l’hôpital, sa mission terminée. L’équipe médicale n’avait pas son numéro pour vérifier ce qu’il s’était passé. Trois heures après l’injection, une infirmière constate que le garçon a du mal à respirer. Elle rappelle le médecin anesthésiste, qui revient sur le champ. Jean-Yves Chiara est expérimenté, il a 50 ans, vingt d’exercice dont cinq au Val d’Ouest. Selon les infirmières, il suspecte tout de suite le surdosage de morphine –c’est d’ailleurs ce que mentionne le cahier infirmier. Mais le médecin ne réalise pas son caractère massif, ce qui minore sa réaction. Mis en examen en toute fin d’instruction, l’anesthésiste conteste, affirme qu’il a d’abord pensé à un relargage: une libération brutale de la morphine fixée dans les graisses. Les experts jugent l’hypothèse peu crédible. Malo aurait dû être intubé, ventilé rapidement, puis, dès 2 heures, transféré dans un service de réanimation. Le Samu a été appelé à l’aube, et l’enfant n’a quitté le Val d’Ouest qu’à 8h30, plus de dix heures après les premiers symptômes. Un traitement adéquat aurait«probablement considérablement modifié le pronostic», estiment les experts. Malo est décédé le 28 septembre. Pour Me Saint-Pierre, avocat de ses parents, « ce dossier souligne les conséquences de la précarisation des emplois à l’hôpital ». L’infirmier remplaçait une salariée en CDD. Il venait pour la première fois au Val d’Ouest, et n’avait jamais travaillé dans un service de soins aigus.

La clinique ne le savait pas. Elle n’a pas adapté son accueil. Une infirmière lui a présenté le service, une auxiliaire en puériculture lui a montré l’armoire aux toxiques. « Mon client assume son erreur et il est d’une grande honnêteté, relève Me Picot, son avocate. Dans ce dossier, on a fait à l’économie. Le parquet avait les éléments pour demander le renvoi du laboratoire, et la pharmacie de l’hôpital a aussi commis de nombreuses fautes. » Aux enquêteurs, l’infirmier intérimaire a indiqué qu’il n’avait jamais pratiqué d’injection depuis la fin de ses études. Il avait très peu d’expérience et la direction régionale des affaires sanitaires et sociales en Rhône-Alpes estimait, dans un rapport postérieur au drame, que les intérimaires devraient, avant d’exercer, avoir l’obligation de pratiquer quelques années en structures hospitalières, comme les infirmières libérales. Dans la foulée, l’Igas posait le problème de l’emploi «sans restriction» d’intérimaires à l’hôpital. Diplômé en décembre 2002, Stéphen Lopez (33 ans aujourd’hui) s’était fait embaucher en intérim, dès janvier 2003, par une société, l’Appel médical, qui avait noté 14/20 l’entretien d’embauche de ce garçon sortant de l’école, sans demander son dossier d’évaluation continue. L’infirmier s’est bien gardé de le fournir. Lors d’un stage en chirurgie, un an plus tôt, il avait obtenu 3/20 et une lettre de mise au point. Pour s’être trompé 2 fois dans le dosage d’injections à des patients.

liberation.fr - 19/11/07

 

 

Tortures répétées sur une fillette de 4 ans

 

Un couple de Sartrouville (Yvelines) soupçonné d'avoir torturé sa fille adoptive de 4 ans, actuellement hospitalisée à Necker à Paris, a été écroué par un juge versaillais. Dents et cheveux arrachés, os fracturés, dépigmentations multiples dues à l'ingestion de produits corrosifs, ulcération de la langue et de l'œsophage, traces de morsures humaines sur les bras et de coups sur tout le corps : l'enfant d'origine marocaine, aujourd'hui hors de danger, aurait été martyrisée dès l'âge de 6 mois. A cet âge, elle avait été secouée et a perdu l'usage d'un œil.

lefigaro.fr - 16/11/07

 

Un bébé de 18 jours meurt suite à sa circoncision

 

Un bébé de 18 jours est décédé dimanche dernier à Tarragone vidé de son sang à cause de blessures au pénis produites par sa circoncision subie chez lui, dans un quartier d'ouvriers émigrés. Des sources judiciaires assurent que l'autopsie ne laisse aucun doute sur la cause de la mort de l'enfant, en dépit du fait que dans un premier temps, les parents, d'origine nigérienne, ont déclaré que leur fils était mort étouffé par ses propres vomissures. Les parents, avec l'aide d'une autre personne qui a dirigé la circoncision du bébé, pratiquèrent l'opération chez eux.

Les secours d'urgence ne purent rien faire pour sauver la vie du nouveau-né.

Les parents, qui n'ont pas été incarcérés, firent devant l'autorité judiciaire la même déclaration qu'ils avaient tout d'abord donnée à la police : que l'enfant était mort étouffé par ses propres vomissements. L'autopsie, pratiquée hier, a établi que la circoncision fut fatale et fut la cause de la mort, ce qui renversa la version parentale.

Des agents du Corps de police nationale (CPN) ont tenté hier de localiser la troisième personne, aussi d'origine nigérienne mais sans relation familiale avec les parents, qui aurait pratiqué l'opération. Le juge d'instruction de la 3ème cour de Tarragone, chargé de l'affaire, accuse cette personne du délit d'homicide par imprudence pour avoir pratiqué une opération sans aucune garantie sanitaire.

La situation des parents devant la loi pourrait également changer puisque lors de leur première déclaration devant le juge, les résultats de l'autopsie n'étaient pas encore connus. On ne sait encore rien de l'instrument avec lequel fut accomplie l'opération, bien qu'on tienne pour acquis qu'elle fut faite avec le consentement des parents. Les voisins disent que le couple n'était installé que depuis quelques mois et que le bébé mort était leur premier enfant. A la porte de la maison est affiché un poster d'une Église d'obédience chrétienne : Harvest Believers Ministries, dont les voisins affirment aussi que les parents du bébé étaient des fidèles. Ce fut le père lui-même, dont le Corps de police nationale a rapporté seulement hier qu'il avait un passeport nigérien, qui a alerté l'ambulance pour signaler que son fils était en train de mourir. La police est arrivée peu après.

Le cas de ce bébé rappelle les opérations de mutilation génitale féminine qui sont de pratique courante dans certains pays pour les filles. Il le rappelle parce que dans les deux cas, il s'agit d'une opération coutumière sans aucune garantie sanitaire, mais il y a une différence ; la circoncision est une pratique répandue dans de nombreuses cultures et, dans beaucoup de cas, elle se fait de façon plus "civilisée", avec sécurité et hygiène. Elle n'est pas interdite, tandis que l'excision est pénalisée en Europe. Pour ce motif, de nombreux immigrants, faisaient le voyage avec leurs filles. Ils pratiquaient l'opération là-bas.

Conscientes de cette coutume, les autorités judiciaires espagnoles essayent de freiner le contournement de l'interdiction. Cette année même, un juge a interdit à une fillette de faire la voyage en Gambie depuis Girona. Sa mère envisageait la mutilation génitale de la fille et ce fut le père qui la dénonça.

elpais.com - 22/11/07

 

 

Documentaire canadien "Couper court"

 

Lundi 5 novembre 2007 à 21h, était diffusé à Télé-Québec le documentaire sur la circoncision au Canada intitulé "Couper court". Disponible à la vente :

http://www.videofemmes.org/repertoire/film.asp?id=356

enfant.org - 01/01/08

 

 

Steep rise in child sexual assault complaints among Haredis

 

Israel National Council for the Child  reports a steep rise in recent weeks in the number of requests for help from child sexual assault victims and their parents. Council head Yitzhak Kadman found that 30% of the new requests came from the ultra-Orthodox community, which had previously almost never contacted the organization about sexual assault. The council provides volunteers, usually law students, who accompany sexual assault victims through the process of filing a police complaint, the investigation and criminal proceeding.

More than 1500 children have been helped in the seven years since this project began. Kadman said that over the past few weeks, the council had fielded dozens of requests per week. Callers are referred to the council by police, juvenile investigators from the Social Affairs Ministry, welfare offices, doctors, schools and other community facilities. Kadman sees the awakening of the Haredi sector as a real "breach of barriers." Contrary to expectation, the Haredim who apply for help do not want a Haredi volunteer to assist them, nor do they care whether the volunteer is a man or woman, Kadman said.

haaretz.com - 29/10/07

 

 

Circumcision in India

 

Doctors in the north Gujarat town of Unjha stayed off their clinics and hospitals on Monday, refusing to take up even emergency cases, which they diverted to the Government hospital. The strike was in protest against the attack on a hospital by relatives of a patient on Sunday. The hospital was vandalised, vehicles gutted and two doctors were manhandled.

According to Dr Anil Patel, vice-president of Unjha Medical Association, trouble started after Kuldeep Kumar Vishnubhai (10), who had undergone a minor surgery for circumcision at Anand Hospital on Sunday morning, died about two hours later. "The surgery was successful but due to the carelessness shown by the relatives, the boy died in a couple of hours. The death enraged them and they attacked the hospital. We could save our lives only by bolting the doors from inside until police came. They had to control the situation by bursting teargas shells," said Dr Patel. He said that the boy was brought from nearby Unava town for circumcision on medical grounds. Cross complaints were lodged and police had provided protection to the doctors following threat to their lives. "We have already got the post-mortem examination done to ascertain the reason of death and are awaiting the report," he further said. Till reports last came in, a meeting of local NGOs and prominent people was to be held on Monday evening to express support for the doctors.

Dr Bipin, honorary general secretary of state branch of Indian Medical Association said that the Government should take strict action against those responsible for the attack on doctors.

expressindia.com - 19/11/07

 

 

 

Cicatrices rituelles

 

C'est un grand jour pour Hadirou. Ce petit béninois de 3 ans va vivre sa première scarification. Sur la joue, il va être marqué de 3 cicatrices obliques et d'une transversale, comme tous les membres de la lignée des Princes de Djougou. Le moment est douloureux : l'incision se fait à vif et le scarificateur repassera à 3 reprises sur chaque ouverture pour être bien certain de réussir l'entaille. L'épreuve durera 30 longues minutes. Mais ce soir, comme son père, comme ses frères, il portera les signes de son appartenance ethnique.

La signification des scarifications est plurielle. Elle varie d'un pays à l'autre, voire d'une personne à une autre. Il n'existe ni règle, ni codification universelle. Cette pratique ancestrale, localisée en Afrique de l'Ouest - mais que l'on retrouve aussi chez les aborigènes d'Australie et au sein de certaines tribus de Nouvelle Guinée - répond autant à des besoins identitaires que religieux, sociaux ou esthétiques, à l'image des tatouages pratiqués par les peuples à la peau claire. A la fois carte d'identité et oeuvre d'art, ces cicatrices peuvent marquer l'appartenance à un groupe, à une lignée ou une place dans la hiérarchie. Parfois, elles servent aussi de repères à un évènement comme le mariage ou l'exploit guerrier ; elles jalonnent les différentes étapes de la vie. D'autres fois, elles placent le corps sous la protection des esprits, le protègent des forces maléfiques ou ont des fonctions thérapeutiques. Les Sarakolés par exemple, comme d'autres ethnies de la région de Kayes, au Mali, ont 3 courts traits sur chaque tempe représentant les traces d'une méthode de "guérison" appliquée aux personnes qui ont mal aux yeux.

En outre, des études menées au Togo ont récemment fourni une nouvelle explication à certaines scarifications ; elles remplaceraient le carnet de santé.

Les antécédents médicaux seraient en effet gravés sur le corps des patients et ainsi conservés à vie. Chez la femme, c'est souvent sur le ventre, autour du nombril, que se concentrent les stigmates.

Outre la dimension érotique, le triomphe sur la souffrance vécue au moment de l'incision attestera de sa capacité à endurer, plus tard, celle de l'accouchement. Véritables marques initiatiques, ces coupures de la chair sont toujours accomplies comme un rite de passage et d'apprentissage de la douleur.

Aujourd'hui, les cérémonies de scarification se font rares, sous les pressions multiples des autorités religieuses - le Coran prône l'intégrité du corps - et étatiques, des pratiques urbaines et de l'introduction de l'habillement au sein des ethnies. En Côte d'Ivoire par exemple, contrairement au Burkina Faso, ces marques sont globalement très mal vues. Pour certains historiens, ce particularisme a constitué l'un des freins à l'intégration des Burkinabés sur les terres ivoiriennes. Les opposants aux scarifications stigmatisent aussi l'insalubrité des conditions sanitaires dans lesquelles elles sont généralement réalisées (...).

Choc magazine - 12/07

 

 

 

 

 

Article 222 est publié par l'Association contre la Mutilation des Enfants

AME - BP 220 - 92108 Boulogne cedex

Composé et reproduit par nos soins.

Dépôt légal : 1er trimestre 2008

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