Article 222

Journal pour les Droits de l'Enfant

N°20 - 1 euro4e trimestre 2000

 

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Circoncision & Castration

La circoncision est un rite pratiqué par des hommes sur d'autres hommes, et dont le but est d'assurer le bon fonctionnement de la société mâle. Les plus âgés dominent les plus jeunes en mutilant leur pénis, les autorisant ainsi à entrer dans le club des pénis mutilés. (...) Jusqu'en 1970, la circoncision était aux États-Unis un signe d'appartenance à la classe moyenne, et 90% des bébés mâles américains étaient circoncis. Mais les recherches de ces 20 dernières années tendent à conclure que la circoncision n'a aucune influence sur la santé. Et l'opération a ses inconvénients : elle est douloureuse, elle est pratiquée sur les nourrissons souvent sans anesthésie (et toujours sans leur consentement) et elle est trop souvent bâclée, pour ne pas dire sabotée. Dès 1992, son taux avait chuté à 59%.

Le "politiquement correct" voulait qu'on respecte ce dont la nature avait doté les garçons; un mouvement anti-circoncision s'était mis en place, et allait se faire entendre. Ce mouvement comporte deux ailes : d'une part les parents et praticiens refusant d'infliger aux nourrissons une mutilation qui n'est pas indispensable, et d'autre part

les hommes circoncis qui réclament avec colère qu'on leur rende leur prépuce.

Le pénis dans tous ses états de Maggie Paley, éd. Belfond, mai 2000

1ère édition canadienne en 1998

Circoncision :

Ablation du prépuce, souvent pratiquée à la naissance,

pour des raisons religieuses ou hygiéniques.

Considérée de nos jours comme un peu barbare et inutile.

Hot Sex de Tracey Cox, éd. Marabout, juin 2000

1ère édition australienne en 1999  

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La Cité Magique et Magie en Afrique noire

de Jacques Lantier, éd. Fayard, 1972.

 En Afrique noire, les cérémonies de circoncision et de clitoridectomie atteignent parfois une grande intensité folklorique ; beaucoup d'ethnologues et de voyageurs en ont rapporté des descriptions pittoresques. Aucune ne me semble atteindre le caractère hallucinant de celles du pays namchi, au Nord-Cameroun, entre Poli et Fignolé, à la limite du Nigeria. Je vais tenter de la décrire, la sensibilité de mes lecteurs dut-elle être mise à rude épreuve. Auparavant, je dirai quelques mots du peuple namchi. 

Ce peuple s'avère l'un des plus traditionalistes du monde. L'habitude se sacralise de telle sorte qu'au cours des conversations banales et courantes échangées quotidiennement on n'est autorisé qu'à employer les mots et qu'à exprimer les sentiments fixés de temps immémorial. C'est la société rêvée pour les amateurs d'ordre absolu auxquels je recommande personnellement d'accomplir, dans une région qui ne manque pas de beauté, un voyage d'étude, susceptible de leur donner tous les éclaircissements possibles sur leur propre comportement (...). 

J'ai eu la chance d'assister à une cérémonie de circoncision qui dépassa en intensité dramatique tout ce que j'avais pu imaginer après la lecture de la monographie désormais classique de Leiris, parue en 1934, dans le Journal de la Société des africanistes. Pendant 7 jours et 7 nuits, la population mâle et femelle ne dessoûla pratiquement pas. Imaginez un liquide ayant la couleur de l'urine, l'odeur du poisson pourri et la saveur du pétrole. Du fait des rites nécrophagiques en pays kirdi, toutes sortes de soupçons viennent à l'esprit quand on avale cette bière. Les trésors d'imagination apportés à la fabrication des liquides magiques sont, hélas, inépuisables. 

La décence m'empêche de décrire les scènes de lubricité dont je fus le témoin. Après la 7ème nuit, la population retrouva comme par enchantement son équilibre. Au petit matin, des bouviers, qui avaient rassemblé dans la montagne un troupeau de bovins maigres et chétifs, introduisirent les animaux, beuglants et gémissants, dans l'aire des festivités. Un énergumène emplumé arracha l'œil d'une vache d'un expert coup de l'index et l'avala. La vache n'eut pas le temps de réfléchir : quelqu'un lui trancha la gorge. Un enfant se jeta sur elle et but à sa gorge un flot de sang, qui jaillissait, rouge et généreux. Partout on tuait, on mutilait. La torture dura plus d'une heure. Il y avait plus de 30 bêtes étendues sur le sol, percées de coups, lardées, tranchées, mutilées, étripées. Les hommes, hébétés, contemplaient l'holocauste. Alors le tam-tam résonna. Le forgeron-magicien, de la caste maudite mais privilégiée des batteurs de fer, menait le cortège. Derrière lui, des jeunes gens nus arrivaient, marchant à petits pas, sautillant, chaque testicule ligoté par une ficelle en fibre de baobab. Ces adolescents, candidats forcés à la circoncision, s'alignèrent et attendirent, l'air hagard, la suite des événements. Je présume qu'ils étaient drogués, à moins que l'angoisse seule expliquât la détresse contenue dans leur regard. A ma grande surprise, je vis qu'un individu masqué et tatoué était allé chercher des femmes, qu'il amenait maintenant, complètement nues. Mon mentor m'expliqua qu'il s'agissait d'épouses stériles que leur participation au rite devait rendre fécondes. Elles s'installèrent devant les garçons, une femme pour chacun. Sur un signe du chef de magie, les femmes se mirent à tripoter le sexe des garçons, à lui donner de petites claques, à le masser.

Elles s'adressaient  au pénis - qui commençait à gonfler - comme s'il avait pu comprendre ce qu'elles disaient. Quand les attouchements restaient sans effet, le forgeron s'approchait et fouettait 2 ou 3 fois le sexe récalcitrant avec une herbe aux propriétés vésicantes. Finalement, les candidats présentèrent tous un pénis en érection. Le tam-tam s'arrêta. Des hommes étaient venus se placer derrière les jeunes gens pour les immobiliser. Le forgeron-musicien s'approcha du groupe et rapidement, avec une lame acérée, d'un geste circulaire il coupa aux garçons, à tour de rôle, la peau de la verge au niveau du pubis. Les jeunes gens serraient entre leurs dents des morceaux de poumon de vache ; ils mordaient dans cette viande pour ne pas crier de douleur, mais on voyait à leurs contorsions et à leurs mimiques qu'ils atteignaient les limites du supportable. Le forgeron passa une nouvelle fois devant le groupe et fit à chacun une entaille profonde sur toute la longueur du pénis. Il déposa son couteau sur une pierre, puis il décortiqua les verges l'une après l'autre, entièrement, avec une coquille, et se mit à les dépouiller prestement en tirant dessus comme pour écorcher un lapin. Les patients devaient hurler dans leur morceau de poumon de vache. Leurs jambes s'agitaient de tremblements.

Leur sexe, encore en érection, n'était plus qu'un moignon sanglant. 

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 Revue de Presse

 

Prépuces à recycler : la greffe de peau, un débouché de la circoncision.

 

A raison d'un centimètre par pénis, et de 647 millions de pénis circoncis (516 millions de musulmans, 115 millions de Nord-Américains -70% sont circoncis par tradition-, 8 millions d'Africains et 6 millions de Juifs...) ça nous fait plus de six mille kilomètres de peau perdus. Devant ce gâchis, on ne peut qu'applaudir les travaux du Dr Yitzhak Ziv. Ce chercheur de Tel Aviv vient en effet de mettre au point une nouvelle méthode de greffes de peau... à partir de prépuces.

Cela ne veut pas dire que les brûlés s'appliqueront de la peau de bite sur le visage. La technique est plus subtile. Les cellules sont placées dans du collagène de bovin. Et là, elles se reproduisent : un seul prépuce peut alors engendrer 25000 m2 de peau ! Avec 647 millions de prépuces, on aurait largement de quoi refaire un lifting à tous les lépreux du globe.

En fait, ce genre de technique existe depuis longtemps en Israël et aux États-Unis. Ce n'est pas que le prépuce possède des propriétés particulières. On pourrait, de la même manière, cultiver n'importe quel déchet opératoire. Mais, à la différence d'un mollet d'accidenté de la route, le prépuce de bébé est propre, jeune, et se reproduit bien. D'ailleurs, la greffe n'est pas son seul débouché : en Israël, il sert aussi à fabriquer l'interféron, un produit utilisé dans le traitement du cancer (ce qui devrait faire réfléchir l'antisémite soigné grâce à du prépuce juif).Le prépuce est donc une industrie rentable. En France, il a payé pas mal de maisons de campagne : "certaines cliniques vivent de la circoncision rituelle" rapporte un toubib qui tient à garder l'anonymat. "Les médecins la déclarent comme une circoncision médicale, justifiée par exemple par un phimosis. Du coup, c'est la Sécurité sociale qui supporte le coût d'une pratique religieuse, ce qui n'est pas normal."

Aux États-Unis, les parents tirent aussi un petit bénéfice de la vente du prépuce de leur gosse. Et le prépuce est même coté en Bourse par l'intermédiaire de sociétés, comme Novartis, qui commercialisent les bandes de peau artificielle. Quelques médecins se donnent bonne conscience en prétendant que la circoncision diminue les risques d'infection ou de transmission du sida...En vérité, les recherches ne sont pas convergentes, et le vieil argument hygiéniste ne tient pas. Le prépuce ne s'infecte que s'il est sale. La circoncision était peut-être justifiée lorsque les gosses se lavaient une fois par mois. Mais à l'ère du savon, substituer l'ablation au lavage est aussi absurde que de couper les oreilles plutôt que d'utiliser des Coton-Tige. Osons donc nommer la circoncision pour ce qu'elle est : une mutilation sexuelle. Bien sûr, elle n'a rien à voir avec l'excision, bien plus handicapante, question septième ciel... N'empêche qu'aux États-Unis pas mal d'hommes reprochent à leurs parents de les avoir charcutés à leur insu : 60% des Américains circoncis pour des raisons non religieuses se sentent mutilés et se plaignent d'une perte de sensibilité. Les plus radicaux vont même jusqu'à une"restauration de prépuce", technique déconseillée avec le Viagra, puisqu'elle consiste à allonger la peau de pénis restante et la maintenir pendant plusieurs semaines avec du papier adhésif !

Comme la circoncision a encore de beaux jours devant elle, autant qu'elle serve la médecine. D'ailleurs, les médecins somaliens ou soudanais devraient s'inspirer de leurs confrères occidentaux. Ils pourraient alors rentabiliser l'excision. Tous ces millions de clitoris gaspillés chaque année, ça doit bien trouver à se placer...Pourquoi pas dans la chirurgie des transsexuels ?

Charlie Hebdo - 04/10/00

 

L' article sur la circoncision paru dans Charlie n°433 nous a valu un important courrier.

Que des bonnes choses, du genre "Bravo pour votre article sur la mutilation sexuelle qu'est la circoncision" ou "Il faut un drôle de courage pour oser braver un tel tabou". Merci à tous ceux qui ont écrit, ça fait rudement plaisir.

Charlie Hebdo - 31/10/00

 

La longue histoire des mutilations sexuelles.

 

L'excision et la circoncision, indissociables dans leur symbolique (partout où l'on mutile les petites filles, on mutile les petits garçons) constituent dans les sociétés qui les pratiquent  des rites d'initiation. Ces mutilations reposent au départ sur l'idée de l'ambivalence de l'être. Le clitoris est ainsi le symbole de l'élément masculin chez la femme et le prépuce le symbole de l'élément  féminin chez l'homme. Chaque être naît avec deux âmes de sexe opposé contenues pour l'un dans le clitoris, pour l'autre dans le prépuce. L'excision et la circoncision, nées le long des vallées du Congo et du Niger (avant de remonter, pour la circoncision, vers la basse vallée du Nil vers -3000 avant JC) ont donc pour but et pour effet de confirmer chacun dans son sexe. Ces deux rituels d'initiation sont pratiqués collectivement et donnent lieu à de grandes fêtes ; ils constituent des rites de passage qui permettent à l'enfant, en le confirmant dans sa sexualité, d'entrer dans la société des adultes. C’est la condition sine qua non  pour pouvoir se marier et tout individu qui n'a pas franchi ce passage est rejeté au ban de la communauté. Pire, une femme non-excisée peut être rendue responsable de tous les malheurs et chassée du village. Autour de cette idée se sont donc articulées bien des croyances. On dit ainsi, chez les Dogon et les Bambara du Mali, que le clitoris excisé se transforme en scorpion. Plus souvent, on prétend que le clitoris peut "blesser, voire tuer l'homme pendant les relations sexuelles".

Les campagnes pour mettre un terme à l'excision sont aujourd'hui conduites par l'Organisation Mondiale de la Santé, et si l'on excise encore 2 millions de fillettes chaque année en Afrique, 13 pays ont déjà rendu cette pratique illégale. On s'en prend exclusivement à l'excision, peut-être parce qu'elle nous apparaît beaucoup plus mutilante et beaucoup plus "barbare" que la circoncision. Sans doute aussi parce que cette dernière fait également partie de notre "paysage" occidental. En effet, la circoncision est très largement pratiquée par les protestants et les musulmans, et systématique chez les juifs. Elle est même souvent faite, dans nos pays, en milieu hospitalier et remboursée par la Sécurité Sociale. Cela occulte une réalité ailleurs bien barbare :

dans nombre de  sociétés africaines, la circoncision ne consiste pas en une simple ablation du prépuce, mais en un "épluchage" de la verge par lambeaux de chair, lequel occasionne, on s'en doute, des souffrances et des mutilations comparables à celles de l'excision. Cela fait avec des outils et dans des conditions identiques à l'excision. La mortalité par hémorragie ou septicémie est là aussi foudroyante.

La loi réprimant l'attentat à l'intégrité physique des mineurs doit donc s'appliquer à tous, circonciseurs comme exciseurs, et il est légitime de penser, avec certaines associations (l'AME, Association contre la mutilation des enfants, notamment) que l'on ne parviendra à éradiquer les mutilations féminines que si l'on abolit en même temps la circoncision. Ce thème, hélas, n'est pas "porteur", comme on dit chez les publicistes et les politiques. Peut-être parce que le combat contre l'excision a été au départ accaparé par les féministes, et politisé d'une façon qui, à terme, lui a nui. Il est des fléaux qu'il vaut mieux combattre avec les hommes, plutôt que contre eux.

NH - 11/02/99

 

Sexe : les Noirs sont-ils différents ?

 

Nathalie, française, 38 ans, agent de voyage.

"Mon attirance pour les Africains est  venue tout naturellement. Élevée en Côte d'Ivoire, tous mes amis étaient  blacks. J'ai eu, depuis, des expériences avec des Blancs, et franchement au lit, ils assurent bien. Pourtant, ils m'attirent moins. Je les trouve plus fades. Ils bougent moins bien, dans un lit comme dans une boite de nuit ! Bref, je les trouve moins sexy. Et, ce n'est pas une question de taille de sexe. J'ai connu des Africains qui n'étaient pas spécialement bien lotis. La vraie différence est dans la façon de faire ! Les Noirs ont, je crois, deux particularités : d'abord, ils vont droit au but sans s'embarrasser de préliminaires, de caresses et divers stimulis. Ensuite, ils ont réellement de l'endurance. Ils peuvent faire l'amour 3 ou 4fois de suite, sans aucun problème. Autre chose : faire l'amour avec un homme circoncis (c'est le cas d'une grande partie des Africains) est très agréable...

Afrique Magazine - 09/00

 

La circoncision.

 

La majorité des hommes du monde entier - presque 80% - n'est pas circoncise. La plupart des 13 millions de circoncisions effectuées chaque année le sont pour des raisons religieuses ou rituelles. Les États-Unis sont le seul pays hautement médicalisé qui continue à circoncire la plupart de ses nouveau-nés mâles pour des raisons profanes.

La circoncision rituelle est pratiquée en Afrique occidentale depuis plus de 5000 ans et au Moyen-Orient depuis au moins 3000 ans. La 1ère mention écrite de la circoncision apparaît dans la Bible.

Elle a été intégrée dans la culture médicale en Amérique du Nord et en Europe au 19ème siècle pour des raisons qui, à l'origine, incluaient "la suppression de la masturbation, la prévention ou la guérison de l'alcoolisme, de l'épilepsie, de l'asthme, des hernies, de la goutte, des rhumatismes, de la scoliose et des maux de tête". Plus tard, on a invoqué l'hygiène ou la prévention du cancer et des MST. Les vues des médecins sur la circoncision ont commencé à évoluer aux environs de 1950, et elle est aujourd'hui rarement pratiquée pour des raisons médicales. Le taux de complications se situe entre 1 et 10%. Même dans les meilleures conditions,

le taux de mortalité est de 1 pour 500 000 et peut atteindre, dans des conditions médiocres, 1 pour 24 000. Les conséquences possibles de la douleur éprouvée par le nouveau-né et les éventuelles répercussions négatives ou positives sur la vie sexuelle et la psychologie restent à peu près ignorées (...).

Aux États-Unis, il ressortit d'un sondage auprès de 313 hommes contactés par des groupes d'information sur la circoncision que 60% se plaignaient d'une diminution de leur intégrité physique, 50% d'avoir été victimes d'un abus parental et 11% d'érections douloureuses. Aux USA, 63 % des hommes sont circoncis chaque année soit 1,2 million, soit encore 1 toutes les 26 secondes.

Atlas de la sexualité dans le monde, revue Autrement - 09/00

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Lundi 20 Novembre 2000

Journée nationale des droits de l'enfant

le Docteur Gérard Zwang a le plaisir de décerner

le prix  de l'Association contre la Mutilation des Enfants

à Monsieur François Bizot pour son récit Le Portail 

paru aux éditions de la Table Ronde.

 

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