Article 222 Journal pour les Droits de l'Enfant N°20 - 1 euro
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Circoncision & Castration
Circoncision :
_____________________________ La Cité Magique et Magie en Afrique noire de Jacques
Lantier, éd. Fayard, 1972.
Ce peuple s'avère l'un des plus traditionalistes du monde. L'habitude se sacralise de telle sorte qu'au cours des conversations banales et courantes échangées quotidiennement on n'est autorisé qu'à employer les mots et qu'à exprimer les sentiments fixés de temps immémorial. C'est la société rêvée pour les amateurs d'ordre absolu auxquels je recommande personnellement d'accomplir, dans une région qui ne manque pas de beauté, un voyage d'étude, susceptible de leur donner tous les éclaircissements possibles sur leur propre comportement (...). J'ai eu la chance d'assister à une cérémonie de circoncision qui dépassa en intensité dramatique tout ce que j'avais pu imaginer après la lecture de la monographie désormais classique de Leiris, parue en 1934, dans le Journal de la Société des africanistes. Pendant 7 jours et 7 nuits, la population mâle et femelle ne dessoûla pratiquement pas. Imaginez un liquide ayant la couleur de l'urine, l'odeur du poisson pourri et la saveur du pétrole. Du fait des rites nécrophagiques en pays kirdi, toutes sortes de soupçons viennent à l'esprit quand on avale cette bière. Les trésors d'imagination apportés à la fabrication des liquides magiques sont, hélas, inépuisables. La décence m'empêche de
décrire les scènes de lubricité dont je fus le témoin. Après la 7ème nuit, la
population retrouva comme par enchantement son équilibre. Au petit matin, des
bouviers, qui avaient rassemblé dans la montagne un troupeau de bovins maigres
et chétifs, introduisirent les animaux, beuglants et gémissants, dans l'aire
des festivités. Un énergumène emplumé arracha l'œil d'une vache d'un expert
coup de l'index et l'avala. La vache n'eut pas le temps de réfléchir :
quelqu'un lui trancha la gorge. Un enfant se jeta sur elle et but à sa gorge un
flot de sang, qui jaillissait, rouge et généreux. Partout on tuait, on
mutilait. La torture dura plus d'une heure. Il y avait plus de 30 bêtes
étendues sur le sol, percées de coups, lardées, tranchées, mutilées, étripées.
Les hommes, hébétés, contemplaient l'holocauste. Alors le tam-tam résonna. Le
forgeron-magicien, de la caste maudite mais privilégiée des batteurs de fer,
menait le cortège. Derrière lui, des jeunes gens nus arrivaient, marchant à
petits pas, sautillant, chaque testicule ligoté par une ficelle en fibre de
baobab. Ces adolescents, candidats forcés à la circoncision, s'alignèrent et
attendirent, l'air hagard, la suite des événements. Je présume qu'ils étaient
drogués, à moins que l'angoisse seule expliquât la détresse contenue dans leur regard.
A ma grande surprise, je vis qu'un individu masqué et tatoué était allé
chercher des femmes, qu'il amenait maintenant, complètement nues. Mon mentor
m'expliqua qu'il s'agissait d'épouses stériles que leur participation au rite
devait rendre fécondes. Elles s'installèrent devant les
garçons, une femme pour chacun. Sur un signe du chef de magie, les femmes se mirent à
tripoter le sexe des garçons, à lui donner de petites claques, à le masser. Elles
s'adressaient au pénis - qui commençait
à gonfler - comme s'il avait pu comprendre ce qu'elles disaient. Quand les
attouchements restaient sans effet, le forgeron s'approchait et fouettait 2 ou
3 fois le sexe récalcitrant avec une herbe aux propriétés vésicantes.
Finalement, les candidats
présentèrent tous un pénis en érection. Le tam-tam s'arrêta. Des hommes étaient
venus se placer derrière les jeunes gens pour les immobiliser. Le
forgeron-musicien s'approcha du groupe et
rapidement, avec une lame acérée, d'un geste circulaire il coupa aux garçons, à
tour de rôle, la peau de la verge au niveau du pubis. Les jeunes gens serraient
entre leurs dents des morceaux de poumon de vache ; ils mordaient dans cette
viande pour ne pas crier de douleur, mais on voyait à leurs contorsions et à
leurs mimiques qu'ils atteignaient les limites du supportable. Le forgeron
passa une nouvelle fois devant le groupe et fit à chacun une entaille profonde
sur toute la longueur du pénis. Il déposa son couteau sur une pierre, puis il
décortiqua les verges l'une après l'autre, entièrement, avec une coquille, et
se mit à les dépouiller prestement en tirant dessus comme pour écorcher un
lapin. Les patients devaient hurler dans leur morceau de poumon de vache. Leurs
jambes s'agitaient de tremblements. Leur sexe, encore
en érection, n'était plus qu'un moignon sanglant. Revue de Presse
Prépuces à recycler : la greffe de peau, un débouché de la
circoncision. A raison d'un
centimètre par pénis, et de 647 millions de pénis circoncis (516 millions de
musulmans, 115 millions de Nord-Américains -70% sont circoncis par tradition-,
8 millions d'Africains et 6 millions de Juifs...) ça nous fait plus de six
mille kilomètres de peau perdus. Devant ce gâchis, on ne peut qu'applaudir les
travaux du Dr Yitzhak Ziv. Ce chercheur de Tel Aviv vient en effet de mettre au
point une nouvelle méthode de greffes de peau... à partir de prépuces. Cela ne veut pas
dire que les brûlés s'appliqueront de la peau de bite sur le visage. La
technique est plus subtile. Les cellules sont placées dans du collagène de
bovin. Et là, elles se reproduisent : un seul prépuce peut alors engendrer
25000 m2 de peau ! Avec
647 millions de prépuces, on aurait largement de quoi refaire un lifting à tous
les lépreux du globe. En fait, ce genre
de technique existe depuis longtemps en Israël et aux États-Unis. Ce n'est pas
que le prépuce possède des propriétés particulières. On pourrait, de la même
manière, cultiver n'importe quel déchet opératoire. Mais, à la différence d'un
mollet d'accidenté de la route, le prépuce de bébé est propre, jeune, et se
reproduit bien. D'ailleurs, la greffe n'est pas son seul débouché : en Israël,
il sert aussi à fabriquer l'interféron, un produit utilisé dans le traitement
du cancer (ce qui devrait faire réfléchir l'antisémite soigné grâce à du prépuce
juif).Le prépuce est donc une industrie rentable. En France, il a payé pas mal
de maisons de campagne : "certaines cliniques vivent de la circoncision
rituelle" rapporte un toubib qui tient à garder l'anonymat. "Les
médecins la déclarent comme une circoncision médicale, justifiée par exemple
par un phimosis. Du coup, c'est la Sécurité sociale qui supporte le coût d'une
pratique religieuse, ce qui n'est pas normal." Aux États-Unis,
les parents tirent aussi un petit bénéfice de la vente du prépuce de leur gosse.
Et le prépuce est même coté en Bourse par l'intermédiaire de sociétés, comme
Novartis, qui commercialisent les bandes de peau artificielle. Quelques
médecins se donnent bonne conscience en prétendant que la circoncision diminue
les risques d'infection ou de transmission du sida...En vérité, les recherches
ne sont pas convergentes, et le vieil argument hygiéniste ne tient pas. Le
prépuce ne s'infecte que s'il est sale. La circoncision était peut-être
justifiée lorsque les gosses se lavaient une fois par mois. Mais à l'ère du
savon, substituer l'ablation au lavage est aussi absurde que de couper les
oreilles plutôt que d'utiliser des Coton-Tige. Osons donc nommer la
circoncision pour ce qu'elle est : une mutilation sexuelle. Bien sûr, elle n'a
rien à voir avec l'excision, bien plus handicapante, question septième ciel...
N'empêche qu'aux États-Unis pas mal d'hommes reprochent à leurs parents de les
avoir charcutés à leur insu : 60% des Américains circoncis pour des raisons non
religieuses se sentent mutilés et se plaignent d'une perte de sensibilité. Les
plus radicaux vont même jusqu'à une"restauration de prépuce",
technique déconseillée avec le Viagra, puisqu'elle consiste à allonger la peau
de pénis restante et la maintenir pendant plusieurs semaines avec du papier
adhésif ! Comme la
circoncision a encore de beaux jours devant elle, autant qu'elle serve la
médecine. D'ailleurs, les médecins somaliens ou soudanais devraient s'inspirer
de leurs confrères occidentaux. Ils pourraient alors rentabiliser l'excision.
Tous ces millions de clitoris gaspillés chaque année, ça doit bien trouver à se
placer...Pourquoi pas dans la chirurgie des transsexuels ? Charlie Hebdo -
04/10/00 L' article sur la
circoncision paru dans Charlie n°433 nous a valu un important courrier. Que des bonnes
choses, du genre "Bravo pour votre article sur la mutilation sexuelle
qu'est la circoncision" ou "Il faut un drôle de courage pour oser
braver un tel tabou". Merci à tous ceux qui ont écrit, ça fait rudement
plaisir. Charlie Hebdo - 31/10/00 La longue histoire des mutilations sexuelles. L'excision et la
circoncision, indissociables dans leur symbolique (partout où l'on mutile les
petites filles, on mutile les petits garçons) constituent dans les sociétés qui
les pratiquent des rites d'initiation. Ces mutilations reposent au départ
sur l'idée de l'ambivalence de l'être. Le clitoris est ainsi le symbole de
l'élément masculin chez la femme et le prépuce le symbole de l'élément féminin chez l'homme. Chaque être naît avec
deux âmes de sexe opposé contenues pour l'un dans le clitoris, pour l'autre
dans le prépuce. L'excision et la circoncision, nées le long des vallées du
Congo et du Niger (avant de remonter, pour la circoncision, vers la basse
vallée du Nil vers -3000 avant JC) ont donc pour but et pour effet de confirmer
chacun dans son sexe. Ces deux rituels d'initiation sont pratiqués
collectivement et donnent lieu à de grandes fêtes ; ils constituent des rites
de passage qui permettent à l'enfant, en le confirmant dans sa sexualité, d'entrer
dans la société des adultes. C’est la condition sine qua non pour pouvoir
se marier et tout individu qui n'a pas franchi ce passage est rejeté au ban de
la communauté. Pire, une femme non-excisée peut être rendue responsable de tous
les malheurs et chassée du village. Autour de cette idée se sont donc
articulées bien des croyances. On dit ainsi, chez les Dogon et les Bambara du
Mali, que le clitoris excisé se transforme en scorpion. Plus souvent, on
prétend que le clitoris peut "blesser, voire tuer l'homme pendant les
relations sexuelles". Les campagnes pour
mettre un terme à l'excision sont aujourd'hui conduites par l'Organisation
Mondiale de la Santé, et si l'on excise encore 2 millions de fillettes chaque
année en Afrique, 13 pays ont déjà rendu cette pratique illégale. On s'en prend
exclusivement à l'excision, peut-être parce qu'elle nous apparaît beaucoup plus
mutilante et beaucoup plus "barbare" que la circoncision. Sans doute
aussi parce que cette dernière fait également partie de notre "paysage"
occidental. En effet, la circoncision est très largement pratiquée par les
protestants et les musulmans, et systématique chez les juifs. Elle est même
souvent faite, dans nos pays, en milieu hospitalier et remboursée par la
Sécurité Sociale. Cela occulte une réalité ailleurs bien barbare : dans nombre
de sociétés africaines, la circoncision
ne consiste pas en une simple ablation du prépuce, mais en un
"épluchage" de la verge par lambeaux de chair, lequel occasionne, on
s'en doute, des souffrances et des mutilations comparables à celles de
l'excision. Cela fait avec des outils et dans des conditions identiques à
l'excision. La mortalité par hémorragie ou septicémie est là aussi foudroyante. La loi réprimant
l'attentat à l'intégrité physique des mineurs doit donc s'appliquer à tous,
circonciseurs comme exciseurs, et il est légitime de penser, avec certaines
associations (l'AME, Association contre la mutilation des enfants, notamment)
que l'on ne parviendra à éradiquer les mutilations féminines que si l'on abolit
en même temps la circoncision. Ce thème, hélas, n'est pas "porteur",
comme on dit chez les publicistes et les politiques. Peut-être parce que le
combat contre l'excision a été au départ accaparé par les féministes, et
politisé d'une façon qui, à terme, lui a nui. Il est des fléaux qu'il vaut
mieux combattre avec les hommes, plutôt que contre eux. NH - 11/02/99 Sexe : les
Noirs sont-ils différents ? Nathalie,
française, 38 ans, agent de voyage. "Mon
attirance pour les Africains est venue
tout naturellement. Élevée en Côte d'Ivoire, tous mes amis étaient blacks. J'ai eu, depuis, des expériences
avec des Blancs, et franchement au lit, ils assurent bien. Pourtant, ils
m'attirent moins. Je les trouve plus fades. Ils bougent moins bien, dans un lit
comme dans une boite de nuit ! Bref, je les trouve moins sexy. Et, ce n'est pas
une question de taille de sexe. J'ai connu des Africains qui n'étaient pas
spécialement bien lotis. La vraie différence est dans la façon de faire ! Les
Noirs ont, je crois, deux particularités : d'abord, ils vont droit au but sans
s'embarrasser de préliminaires, de caresses et divers stimulis. Ensuite, ils
ont réellement de l'endurance. Ils peuvent faire l'amour 3 ou 4fois de suite,
sans aucun problème. Autre chose : faire l'amour avec un homme circoncis (c'est
le cas d'une grande partie des Africains) est très agréable... Afrique Magazine -
09/00 La
circoncision. La majorité des
hommes du monde entier - presque 80% - n'est pas circoncise. La plupart des 13
millions de circoncisions effectuées chaque année le sont pour des raisons
religieuses ou rituelles. Les États-Unis sont le seul pays hautement médicalisé
qui continue à circoncire la plupart de ses nouveau-nés mâles pour des raisons
profanes. La circoncision
rituelle est pratiquée en Afrique occidentale depuis plus de 5000 ans et au
Moyen-Orient depuis au moins 3000 ans. La 1ère mention écrite de la
circoncision apparaît dans la Bible. Elle a été
intégrée dans la culture médicale en Amérique du Nord et en Europe au 19ème
siècle pour des raisons qui, à l'origine, incluaient "la suppression de la
masturbation, la prévention ou la guérison de l'alcoolisme, de l'épilepsie, de
l'asthme, des hernies, de la goutte, des rhumatismes, de la scoliose et des
maux de tête". Plus tard, on a invoqué l'hygiène ou la prévention du
cancer et des MST. Les vues des médecins sur la circoncision ont commencé à
évoluer aux environs de 1950, et elle est aujourd'hui rarement pratiquée pour
des raisons médicales. Le taux de complications se situe entre 1 et 10%. Même
dans les meilleures conditions, le taux de
mortalité est de 1 pour 500 000 et peut atteindre, dans des conditions
médiocres, 1 pour 24 000. Les conséquences possibles de la douleur éprouvée par
le nouveau-né et les éventuelles répercussions négatives ou positives sur la
vie sexuelle et la psychologie restent à peu près ignorées (...). Aux États-Unis, il
ressortit d'un sondage auprès de 313 hommes contactés par des groupes
d'information sur la circoncision que 60% se plaignaient d'une diminution de
leur intégrité physique, 50% d'avoir été victimes d'un abus parental et 11%
d'érections douloureuses. Aux USA, 63 % des hommes sont circoncis chaque année
soit 1,2 million, soit encore 1 toutes les 26 secondes. Atlas de la
sexualité dans le monde, revue Autrement - 09/00 _____________________________ Lundi 20 Novembre 2000 Journée nationale des droits de l'enfant le Docteur Gérard Zwang a le plaisir de décerner le prix de l'Association
contre la Mutilation des Enfants à Monsieur François Bizot pour son récit Le Portail paru aux éditions de la Table Ronde.
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