Article 222
Journal pour les Droits de l’Enfant
N°33
1er trimestre 2008
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Les Carthaginois sacrifiaient-ils
vraiment leurs enfants ?
Hélène Benichou-Safar
Cahier des thèmes transversaux,
2001
Archéologies et sciences de
l'Antiquité
CNRS, Universités Paris 1 & X
Les Carthaginois n'ont
pratiquement pas laissé d'écrits en dehors des milliers
d'inscriptions, laconiques et stéréotypées, qu'on peut lire sur
leurs stèles votives et funéraires. De ce fait, on est
totalement démuni pour aborder les différents aspects de leur
religion – que l'on connaît donc très mal – et, en particulier,
pour éclairer le problème du sacrifice humain. Quand, en 1921,
on a rendu au jour à Carthage, au lieu dit Salammbô, une
enceinte tout à fait inhabituelle et spectaculaire par ses
milliers d'urnes remplies de cendres d'enfants et accompagnées
de dédicaces à des dieux, cette découverte n'a fait qu'ancrer
plus fermement dans les esprits, et pour de longues décennies
encore, l'idée que les Carthaginois immolaient leurs enfants à
leurs dieux.
Cependant, ce sanctuaire se
trouve depuis une vingtaine d'années au cœur d'un débat très
animé, ouvert à la faveur d'une donnée nouvelle et mettant en
cause la réalité du sacrifice d'enfants à Carthage.
Au moment de sa découverte, le
site de Salammbô se présentait comme une aréa à ciel ouvert,
libre de constructions mais hérissée d'une multitude de pierres
dressées qui, toutes, arboraient ce genre de dédicace : « À la
Dame Tanit et/ou au Seigneur Baalhammon, ce qu'a offert untel
fils de untel, fils de untel, ... » suivi assez fréquemment
d'une formule de prière ou de remerciement.
Très vite, on put se rendre
compte que tous ces ex-voto signalaient des urnes pleines de
cendres de bébés, accompagnées ou non de cendres d'agneaux ou de
chevreaux nouveau-nés et de quelques bijoux, et que le téménos
tout entier était fait de plusieurs couches, nettement
différenciées, de ce type de dépôt.
Les ex-voto avaient également
subi une évolution sensible dans le temps pour finalement
prendre la forme de stèles plates à fronton triangulaire. Ces
stèles constituent le groupe de monuments de loin le plus
nombreux (8 à 9000 sans doute). Elles pouvaient être ou non
pourvues de dédicaces.
Les archéologues ont
immédiatement établi un lien entre les restes d'enfants et le
motif gravé sur une stèle exceptionnelle sur laquelle un homme
vêtu d'une longue robe et coiffé d'un bonnet cylindrique, était
représenté debout, de profil, la main droite levée, le bras
gauche supportant un tout petit enfant. Illuminé par la scène
représentée sur la stèle, le sanctuaire qu'ils venaient de
découvrir constituait à leurs yeux, avec ses offrandes humaines
avouées, une preuve tangible de la fidélité des témoignages
anciens, la preuve qui manquait : les Carthaginois pratiquaient
donc bien le meurtre rituel.
Voilà pourquoi, par référence à
la Bible qui condamnait de semblables pratiques en usage dans la
vallée de Ben Hinom, ils baptisèrent du nom de « tophet » le
sanctuaire de Salammbô.
Quelques décennies plus tard,
deux épigraphistes français, Dussaud puis Février, s'appuyant
sur les travaux de l'exégète allemand Eissfeldt, proposèrent que
le terme MLK, qui apparaissait couplé au terme B L dans deux
inscriptions gravées sur des cippes nouvellement exhumés de
Salammbô et ne comportant pas de dédicace à des dieux, désignât
un sacrifice d'enfant. Dussaud a appliqué cette interprétation à
l'expression bien connue MLK B L qu'il a conçue comme un «
(sacrifice) de possession de Ba'al »; puis Février, finalement
rejoint par la communauté scientifique, a introduit la notion de
substitution et traduit : « sacrifice en échange d'un
enfant ». B L ne représentait plus dès lors le nom propre du
dieu qu'invoquaient toutes les stèles inscrites mais la
combinaison d'une préposition et d'un nom commun dont la
traduction faisait appel à l'hébreu WL : l'enfant, le rejeton.
Les Anciens ayant raconté que les Carthaginois pratiquaient
parfois des sacrifices de substitution et le sanctuaire de
Carthage ayant livré un certain nombre d'urnes ne contenant que
des ossements d'animaux, tout paraissait cadrer à merveille et
l'on considéra que cette formule MLK B L « était mise en
relation directe avec les sacrifices d'enfants, sur le terrain
même du dépôt de leurs cendres ».
Une étude systématique des
nécropoles puniques de Carthage, que j'ai menée à la fin des
années 70, a fait ressortir que les sépultures enfantines
étaient rarissimes à Carthage, ce qui m'a conduite à me demander
si la surabondance des enfants du tophet et la rareté de ceux
des nécropoles ne pouvaient pas s'expliquer l'une par l'autre et
résulter toutes deux d'un comportement spécifique face à la mort
naturelle des très jeunes enfants et si le tophet n'était pas en
réalité une aire sacrée d'un genre particulier, capable
d'assumer tout à la fois les fonctions de sanctuaire et de
nécropole. À cette suggestion, les traditionalistes ont réagi en
remettant en cause la thèse du sacrifice mais en tentant d'en
approfondir les motivations et en proposant des justifications,
différentes d'ailleurs et non cohérentes avec les textes. Un
nombre croissant de chercheurs s'est néanmoins investi dans le
réexamen du problème du sacrifice.
Avec eux, nous avons eu à cœur,
d'une part, de reconsidérer les preuves avancées – ou
susceptibles de l'être – de la réalité du sacrifice des enfants
et, d'autre part, de vérifier que l'idée de mort naturelle
n'était pas incompatible avec les constatations faites sur le
terrain.
1. Le réexamen des sources
a conduit à plusieurs constats
a) Aucun des grands
historiens de l'Antiquité ne figurait parmi les
différentes sources classiques sur le thème du sacrifice
humain carthaginois.
b) Les témoignages dont
nous disposions sur le sujet n'étaient pas fiables parce
que tardifs ou de seconde main, laconiques, stéréotypés,
contradictoires, ou alors rédigés dans un contexte
polémique ou apologétique.
2. On a essayé de
déterminer, à partir de l'examen des ossements humains
recueillis dans les urnes du tophet, si les enfants avaient
succombé à une mort violente ou naturelle
L'analyse minutieuse
des ossements a permis d'aboutir à une reconstitution
partielle de la cérémonie de crémation et elle a conduit
à un certain nombre de conclusions tout à fait
significatives. Entre autres, celles-ci :
– la nature des os les
mieux conservés montre que les enfants livrés au bûcher
l'ont forcément été dans une position identique et
inchangée pendant la crémation: c'est dire qu'ils
avaient, au minimum, les membres entravés ou l'esprit
engourdi, ou alors qu'ils étaient déjà morts. Cette
position constante des corps exclut d'ailleurs que les
enfants aient pu tomber anarchiquement à partir des bras
d'une statue de bronze incandescente, comme l'affirment
Clitarque ou Diodore.
– le décompte des os
contenus dans les urnes prouve que la plupart des
incinérations ont été réalisées une par une, certaines,
deux par deux, mais en aucun cas, il ne semble y avoir
eu de bûcher collectif. Un tel constat s'accorde mal
avec l'image d'hécatombe occasionnelle décrite par
Diodore.
3. On a réexaminé
l'interprétation donnée pour les termes MLK et MLK B L
Elle est apparue
suspecte à plus d'un titre. En particulier :
– elle se heurtait à
des objections d'ordre archéologique, notamment
l'absence de tous restes osseux sous les deux seuls
monuments découverts in situ et porteurs du syntagme MLK
B L.
– elle était fondée sur
des arguments philologiques fragiles ou contestables
faisant appel à des extrapolations hardies.
On a donc cherché une
solution de rechange acceptable à l'interprétation
admise jusque-là de MLK. On a mis à profit les multiples
liens de filiation directe qui unissaient les
sanctuaires africains à Saturne aux tophets puniques et
le fait que les emprunts dont les Romains étaient
redevables aux Puniques étaient d'ordres divers, et en
particulier linguistique. Il se trouve que, dans les
inscriptions saturniennes d'Afrique, apparaît une
formule de type initiatique susceptible d'avoir traduit
l'une ou l'autre des formules phénico-puniques incluant
MLK. C'est l'expression latine intravit sub jugum,
qui évoque un rite de passage de première importance :
l'entrée sous le joug de la divinité. Or la formule
phénico-punique MLK B L peut très bien en effet être
traduite littéralement par « introduction » ou « entrée
sous le joug ». Bien d'autres éléments, d'ordre
géographique, religieux, etc, rendent vraisemblable
cette parenté entre les formules punique et romaine.
Et il s'est avéré en
outre qu'un passage très difficilement compréhensible du
texte d'Osée (IX, 10), retrouvait une cohérence
sémantique et grammaticale dès lors que l'on adoptait
pour MLK B L la nouvelle interprétation.
Ainsi, prenant à
rebours la démarche habituelle qui consiste à expliquer
une civilisation par celle qui l'a précédée, c'est en
remontant du romain au punique puis du punique à
l'hébreu, que l'on a pu, par deux fois, éclairer le
texte le plus ancien, la pratique la plus ancienne. Il
résultait en tout cas de tout cela que la preuve du
sacrifice, qui était basée sur la découverte de cippes
porteurs du terme MLK et sur laquelle se fondait la
conviction de beaucoup, que cette preuve se dérobait.
4. La comparaison des
tophet et des nécropoles puniques
Dans cette comparaison,
c'étaient les points de divergence mis en avant par les
tenants de la thèse traditionnelle qui pouvaient être
déterminants de la spécificité des tophets.
Contrairement aux
nécropoles, les tophets sont exclusivement réservés à
des tout-petits enfants, ignorent la pratique de
l'inhumation, témoignent de sacrifices d'animaux et
d'autres gestes d'offrande isolés, utilisent enfin, pour
signaler les dépôts ensevelis, de multiples monuments de
surface porteurs d'une iconographie souvent ésotérique
et/ou de dédicaces à des divinités.
Mais la plupart des
sociétés humaines ont de toute éternité réservé un
traitement particulier aux enfants décédés pendant la
période de l'allaitement, jusqu'à l'âge de deux ans
environ. Cependant, les enfants concernés avaient
rarement ou de très peu dépassé l'âge de la naissance et
les monuments qui signalaient les ossements avaient un
caractère votif. Que dire de ces données factuelles qui
tendaient à accréditer la thèse d'immolations rituelles
?
Le caractère
majoritaire des décès au voisinage de la naissance est
loin de coïncider avec les informations fournies par les
sources littéraires qui sont muettes sur le fait que les
enfants sont des bébés à peine nés ou recourent au
contraire à un vocabulaire qui semble le nier.
D'ailleurs, cette plage
restreinte de l'enfance s'accorde parfaitement avec le
contexte d'une société non médicalisée, mais aussi avec
la règle, avérée, que les décès qui sont naturellement
occasionnés par le traumatisme de la naissance
interviennent notoirement dès le premier mois de la vie.
Elle renforce donc plutôt l'idée d'un rite de passage
relatif à une classe d'âge très précisément définie.
Enfin, est-il possible
que des monuments explicitement dédiés à des dieux
signalent des individus décédés de mort naturelle ?
La réponse est oui, et
elle est fournie par les sanctuaires africains à Saturne
autant que par des nécropoles, également africaines, et
également d'époque romaine.
Les sanctuaires dédiés
à Saturne ne montrent bien souvent, en effet, aucune
solution de continuité avec ceux qui sont dédiés à leur
prédécesseur carthaginois, Baalhammon. Or ils présentent
des particularités qui sont tout à fait éclairantes pour
notre problématique :
– des morts peuvent y
être enterrés ; et ceux dont l'âge est précisé sont
presque toujours des enfants extrêmement jeunes ;
– des monuments
funéraires et des monuments commémoratifs y côtoient des
monuments votifs ;
– les stèles funéraires
enfin, qu'on y rencontre sont autant que les stèles
votives dédiées à Saturne.
Réciproquement, les
cimetières romains d'Afrique peuvent, dans certains cas
au moins, abriter des monuments votifs et remplir la
même double fonction que les sanctuaires à Saturne. Il
est donc légitime de penser que les monuments puniques
qui signalaient les restes brûlés des enfants des
tophets ont cumulé les fonctions d'ex-voto et de pierres
tumulaires, que les enfants en question ont, pour la
plupart au moins, succombé à une mort naturelle et, par
conséquent, que les enceintes sacrées qui les ont
accueillis ont à la fois servi de sanctuaires et de
nécropoles.
Aujourd'hui le débat n'a pas
abouti à un consensus mais la tendance générale semble
s'inverser : de plus en plus de chercheurs sont gagnés à la
thèse de la mort naturelle. Mais nombreux encore sont ceux qui
restent dans l'expectative, ou veulent ignorer la controverse.
Et parmi ceux qui affichent volontiers verbalement leur
renoncement à la théorie ancienne, certains hésitent encore à le
consigner par écrit comme s'ils avaient peur de transgresser
un tabou.
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REVUE DE PRESSE
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Appendicite mortelle pour cause
d'emploi précaire
Malo avait 12 ans lorsqu’il a
été opéré d’une appendicite, le 25 septembre 2004, à la clinique
du Val d’Ouest, près de Lyon. L’intervention s’est bien
déroulée, mais, au réveil, un infirmier lui a injecté dix fois
la dose de morphine prescrite.
Il avait confondu 1% et 1 mg
sur l’étiquette de l’ampoule. Une succession de mauvais réflexes
a ensuite réduit les chances de sauver le garçon. Les enquêtes,
judiciaires et administratives, ont précisé ces erreurs humaines
et mis en lumière les dysfonctionnements de l’infirmerie de
l’hôpital, l’utilisation des emplois précaires, l’étiquetage
confus des flacons de morphine. Pourtant, seuls l’infirmier et
le médecin anesthésiste sont jugés cet après-midi par le
tribunal correctionnel de Lyon, pour homicide involontaire...
Après l’opération, le 25 septembre 2004, l’anesthésiste avait
prescrit pour le réveil de Malo un antidouleur: 5 mg de sulfate
de morphine, en comprimé. Mais deux heures plus tard, un
infirmier intérimaire (30 ans) trouve le garçon nauséeux et
téléphone à l’anesthésiste. Celui-ci lui demande d’administrer
le même dosage, mais en injection sous-cutanée, pour éviter que
Malo ne vomisse ses cachets. Légalement, il aurait dû refaire
une prescription écrite, précisant en toutes lettres le nombre
d’unités à utiliser. Soit une demi-ampoule, l’hôpital utilisant
des flacons de 10 mg.
L’intérimaire a bien eu un
doute devant les flacons qui mentionnaient seulement «1%/ml»
mais n’a appelé personne. Il a conclu que 1% égalait 1 mg, a
cassé sans tiquer cinq ampoules, et injecté 50 mg de morphine au
lieu des 5 prescrits. Puis il a quitté l’hôpital, sa mission
terminée. L’équipe médicale n’avait pas son numéro pour vérifier
ce qu’il s’était passé. Trois heures après l’injection, une
infirmière constate que le garçon a du mal à respirer. Elle
rappelle le médecin anesthésiste, qui revient sur le champ.
Jean-Yves Chiara est expérimenté, il a 50 ans, vingt d’exercice
dont cinq au Val d’Ouest. Selon les infirmières, il suspecte
tout de suite le surdosage de morphine –c’est d’ailleurs ce que
mentionne le cahier infirmier. Mais le médecin ne réalise pas
son caractère massif, ce qui minore sa réaction. Mis en examen
en toute fin d’instruction, l’anesthésiste conteste, affirme
qu’il a d’abord pensé à un relargage: une libération brutale de
la morphine fixée dans les graisses. Les experts jugent
l’hypothèse peu crédible. Malo aurait dû être intubé, ventilé
rapidement, puis, dès 2 heures, transféré dans un service de
réanimation. Le Samu a été appelé à l’aube, et l’enfant n’a
quitté le Val d’Ouest qu’à 8h30, plus de dix heures après les
premiers symptômes. Un traitement adéquat aurait«probablement
considérablement modifié le pronostic», estiment les experts.
Malo est décédé le 28 septembre. Pour Me Saint-Pierre, avocat de
ses parents, « ce dossier souligne les conséquences de la
précarisation des emplois à l’hôpital ». L’infirmier remplaçait
une salariée en CDD. Il venait pour la première fois au Val
d’Ouest, et n’avait jamais travaillé dans un service de soins
aigus.
La clinique ne le savait pas.
Elle n’a pas adapté son accueil. Une infirmière lui a présenté
le service, une auxiliaire en puériculture lui a montré
l’armoire aux toxiques. « Mon client assume son erreur et il est
d’une grande honnêteté, relève Me Picot, son avocate. Dans ce
dossier, on a fait à l’économie. Le parquet avait les éléments
pour demander le renvoi du laboratoire, et la pharmacie de
l’hôpital a aussi commis de nombreuses fautes. » Aux enquêteurs,
l’infirmier intérimaire a indiqué qu’il n’avait jamais pratiqué
d’injection depuis la fin de ses études. Il avait très peu
d’expérience et la direction régionale des affaires sanitaires
et sociales en Rhône-Alpes estimait, dans un rapport postérieur
au drame, que les intérimaires devraient, avant d’exercer, avoir
l’obligation de pratiquer quelques années en structures
hospitalières, comme les infirmières libérales. Dans la foulée,
l’Igas posait le problème de l’emploi «sans restriction»
d’intérimaires à l’hôpital. Diplômé en décembre 2002, Stéphen
Lopez (33 ans aujourd’hui) s’était fait embaucher en intérim,
dès janvier 2003, par une société, l’Appel médical, qui avait
noté 14/20 l’entretien d’embauche de ce garçon sortant de
l’école, sans demander son dossier d’évaluation continue.
L’infirmier s’est bien gardé de le fournir. Lors d’un stage en
chirurgie, un an plus tôt, il avait obtenu 3/20 et une lettre de
mise au point. Pour s’être trompé 2 fois dans le dosage
d’injections à des patients.
liberation.fr - 19/11/07
Tortures répétées sur une fillette
de 4 ans
Un couple de
Sartrouville (Yvelines) soupçonné d'avoir torturé sa fille
adoptive de 4 ans, actuellement hospitalisée à Necker à Paris, a
été écroué par un juge versaillais. Dents et cheveux arrachés,
os fracturés, dépigmentations multiples dues à l'ingestion de
produits corrosifs, ulcération de la langue et de l'œsophage,
traces de morsures humaines sur les bras et de coups sur tout le
corps : l'enfant d'origine marocaine, aujourd'hui hors de
danger, aurait été martyrisée dès l'âge de 6 mois. A cet âge,
elle avait été secouée et a perdu l'usage d'un œil.
lefigaro.fr - 16/11/07
Un bébé de 18 jours meurt suite à
sa circoncision
Un bébé de 18 jours est décédé
dimanche dernier à Tarragone vidé de son sang à cause de
blessures au pénis produites par sa circoncision subie chez lui,
dans un quartier d'ouvriers émigrés. Des sources judiciaires
assurent que l'autopsie ne laisse aucun doute sur la cause de la
mort de l'enfant, en dépit du fait que dans un premier temps,
les parents, d'origine nigérienne, ont déclaré que leur fils
était mort étouffé par ses propres vomissures. Les parents, avec
l'aide d'une autre personne qui a dirigé la circoncision du
bébé, pratiquèrent l'opération chez eux.
Les secours d'urgence ne purent
rien faire pour sauver la vie du nouveau-né.
Les parents, qui n'ont pas été
incarcérés, firent devant l'autorité judiciaire la même
déclaration qu'ils avaient tout d'abord donnée à la police : que
l'enfant était mort étouffé par ses propres vomissements.
L'autopsie, pratiquée hier, a établi que la circoncision fut
fatale et fut la cause de la mort, ce qui renversa la version
parentale.
Des agents du Corps de police
nationale (CPN) ont tenté hier de localiser la troisième
personne, aussi d'origine nigérienne mais sans relation
familiale avec les parents, qui aurait pratiqué l'opération. Le
juge d'instruction de la 3ème cour de Tarragone, chargé de
l'affaire, accuse cette personne du délit d'homicide par
imprudence pour avoir pratiqué une opération sans aucune
garantie sanitaire.
La situation des parents devant
la loi pourrait également changer puisque lors de leur première
déclaration devant le juge, les résultats de l'autopsie
n'étaient pas encore connus. On ne sait encore rien de
l'instrument avec lequel fut accomplie l'opération, bien qu'on
tienne pour acquis qu'elle fut faite avec le consentement des
parents. Les voisins disent que le couple n'était installé que
depuis quelques mois et que le bébé mort était leur premier
enfant. A la porte de la maison est affiché un poster d'une
Église d'obédience chrétienne : Harvest Believers Ministries,
dont les voisins affirment aussi que les parents du bébé étaient
des fidèles. Ce fut le père lui-même, dont le Corps de police
nationale a rapporté seulement hier qu'il avait un passeport
nigérien, qui a alerté l'ambulance pour signaler que son fils
était en train de mourir. La police est arrivée peu après.
Le cas de ce bébé rappelle les
opérations de mutilation génitale féminine qui sont de pratique
courante dans certains pays pour les filles. Il le rappelle
parce que dans les deux cas, il s'agit d'une opération
coutumière sans aucune garantie sanitaire, mais il y a une
différence ; la circoncision est une pratique répandue dans de
nombreuses cultures et, dans beaucoup de cas, elle se fait de
façon plus "civilisée", avec sécurité et hygiène. Elle n'est pas
interdite, tandis que l'excision est pénalisée en Europe. Pour
ce motif, de nombreux immigrants, faisaient le voyage avec leurs
filles. Ils pratiquaient l'opération là-bas.
Conscientes de cette coutume,
les autorités judiciaires espagnoles essayent de freiner le
contournement de l'interdiction. Cette année même, un juge a
interdit à une fillette de faire la voyage en Gambie depuis
Girona. Sa mère envisageait la mutilation génitale de la fille
et ce fut le père qui la dénonça.
elpais.com - 22/11/07
Documentaire canadien "Couper
court"
Lundi 5 novembre 2007 à 21h,
était diffusé à Télé-Québec le documentaire sur la circoncision
au Canada intitulé "Couper court". Disponible à la vente :
http://www.videofemmes.org/repertoire/film.asp?id=356
enfant.org - 01/01/08
Steep rise in child sexual assault
complaints among Haredis
Israel National
Council for the Child
reports a steep rise in recent weeks in the number of requests
for help from child sexual assault victims and their parents.
Council head Yitzhak Kadman found that 30% of the new requests
came from the ultra-Orthodox community, which had previously
almost never contacted the organization about sexual assault.
The council provides volunteers, usually law students, who
accompany sexual assault victims through the process of filing a
police complaint, the investigation and criminal proceeding.
More than 1500 children have
been helped in the seven years since this project began. Kadman
said that over the past few weeks, the council had fielded
dozens of requests per week. Callers are referred to the council
by police, juvenile investigators from the Social Affairs
Ministry, welfare offices, doctors, schools and other community
facilities. Kadman sees the awakening of the Haredi sector as a
real "breach of barriers." Contrary to expectation, the Haredim
who apply for help do not want a Haredi volunteer to assist them,
nor do they care whether the volunteer is a man or woman, Kadman
said.
haaretz.com - 29/10/07
Circumcision in India
Doctors in the north Gujarat
town of Unjha stayed off their clinics and hospitals on Monday,
refusing to take up even emergency cases, which they diverted to
the Government hospital. The strike was in protest against the
attack on a hospital by relatives of a patient on Sunday. The
hospital was vandalised, vehicles gutted and two doctors were
manhandled.
According to Dr Anil Patel,
vice-president of Unjha Medical Association, trouble
started after Kuldeep Kumar Vishnubhai (10), who had undergone a
minor surgery for circumcision at Anand Hospital on Sunday
morning, died about two hours later. "The surgery was successful
but due to the carelessness shown by the relatives, the boy died
in a couple of hours. The death enraged them and they attacked
the hospital. We could save our lives only by bolting the doors
from inside until police came. They had to control the situation
by bursting teargas shells," said Dr Patel. He said that the boy
was brought from nearby Unava town for circumcision on medical
grounds. Cross complaints were lodged and police had provided
protection to the doctors following threat to their lives. "We
have already got the post-mortem examination done to ascertain
the reason of death and are awaiting the report," he further
said. Till reports last came in, a meeting of local NGOs and
prominent people was to be held on Monday evening to express
support for the doctors.
Dr Bipin, honorary general
secretary of state branch of Indian Medical Association
said that the Government should take strict action against those
responsible for the attack on doctors.
expressindia.com - 19/11/07
Cicatrices rituelles
C'est un grand jour pour
Hadirou. Ce petit béninois de 3 ans va vivre sa première
scarification. Sur la joue, il va être marqué de 3 cicatrices
obliques et d'une transversale, comme tous les membres de la
lignée des Princes de Djougou. Le moment est douloureux :
l'incision se fait à vif et le scarificateur repassera à 3
reprises sur chaque ouverture pour être bien certain de réussir
l'entaille. L'épreuve durera 30 longues minutes. Mais ce soir,
comme son père, comme ses frères, il portera les signes de son
appartenance ethnique.
La signification des
scarifications est plurielle. Elle varie d'un pays à l'autre,
voire d'une personne à une autre. Il n'existe ni règle, ni
codification universelle. Cette pratique ancestrale, localisée
en Afrique de l'Ouest - mais que l'on retrouve aussi chez les
aborigènes d'Australie et au sein de certaines tribus de
Nouvelle Guinée - répond autant à des besoins identitaires que
religieux, sociaux ou esthétiques, à l'image des tatouages
pratiqués par les peuples à la peau claire. A la fois carte
d'identité et oeuvre d'art, ces cicatrices peuvent marquer
l'appartenance à un groupe, à une lignée ou une place dans la
hiérarchie. Parfois, elles servent aussi de repères à un
évènement comme le mariage ou l'exploit guerrier ; elles
jalonnent les différentes étapes de la vie. D'autres fois, elles
placent le corps sous la protection des esprits, le protègent
des forces maléfiques ou ont des fonctions thérapeutiques. Les
Sarakolés par exemple, comme d'autres ethnies de la région de
Kayes, au Mali, ont 3 courts traits sur chaque tempe
représentant les traces d'une méthode de "guérison" appliquée
aux personnes qui ont mal aux yeux.
En outre, des études menées au
Togo ont récemment fourni une nouvelle explication à certaines
scarifications ; elles remplaceraient le carnet de santé.
Les antécédents médicaux
seraient en effet gravés sur le corps des patients et ainsi
conservés à vie. Chez la femme, c'est souvent sur le ventre,
autour du nombril, que se concentrent les stigmates.
Outre la dimension érotique, le
triomphe sur la souffrance vécue au moment de l'incision
attestera de sa capacité à endurer, plus tard, celle de
l'accouchement. Véritables marques initiatiques, ces coupures de
la chair sont toujours accomplies comme un rite de passage et
d'apprentissage de la douleur.
Aujourd'hui, les cérémonies de
scarification se font rares, sous les pressions multiples des
autorités religieuses - le Coran prône l'intégrité du corps - et
étatiques, des pratiques urbaines et de l'introduction de
l'habillement au sein des ethnies. En Côte d'Ivoire par exemple,
contrairement au Burkina Faso, ces marques sont globalement très
mal vues. Pour certains historiens, ce particularisme a
constitué l'un des freins à l'intégration des Burkinabés sur les
terres ivoiriennes. Les opposants aux scarifications
stigmatisent aussi l'insalubrité des conditions sanitaires dans
lesquelles elles sont généralement réalisées (...).
Choc magazine - 12/07
Article 222
est
publié par l'Association contre la Mutilation des Enfants
AME - BP 220 - 92108 Boulogne cedex
Composé et reproduit par nos soins.
Dépôt légal : 1er trimestre 2008
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