Article 222

 

Journal pour les Droits de l’enfant

 

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N°28                                              4e trimestre 2004

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Mon Nerf

 roman de Rachid Djaïdani

Le Seuil, février 2004.

 

En ce jour sacré, pour faire honneur à leurs hôtes, mes parents m'agrafèrent la tenue conforme du petit Aladin (...) Des youyous retentirent lorsque le cousin germain de ma mère eut franchi le seuil de notre demeure (...) Coiffeur de profession, il  portait un costume taillé à une autre mesure que la sienne (...) Je lui souris comme on offre une friandise, en échange d'une tape affectueuse, il me caressa le cuir chevelu, me baragouinant que c'était mon jour de propreté (...) Si j'avais pu décoder le message qu'il venait de me faire ouïr, j'aurais tenté de m'enfuir (...) A peine après avoir été câliné, je fus catapulté, smashé dans les tentacules du cousin germain qui, pour divertir, s'était agrafé la même tenue que la mienne, version Ali Baba : C'est ton jour de propreté...

Je l'avais zappé cette phrase. Des ciseaux aux anneaux dorés à la main. Le regard déterminé. Lui et ses alliés, avec un certain savoir-faire, me déshabillèrent, m'écartelèrent comme une étoile des mers, puis ils me pelotèrent le zizi de la même manière que la carotide du bée avant d'être sacrifié à ciel ouvert. Mère, d'un cri de youyou leur donna le signal.

Je fus tranché casher, circoncis sans rien sentir du chuchotement des ciseaux sur mon sexe. Mon père m'avait clamé de ne pas verser de larmes avec des mots efficaces : C'est pas une fillette mon fils. Je suivis son coaching. Je m'étais à tel point concentré à ne pas être une fillette que je me permis d'esquisser un léger sourire. Cela me valut la clameur de l'assemblée qui me récompensa de billets et piécettes. Les plus radins se contentèrent de m'agrafer sur les joues des baisers rêches.

On me fit un pansement artisanal. Immédiatement la plaie fut colmatée mais pas la douleur. Mes pleurs réclamèrent ma mère. Quelques semaines après mon jour de propreté, maman m'ôta mon pansement.

Elle poussa un cri en voyant la colonie d'asticots qui avaient élu domicile dans la viande de mon zizi... Pour être honnête, je devrais plutôt dire : du pus visqueux recouvrait ma plaie.

 

 

 

 

 

Docteur Gérard Zwang                                                                                                                Mercredi 5 Mai 2004

 

AME - BP 220

92108 Boulogne cedex

 

à l'attention du Docteur Brigitte MAUROY

Centre hospitalier St Philibert de Lomme

 

                                                          

                                                           Madame,

 

 Lisant dans le Dictionnaire de la sexualité (éditions l'Esprit du temps) auquel nous avons collaboré, l'article Vulve que vous avez signé, je me suis grandement étonné de certaines descriptions, sous la plume d'un professeur d'anatomie, de surcroît femme, et dans un ouvrage se voulant à la pointe du progrès scientifique.

Je vous cite mes principales causes de "sursaut" :

- la fourchette n'a jamais uni les grandes lèvres, mais les nymphes, par leur extrémité postérieure : pour former le pli commissural de Jayle. Les grandes lèvres n'ont aucune commissure jointive en arrière, pas plus qu'en avant.

- "l'érection des petites lèvres" à ma connaissance n'a aucun support physiologique, ce qui ne les empêche pas de gonfler au cours du stade en plateau; de même les mamelons ne possèdent-ils aucun appareil érectile : le durcissement de leurs fibres musculaires lisses provoque non une érection, mais le thélotisme, terme consacré.

- pourquoi citer le déplorable Sabatier, qui traite "d'humeur épaisse et jaunâtre" ce qui, chez les femmes bien tenues, ne correspond qu'au sébum le plus normal et le moins répugnant ? Les salles d'eau ont fait des progrès depuis 1791... Quant à nos ancêtres paléolithiques, elles ne vivaient jamais loin d'une eau courante ou lacustre, qui leur permettait les ablutions les plus élémentaires.

- le prépuce du clitoris des abyssines, pas plus que celui des Turques, Bambaras, Malinkés ou Asiatiques ne souffre d'aucune "hypertrophie ethnique" légitimant un "retranchement" qui n'est en fait qu'une excision clitoridienne complète; suivie de la salutaire infibulation, triomphe de "l'intégration symbolique" au groupe ethno-culturel. Cette fable d'anatomie-fiction sert d'excuse aux coupeuses de filles. Les premiers "explorateurs des pays chauds" ont gobé ces inepties, qu'Ambroise Paré et Voltaire ont avalées à leur tour... Il y a quelques siècles. Alors qu'ils n'avaient jamais vu de près la moindre Abyssine ou Turque adulte, et surtout porteuse de son clitoris natif, amputé dès l'enfance. Évidemment les tout dévoués "ethno-psychologues" du style de l'abominable Ehrlich, toujours prêts à venir défendre les plus ignobles mutilatrices, du moment qu'ils peuvent pérorer dans les prétoires, se font l'écho de ces billevesées. Mon Atlas du sexe de la femme (la Musardine, 2001) pourra vous montrer, sur ses 150 photos, des prépuces clitoridiens de toutes les couleurs, mais de conformation rigoureusement identique chez les Européennes, Africaines ou Asiatiques.

Qu'une anatomiste du XXIe siècle cautionne ces racontars "hors d'âge" et donc la légitimation de la "rectification clitoridienne" de millions de fillettes massacrées, m'a profondément choqué.

Il reste à souhaiter qu'une deuxième édition, après le gros succès de l'ouvrage permette de remettre les pendules à l'heure...

                                    Avec mes sentiments confraternels.

 

 

 

 

REVUE DE PRESSE

 

Le soin doit rester laïque.

 

Sage-femme depuis 22 ans, Marie Combe, sage-femme cadre à l'Hôtel Dieu (Lyon) a vu elle aussi des particularités religieuses et culturelles s'infiltrer crescendo à l'hôpital. "Au quotidien, on ne trouve aucun inconvénient à accueillir des patientes voilées, à les voir faire leur prière dans leur chambre, à adapter les repas", prévient-elle d'emblée, le problème, comme toujours, c'est l'urgence. "Quand la religion embolise le soin," précise-t-elle. Avant que l'affiche sur la mixité du personnel soit placardée dans la maternité, nous étions confrontés au moins une fois par semaine au cas d'un homme refusant un médecin de sexe masculin pour sa femme. Il y a plusieurs mois, on a vu arriver une patiente qui venait de perdre les eaux à 7 mois 1/2 de grossesse. Cette fois-là, l'interne de garde était un homme. Le mari s'est mis en colère, a voulu partir, emmener sa femme dans une clinique. J'avais beau lui expliquer le risque de mort in utero, il criait, claquait les portes de rage... Quelques jours plus tard, on a vu revenir la patiente. Et il a fallu prendre des mesures anti-infectieuses pour le bébé... "

Un autre cas ? Il existe des examens en échographie pratiqués par des médecins référents, appelés "en seconde intention" pour confirmer un diagnostic de malformation. "Or, chez nous, ce sont deux hommes... Lors d'une surveillance de fœtus, j'ai ainsi entendu un père refuser cet examen avec cet argument : ma femme n'aime pas se déshabiller devant n'importe qui. Tant pis si le bébé est malade ! Résultat : c'est stressant ; on s'inquiète pour la mère et l'enfant ; on n'a pas l'esprit libre pour soigner."

Parfois aussi, il faut faire attention à la disposition des chambrées. "Un jour, on a dû séparer une patiente intégriste musulmane d'une autre de la même confession parce que la famille de la première voulait obliger la seconde à se voiler..."

Des femmes en burqas ? " On en a reçu de temps en temps. Cela nous heurte, c'est vrai, quand le mari répond à leur place, qu'on ne les voit ni ne les entend.

Il m'est également arrivé de me faire insulter, en tant que femme... Ces situations tendues s'apparentent à une souffrance pour nous, soignants." Au final, elle se demande : "S'agit-il de religion ou d'une mauvaise interprétation de celle-ci ?"

Et d'insister : "le soin doit rester laïque. Heureusement, ces incidents restent le fait d'une minorité."

 

L'Express 13/9/04

 

 

 

Le besoin de s'informer

 

En vingt ans d'exercice, Martine Poutas, directrice de l'école de sages-femmes de Nancy, a vu le cursus de formation évoluer. "Au début on parlait très peu de religion dans les cours,  explique-t-elle. Cette approche est très récente. Il y a quelques années, quand un enfant allait mal en néonatalogie, on le baptisait. Classique. Et puis, de plus en plus confrontées aux demandes des patientes, les soignantes ont ressenti le besoin de s'informer. Certaines pratiques culturelles les étonnaient : elles étaient surprises, par exemple de voir un bouddhiste faire brûler une petite lampe sur la table d'accouchement. Ou certaines patientes musulmanes gênées, à l'échographie, quand on leur disait de regarder le fœtus bouger...

On ne savait pas qu'elles ne doivent pas voir l'intérieur de l'utérus."

La formation ? "En 2000, l'école a organisé des journées destinées aux sages-femmes de la région, sur l'approche transculturelle de la naissance chez les migrants". Auparavant, on avait fait venir, à la maternité, différents responsables confessionnels pour expliquer aux soignants comme appréhender la contraception, l'avortement, la douleur... Et, depuis 2001, l'école applique un nouveau programme de cours. Incluant dans le thème sciences humaines et sociales des chapitres sur les facteurs idéologiques, culturels et religieux et sur les mythes et rituels des différentes cultures.

L'Express - 13/09/04

 

 

Sexualité, si on en parlait -N°4- sur M6

 

Dans un sujet concernant l'impuissance, le commentateur masculin dit :

"Patrick devra faire un bilan hormonale pour diagnostiquer une carence en testostérone ; l'hormone du désir. Si c'est le cas, il suivra un traitement".

Pendant que cette dernière phrase est prononcée, la caméra fait un gros plan sur une représentation datant de l'Égypte antique qui représente une circoncision. Imaginons une femme victime d'un trouble sexuel. Le commentaire est identique, et la caméra fait un zoom sur la figuration d'une circoncision féminine ou d'une infibulation...

 

 LAC - 01/05/03

 

 

Forum de discussion avec le Docteur Aldo NAOURI

 

Que pensez-vous de la mode actuelle chez les pédiatres français de circoncire les jeunes enfants?

Réponse : Strictement aucun intérêt. Vous pouvez lire en détail tout sur cette question dans mon livre L'enfant bien portant (Seuil) au chapitre phimosis.

Forum Nouvel Obs - 18/05/04

 

 

Accidents médicaux : les députés n'en ont cure

 

A croire que les morts de la canicule - pendant que Roseline Bachelot prenait un malin plaisir à conseiller aux concitoyens de faire des économies d'énergie en se passant, par exemple, de la climatisation - n'ont pas suffi. Les députés, lors du débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale, ont tout bonnement supprimé, par la grâce d'un amendement du député UMP du Bas-Rhin Yves Bur, la dotation de 30 millions d'euros de l'Office National d'Indemnisation des Accidents Médicaux (ONIAM). "C'est un message politique de mépris aux victimes d'accidents médicaux", tonne dans Libération Alain Michel Ceretti, membre du conseil d'administration de l'ONIAM et président du LIEN, association de Lutte et d'Information sur les maladies Nosocomiales. Rapportant que le secrétaire d'état à l'assurance maladie, Xavier Bertrand, n'était pas d'accord, l'organisme, créé par la loi Kouchner, ayant à traiter pour la seule année 2005 près de 5.000 dossiers et indemniser - à hauteur de 50 000 euros chacun - au moins 1000 victimes mais que "le gouvernement s'en est remis à la sagesse de l'Assemblée". Pourtant, alors que Chirac fait du cancer sa nouvelle fracture sociale, comme le souligne le président du LIEN, un rapport du ministère de la Santé estimait que "le seul coût des infections nosocomiales évitables en réanimation pourrait atteindre 200 000 euros par an". Qu'importe, les députés n'en ont cure. Pendant ce temps-là, les infections nosocomiales continueront à tuer plusieurs milliers de personnes chaque année.

L'Humanité 2/11/04

 

 

Un chanteur malien s'engage du côté des femmes

 

Il a 25 ans, de petites tresses qui encadrent son visage. Son chant a retenti hier dans la salle magistrale de l'Académie de médecine pour chanter contre l'excision.

"Exciser, c'est pas bon" : exilé en France depuis peu, Bafing Kul a pu enregistrer et produire, dans un CD de 4 titres, financé par la Commission pour l'abolition des mutilations sexuelles (CAMS), cette chanson, en français et en dialecte malien bambara. "C'était à la demande d'une Américaine qui travaillait pour une ONG. A cette occasion, j'ai moi même tout appris de ce sujet dont on ne parle pas au Mali. Que rien dans le Coran n'y oblige. Que des petites filles - prétendues ensorcelées - meurent d'hémorragie après excision. Que c'est aussi ce qui fait mourir tant de femmes en couche... Il ne faut pas que ça continue", dit le jeune chanteur dont la voix, saluée par ses "sœurs" lors du Colloque, a été priée de se taire au Mali. Les religieux islamistes l'accusaient de satanisme.

Les autorités maliennes ont interdit de faire tourner sa chanson dans les villages. A Paris, elle sera disponible à la Fnac.

 

Le Parisien 11/06/04

 

 

L'Académie de médecine part en guerre contre l'excision

 

L'Académie de médecine part en guerre contre l'excision, un "autre crime contre l'humanité", et a invité les médecins à signaler à la justice toute mutilation sexuelle féminine subie par une enfant.

"Toutes les 4 minutes une fillette est mutilée quelque part dans le monde" a souligné Khady Koïta, présidente du réseau européen pour la prévention des pratiques traditionnelles néfastes et des mutilations génitales féminines. D'après l'OMS plus de 130 millions de femmes ont subi ces mutilations et chaque année 2 millions de fillettes les subissent ou risquent de les subir",  a-t-elle rappelé lors du colloque organisé à Paris par l'Académie de médecine en association avec l'ONG Équilibres et Population. Il y aurait dans l'Union Européenne environ 100 000 femmes et fillettes mutilées ou menacées de l'être, la France venant en tête des pays concernés, suivie par l'Italie, l'Allemagne et le Royaume-Uni, selon la sociologue Isabelle Gillette-Faye, directrice du GAMS. En France au 1er janvier 2002, 35.000 fillettes et adolescentes (sénégalaises, maliennes ou mauritaniennes) étaient excisées ou menacées de l'être, dont 19 000 pour la seule région Île de France. Les départements des Bouches-du-Rhône, de l'Eure, du Nord, de l'Oise, du Rhône, de la Seine-Maritime sont également concernés selon Mme Gillette-Faye. Pour éradiquer les mutilations sexuelles féminines en France ou sur les Françaises à l'étranger, l'Académie invite les médecins à signaler à la justice tous cas d'excision et à rappeler que cette pratique est légalement interdite en France, lors de tout examen médical dans une famille venant d'un pays à risque, en particulier au moment de la naissance d'une fille. 

Ils doivent aussi examiner régulièrement la vulve de l'enfant, a souligné le Pr Binet, insistant également sur le rôle de la médecine scolaire qui pourrait prendre le relais des examens effectués dans les centres de PMI.

A Paris, en Seine-St-Denis, les centres de PMI pratiquent déjà un signalement systématique des cas d'excision, pour "protéger les enfants à venir" au sein de cette famille, et "les autres enfants de la communauté", ont expliqué les Docteurs Marcelle Delour et Emmanuelle Piet.

Les enseignants peuvent aussi alerter le médecin scolaire, selon le Dr Piet, qui cite le cas d'une institutrice ayant entendu une fillette parler d'un départ en Afrique avant les vacances scolaires pour "participer à une fête réservée aux filles".

Information, prévention dans les PMI ont permis de réduire les cas de mutilations avant l'âge de 6 ans (30 constatés en 4 ans à Paris, selon le Dr Delour), mais le risque subsiste dans les années suivantes, selon les médecins et associations.

En France, les peines prévues pour la mutilation et pour le ou les responsables de l'enfant mutilé sont définies par le code pénal : l'Article 222-9 prévoit 10 ans d'emprisonnement et 150 000 euros d'amende.  l'Article 222-10 précise que si la mutilation est commise sur une victime de moins de 15 ans par un ascendant légitime, la peine encourue est de 20 ans de réclusion criminelle. En pratique, les cours d'assises considèrent souvent que la tenue du procès dissuade suffisamment le coupable de récidiver, pour que les peines fermes soient rares. Mais depuis 1999, les tribunaux accordent des dommages croissants, selon Me Weil-Curiel : "ils sont passés de 12 000 à 26 000 euros par enfant. Plus que la crainte de la justice, c'est la menace de ruine qui réveille les pères!"

Quant aux médecins, l'Article 16-3 du code pénal leur interdit d'intervenir pour autre chose que la prévention, la réparation, les soins. Ce qui les écarte de toute tentation de médicalisation de la torture, de la peine de mort ou des mutilations sexuelles féminines. Enfin, l'Article 226-14 du code pénal précise qu'aucune poursuite ne peut être engagée contre des médecins qui signaleraient des cas d'excision portés à leur connaissance.

Le Figaro - 10/06/04

 

 

Une ex-James Bond girl contre l'excision

 

A l'âge de 5 ans, Waris Dirie a éprouvé la terreur de sa vie face à l'exciseuse. Aujourd'hui, le mannequin somalien met sa célébrité au service de son combat contre les mutilations sexuelles.

Waris Dirie, 33 ans, qu'on avait vue aux côtés de l'espion de sa Majesté en 1987 dans Tuer n'est pas jouer, participe à la Conférence internationale contre les mutilations génitales chez les femmes, à Nairobi, où elle relate son histoire.

"J'ai eu une enfance merveilleuse, sauf cet atroce souvenir qui me collera à la peau pour le reste de ma vie", explique-t-elle en évoquant le couteau de l'exciseuse. Quand son père envisage par la suite de la marier à un homme beaucoup plus âgé qu'elle, Dirie alors âgée de 13 ans, s'enfuit vers Mogadiscio à travers le désert et finit par rejoindre Londres, où elle débute comme bonne.

Cela fait 10 ans que la beauté somalienne fait campagne. En 1997, elle a été nommée ambassadrice de bonne volonté des Nations-Unies pour les droits des femmes contre l'excision.

Waris Dirie a refusé de préciser quel type d'excision elle a subi. Mais en général, les filles de Somalie endurent la forme la plus extrême, avec une ablation totale de toutes les parties génitales externes suivie de la suture des plaies qui ne laisse qu'un orifice minimal pour l'écoulement de l'urine et des règles.

Les experts réunis à Nairobi ont également expliqué que les mutilations sexuelles féminines était étroitement liées à la propagation du sida. L'Afrique, continent le plus cruellement touché par le virus avec 25 des 38 millions de séropositifs estimés dans le monde, compte aussi davantage de femmes excisées que n'importe quelle autre région du monde.

AFP - 18/09/04

 

La lutte contre les mutilations génitales passera

par la parole des griots africains

 

Réunis à Ouagadougou, capitale du Burkina-Faso, du 27 au 30 septembre, une centaine de griottes et griots de 10 pays africains de l'Afrique de l'Ouest se sont engagés à lutter contre l'excision, ce massacre considérable qui n'est plus tabou.

Pour convaincre ces griots, l'Agence intergouvernementale de la francophonie, qui est à l'origine de ce forum, et l'agence suisse Intermédia consultants, chargée de l'organiser, ont cassé le tabou qui couvre trop souvent encore l'ensemble des pratiques d'amputations génitales féminines, en Afrique principalement.

Mardi 21 septembre, 13 femmes comparaissent devant le tribunal de Thanghin, un quartier populaire de Ouagadougou. Elles entourent une vieille femme, Mme Adama Barry, exciseuse, récidiviste pour la 5ème fois. Les femmes, mères, grands-mères ou tantes des petites filles, sont condamnées à 3 mois de prison, Mme Barry à 3 ans, une peine record au Burkina. Les petites filles avaient entre 3 et 6 ans. La vieille femme a excisé les 16 enfants avec la même lame de rasoir, entraînant des risques de contamination du sida ou de l'hépatite B. En outre, elle a recouvert les plaies avec de la poudre noire suspecte, représentant un grand danger d'infection. Certaines victimes avaient des hémorragies et doivent leur vie à l'intervention rapide des médecins. Et comme la vieille exciseuse ne voyait pas bien, elle a coupé les petites lèvres avec le clitoris. Le sexe de certaines fillettes était littéralement arraché.

Des 28 pays africains où se pratiquent les mutilations sexuelles, dans une large bande allant de la Somalie à la Mauritanie, 16 appartiennent au monde francophone. L'excision se pratique également en Égypte, au Yémen, en Malaisie et en Indonésie.

72% des femmes du Burkina sont excisées, contre 92% des Maliennes, 75% des Ghanéennes, 71% des Mauritaniennes, 40% des Togolaises, 20% des Sénégalaises. A Djibouti et en Somalie, 98% des femmes sont excisées et 50% des décès de femmes seraient dus à ces pratiques.

Dans certaines ethnies du Mali, du Bénin, du Sénégal et de la Mauritanie, les femmes sont encore mutilées à près de 100%.

 

La Liberté - 11/10/04

 

Sembène Ousmane combat l'excision

 

Le réalisateur sénégalais Sembène Ousmane, l'un des doyens du cinéma africain, est sur la croisette. Son dernier film, Mooladé, est présenté au festival de Cannes dans la section Un Certain Regard, en sélection officielle, le 15 mai.

"Je dédie Mooladé aux mères, femmes, qui luttent pour abolir cet héritage d'une époque révolue". Ainsi parle le réalisateur qui signe même dans le dossier de presse du film "L'aîné des anciens" montrant ainsi qu'il ne prend pas seulement position en tant que cinéaste (un des plus respectés du Sénégal) ou comme romancier (reconnu internationalement) mais également comme homme dont l'expérience lui confère autorité.

Une prise de position officielle, un film montré au Festival de Cannes, voilà une publicité opportune pour un combat quotidien en Afrique, de ceux qui peuvent mettre en ébullition toute une communauté. Ainsi le huitième long-métrage de Sembène se situe dans un petit village du Burkina Faso. Une femme, Collé, mère excisée, après avoir soustrait son unique fille de la Purification (excision), recueille sept ans plus tard 4 fillettes échappée de la cérémonie et lui demandant le droit d'asile; le village se partage alors entre les tenants de deux valeurs : la Salindé (tradition de l'excision) et le Moolaadé (tradition du droit d'asile).

Il s'agit là d'une remise en cause de la place de la femme dans la société africaine, et ce n'est pas un hasard si l'une des premières réponses des hommes du village est de confisquer toutes les radios aux femmes, et de les empiler devant la mosquée pour un autodafé moderne.

Second volet d'un triptyque dont le premier, Faat-Kiné suivait une mère célibataire en ville, Moolaadé trace une nouvelle fois le portrait exemplaire d'une "héroïne du quotidien"dont le courage finit par emporter l'adhésion de tous et changer le destin du village dans son entier...

africk.com - 14/05/04

 

 

Le chirurgien qui répare les excisions

 

C'est une discussion entre filles. On écoute du R'n'B, on boit du Coca light. Certaines vont fumer dans la cuisine pour ne pas gêner celles qui viennent d'arrêter. Fatou, Amy et Bintou, tout juste 30 ans, ressemblent à toutes les filles de leur génération. L'une est célibataire, l'autre élève seule sa fille de 7 ans et la 3ème en est à son second mariage. Elles ont grandi en France et entendent bien profiter des acquis du féminisme. N'empêche, ces trois jeunes femmes d'origine malienne n'en portent pas moins dans leur chair la trace des traditions ancestrales,  elles ont toutes trois été excisées. A l'occasion de vacances en Afrique, pour certaines à l'insu de leurs parents. "On a été coupées!", assènent-elles mi-figue, mi-raisin, avec cet humour cruel qui caractérise ceux qui ont connu une souffrance indicible. Et si aujourd'hui Fatou, Amy et Bintou rient de ce qui les a tant fait pleurer à 20 ans, c'est parce que depuis elles ont été "réparées". En effet, il existe en France une opération chirurgicale capable de réparer les dégâts causés par l'ablation de la partie externe du clitoris. A l'origine de cette révolution médicale, un homme : le professeur Pierre Foldes, urologue français et médecin humanitaire, le seul chirurgien au monde à pratiquer cette technique exclusive.

La première opération a eu lieu au Burkina, il y a plus de 20 ans, raconte-t-il. J'étais parti là-bas avec l'OMS. Au départ, le but était de soulager les souffrances des femmes mutilées. Mais avec le temps, les motivations des femmes venues le consulter ont évolué, notamment lorsqu'il a choisi d'opérer bénévolement dans une clinique de St Germain-en-Laye. Pendant plusieurs années, le Pr Foldes a refusé toute médiatisation. Ayant reçu des menaces de mort provenant de milieux traditionalistes et islamistes, il voulait protéger ses patientes. Mais ce sont justement elles qui l'ont poussé à se faire connaître. Depuis deux ans, à mesure que Pierre Foldes s'est exposé dans les médias, le nombre de ses patientes a considérablement augmenté, révélant une pratique insoupçonnée de l'excision en Occident. Si depuis ses débuts, l'urologue a réparé près de 350 femmes, en ce moment il opère au rythme de 15 interventions par semaine. Devant la demande croissante émanant des quatre coins du monde, il est en train de former d'autres praticiens, venus d'Afrique, de Suisse ou des USA.

Et en France, son combat a récemment porté ses fruits: l'Académie de médecine vient de reconnaître l'excision comme une pathologie, et sa réparation est désormais prise en charge par la Sécurité sociale.

"Le clitoris n'a jamais fait l'objet d'aucune recherche scientifique approfondie.

Cet organe entièrement dédié au plaisir effraie. Il est tabou dans toutes les sociétés, pas seulement dans celles qui pratiquent l'excision." C'est en outre une des raisons pour lesquelles ce chirurgien hors du commun refuse de monnayer ses services. "Certains de mes confrères me prennent pour un fou. Mais ces femmes ont été victimes d'un crime. C'est pour moi un devoir de les réparer gratuitement. D'autant que je suis un homme." Sa plus grande fierté ? Que ses patientes deviennent des militantes. Peu à peu, les langues se délient, les excisées parlent, les tabous tombent. Et l'humanité avance.

Glamour - 10/04

 

 

Prison avec sursis après l'excision de leur fille

 

Cinq ans de prison avec sursis pour Ousmane, qui est aussi déchu de ses droits civiques pendant le même laps de temps. Un an de prison avec sursis pour Maïmouna. Les jurés parisiens ont opté pour la sévérité qu'avait requise l'avocat général en condamnant le père et la mère de Baroma, petite fille aujourd'hui âgée de 8 ans, née à Paris, excisée en 1997 au Mali. Chauffeur de taxi dans la capitale où il vit depuis 1972, de nationalité française depuis 1981, Ousmane, le père, n'a donc pas convaincu la cour sur son opposition de principe à la pratique de l'excision. "Je suis contre, c'est mal, ça fait mal", avançait l'homme de 58 ans à la barre, expliquant qu'il n'y était pour rien si sa fille, deuxième enfant d'une jeune seconde épouse, avait été excisée. La mutilation aurait été pratiquée par la grand-mère paternelle fin 1997. Ousmane et sa jeune épouse - aujourd'hui âgée de 28 ans seulement - étaient retournés au pays pour quelques mois, afin de présenter la petite Baroma et son frère aîné à leurs grands-parents. Ils avaient laissé les enfants une semaine, le temps d'un voyage à Bamako, sans se douter, disaient-ils, qu'elle serait mutilée. Ousmane savait que la loi française interdit cette pratique. Maïmouna prétendait n'en avoir rien su, jusqu'à l'enquête de police qui a suivi le signalement fait par la PMI du XX ème arrondissement  de Paris en 1998. Elle n'en a pas tout à fait convaincu les jurés, puisqu'ils ne l'ont pas acquittée, comme le réclamait l'avocate de la jeune femme.

 

Le Parisien - 17/11/04

 

L'éthique, maillon faible du cursus médical

 

Le comité consultatif national d'éthique (CCNE) avait été saisi en juillet 2003 par Jean-François Mattéi, alors ministre de la Santé, pour étudier les propositions faites dans le rapport Éthique et profession de santé remis le 19 mai 2003 par Alain Cordier, ancien directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Celui-ci mettait l'accent sur quatre grands motifs de préoccupation.

Il pointait d'abord les effets de la dépersonnalisation des soins à l'hôpital liée à l'extrême spécialisation des différents acteurs de la chaîne hospitalière.

Avec pour corollaire une relation particulièrement anonyme pour le malade, confronté à une multitude de personnes différentes et à une certaine dilution des responsabilités. Ensuite, il insistait sur l'effacement de la clinique au profit de la technique, le médecin se trouvant insensiblement intronisé en "faiseur d'images" et "le malade disparaissant derrière un arsenal technologique, qui fait écran, dans tous les sens du terme".

Il s'interrogeait aussi sur les limites du tout juridique, "avec chez les patients la montée d'une ardeur procédurière" en même temps "qu'ils se trouvent de plus en plus souvent confrontés à des réflexes défensifs de la part des praticiens".

Le document soulignait enfin la tension croissante entre l'individu et la société à propos des coûts générés par les nouveaux médicaments et les nouvelles techniques médicales. Fort de ces quatre points, le rapport Cordier recommandait un travail de sensibilisation des consciences aux questions éthiques.

"Car l'enseignement actuel privilégie les réponses techniques, l'empilement d'examens destinés à une rationalisation apparente de l'abord du malade" écrivent les sages, réunis autour de Pierre le Coz, professeur de philosophie à la faculté de Marseille et responsable de l'Espace éthique de Marseille, le rapporteur de cet avis du comité d'éthique.

Le CCNE juge nécessaire "d'éveiller les étudiants à la perception des situations difficiles, tout en leur apportant des conseils de méthode dont ils semblent avoir grand besoin à une époque où les nouvelles techniques d'investigation contribuent à la multiplication des dilemmes moraux". Les problèmes posés autour de la fin de vie en sont un exemple patent et illustrent à l'envi les différences entre éthique et déontologie. "La déontologie fixe le cap mais elle ne saurait tenir lieu de réflexion éthique", martèlent les membres du CCNE pour qui "l'éthique enseigne l'humilité de l'incertitude en opposant aux réponses définitives, l'inquiétude morale et le sens de la contingence des décisions". Ils estiment aussi que "nombre de procès seraient probablement évités aujourd'hui si les médecins avaient pu bénéficier, durant leur formation, de cours consacrés, par exemple, à une réflexion éthique sur l'information du malade. L'expérience montre que les malades sont moins enclins à instruire un procès à l'encontre d'un médecin qui reconnaît, après coup, n'avoir pas opté pour la meilleure option thérapeutique qu'à un médecin qui tente de dissimuler une erreur ou qui n'a pas donné d'information."

Forts de ces réflexions, les sages proposent d'introduire des modules d'éthique dans la formation des étudiants avec une participation obligatoire et non plus facultative. Avec des cours interactifs et "non pas une nouvelle discipline à apprendre par cœur. Il faudrait retrouver cette idée que l'exercice de la médecine procède pour moitié d'un savoir et pour moitié d'une particulière aptitude à la relation humaine", résume le philosophe Pierre Le Coz.

Le CCNE préconise enfin de développer des espaces éthiques régionaux afin de permettre à tous les médecins en exercice, et notamment les praticiens de ville et de campagne "souvent seuls pour prendre des décisions lourdes de conséquences", de pouvoir confronter leur expérience décisionnelle avec d'autres praticiens mais aussi des juristes, des philosophes ou des représentants associatifs.

 

Le Figaro - 01/09/04

 

 

 L'Institut médico-légal israélien

en question suite à ses pratiques post-mortem douteuses

 

Orah Berez partait se recueillir sur la tombe de sa fille, Tamar, tuée par une attaque terroriste 5 ans auparavant, lorsque son téléphone sonna.

Un fonctionnaire du gouvernement l'informait que des organes avaient été pris sur sa fille avant son enterrement. Des parties du corps avaient été secrètement retirées à l'Institut Abu Kabir de Tel Aviv lors de l'autopsie.

La famille Berez est, avec des dizaines d'autres familles israéliennes et palestiniennes, traumatisée par ses révélations.

Selon le journaliste du Yediot Ahronot, Ronen Bergman, une enquête récente prouve que des milliers d'organes ont été retirés des corps en observation à l'Institut médico-légal, sans le moindre consentement des familles, en toute illégalité. L’Institut monnayait ensuite ces organes aux hôpitaux du pays.

Les médecins de l'Institut retiraient des pieds, des mains, des testicules, des reins, des yeux, en cachant leurs trafics pour éviter les soupçons. Le ministre de la Santé, Nissim Dahan, souhaiterait remplacer son directeur, Yhudah Hiss, mais l'avocat général de la Cour suprême israélienne lui a répondu que seules des charges criminelles pourraient réglementairement le faire destituer.

 

Irish Times - 11/01/02

 

 

Van Gogh, un meurtre en travers de la gorge

 

Encore aujourd'hui, quelque chose reste en travers de la gorge, dans le meurtre du cinéaste néerlandais Theo Van Gogh. Et plus précisément, dans cette étrange discrétion française qui l'a jusqu'ici entouré. Certes, la concurrence est rude dans l'actualité internationale (...) Il est vrai que cela se passe dans un pays lointain et méconnu, les Pays-Bas. C'est loin, les Pays-Bas. Pas autant que Paris de Clermont-Ferrand, certes, mais si peu médiatique, aussi !

Si ce meurtre ne passe pas, c'est d'abord en raison du patronyme de la victime, évidemment, qui fait raisonner en nous un étrange et obsédant "c'est van Gogh qu'on assassine". Mais pas seulement. Des mots n'ont pas été prononcés.

Des débats n'ont pas été tenus. Nous devons davantage à ce Coluche batave qu'un sobre ensevelissement de fin de journal. Et il suffit pour s'en convaincre de voir les images des provocations télévisées de Van Gogh.

Car Theo était d'abord un provocateur télé.

Dans une soirée où se trouvent des responsables politiques néerlandais, il exhibe une créature noire sculpturale, qu'il présente comme sa femme.

"Je l'ai fait exciser, c'est beaucoup mieux", explique-t-il à différents invités interloqués.

Dans un autre sketch, armé d'un énorme couteau de boucher, il fait mine de militer pour le remboursement de l'excision par la Sécurité sociale. Et surtout, dans le court métrage Soumission diffusé en août dernier, il montrait longuement une femme au visage dissimulé sous un voile noir, le corps nu sous un voile transparent, couverte d'ecchymoses et de tatouages de versets du Coran (...)  Peut-être Van Gogh a-t-il vraiment voulu frapper où cela faisait le plus mal. Peut-être l'a-t-il fait méchamment, injustement, aveuglément.

Mais en se souvenant que Van Gogh a été poignardé pour cela, en pleine rue, on n'a envie que d'une chose : se regrouper autour de ces provocateurs.

Oui, la provocation, même de mauvais goût, doit être chérie comme un trésor. Oui, l'enjeu de ce meurtre est mondial. Oui, c'est une guerre qui se mène là, une autre guerre, la guerre du rire, du rire grossier, du rire injuste, du rire blasphématoire, mais du rire irremplaçable.

Oui, il faut chérir nos Voltaire, aujourd'hui plus que jamais. Oui, l'héritage des Lumières, alors que partout le ciel s'assombrit, de Washington à Bagdad, et de Rome à Islamabad, est plus moderne que jamais.

L'Europe, au moins, doit rester cette parenthèse enchantée où tout est permis avec des images et des mots. Pas avec des poignards.

 

Daniel Schneidermann – Libération – 19/11/04

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Journée internationale des Droits de l’Enfant

Samedi 20 Novembre 2004

Le docteur Gérard Zwang

a le plaisir de décerner le prix de

l’Association contre la Mutilation des Enfants

à Monsieur Nicolas Fargues

pour son roman rade terminus

paru aux éditions P.O.L

 

www.enfant.org

 

 

http://www.enfant.org

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