Article 222
Journal pour les Droits de l’Enfant
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Docteur Gérard ZWANG
Ancien Interne des Hôpitaux de Paris
Ancien chef de Clinique Chirurgicale à Monsieur le Rédacteur en Chef
à la Faculté de Médecine de Paris LE QUOTIDIEN DU MEDECIN
01/05/97
Monsieur,
Je vous ai adressé, il ya quelques semaines, un dossier complet au sujet du refus, par
deux laboratoires sponsors* de publier ma communication à un Congrès (Ethique, religion,
etc.) tenu à Paris l'année dernière. Je déplore que cette manifestation
d'obscurantisme, censurant un article qui démontrait l'inanité, voire les dangers de la
circoncision, n'ait eu aucun écho dans votre journal.
Je n'en ai été que plus offusqué par votre article du 28/04/97. Je vous rappelle que
la circoncision rituelle n'a aucune motivation médicale: un consensus est en train de
s'établir entre chirurgiens, pédiatres, infectiologues, etc.
C'est une mutilation sexuelle, inadmissible, sur des enfants mineurs, tombant sous le
coup de la loi. Il est intolérable que la "pub" faite par votre collaboratrice
en faveur d'une pommade anesthésique ne contienne aucune réprobation d'une agression
physique pratiquée "à vif" sur des nouveau-nés, et qu'elle figure dans les
informations médicales.
Si le mensuel satirique HARA KIRI paraissait encore, il aurait mentionné le fait:
CIRCONCISEZ TRANQUILLES, GRÂCE À LA POMMADE MACHIN VOUS NE SEREZ PLUS OBLIGÉS DE
VOUS BOUCHER LES OREILLES QUAND LE MARMOT GUEULE.
On se demande d'ailleurs pourquoi la même merveilleuse pommade ne pourrait être
recommandée aux exciseuses commettant la clitoridectomie rituelle, ou à ceux qui
pratiquent n'importe quelle mutilation "traditionnelle" sur les enfants. Avec
mes sentiments consternés.
*SCHERING Paris 8ème & THERAMEX Monaco
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REVUE DE PRESSE ___________________________________________
Circoncision: la crème EMLA évite la douleur
La crème à la lidocaïne-prilocaïne prévient efficacement la douleur de la
circoncision chez les nouveau-nés. Telle est la conclusion d'une étude canadienne
publiée dans le "New England Journal of Medicine" du 24 avril. Intervention
douloureuse, la circoncision néonatale est souvent effectuée sans analgésie. Des
Canadiens ont donc voulu tester la crème EMLA chez 38 nouveau-nés contre 30 qui ont
reçu un placébo. Au cours de la circoncision, ceux qui avaient reçu la crème EMLA ont
eu une moindre réaction faciale, ont moins pleuré et ont eu une plus faible augmentation
du pouls, tout cela de façon significative.
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN 28/04/97
Un garçon sans pénis
"Les experts de la médecine avaient tout faux", témoigne John, ce rescapé
de la 1ère opération de changement de sexe sur un bébé, dans l'Amérique des années
60. Ce garçon né en 1963 en compagnie d'un frère jumeau, a vu son pénis détruit à la
suite d'une circoncision néonatale ratée. Ses parents, convaincus par les experts de
l'Ecole de Médecine de Baltimore, optèrent pour le changement du sexe de leur enfant. Le
bébé fut castré et les chirurgiens créèrent un vagin artificiel. Des hormones, prises
tout au long de l'enfance, devaient rendre la transformation définitive. Ce cas apportait
de l'eau au moulin de nombreux scientifiques qui surestimaient à l'époque l'influence
culturelle sur l'identité sexuelle et niaient la préexistence des comportements chez les
êtres humains. "Les bébés naissent dans la neutralité" expliquaient
doctement nos théoriciens. "Prenez-les suffisamment tôt et vous en ferez des filles
ou des garçons..." Très souvent citée dans les ouvrages de référence, cette première transformation
sexuelle sur un bébé permit aux pédiatres des années 60 et début 70 d'apporter la
solution-miracle dans des cas similaires. Ce que ces médecins ne voulaient pas voir,
c'est que ce succès était en fait un échec complet. Dans une étude parue la semaine dernière dans les "Archives of Pediatrics &
Adolescent Medicine", Milton Diamond, professeur d'anatomie et de biologie à
l'Université d'Hawaï et Keith Sigmundson, médecin psychiatre au Ministère Canadien de
la Santé, rapportent que l'enfant devenu "Joan" n'a jamais admis sa nouvelle
identité. Ala fin des années 70, Joan est redevenue John grâce à de nouveaux
chirurgiens. Il est aujourd'hui marié et père adoptif de 3 enfants. Depuis pratiquement le début de sa vie, "Joan" se souvient s'être rebellé
contre son traitement. Quand sa mère l'habillait en robes, "elle" tentait de
déchirer ses vétements. "Elle" préférait les jeux virils des garçons.
"Joan" se rappelle encore être entré dans un magasin pour s'acheter soi-disant
un parapluie et ressortir illico avec un pistolet en plastique. "Elle" était de
plus en plus conscient du mauvais choix fait à son encontre mais ses médecins ne s'en
alarmaient guère. "J'avais l'impression d'être un monstre" avoue John en 1994
aux docteurs Diamond et Sigmundson. A l'adolescence, "elle" confia ses peurs et
ses doutes aux psychiatres mais ils la dirigèrent alors vers une féminité encore plus
assumée. Elle tenta de les convaincre mais comme le dit John "lorsque vous êtes un
enfant ou un ado, vous ne pouvez pas argumenter face à l'Etat-Major des blouses blanches.
Leurs schémas sont déjà faits. Ils ne veulent pas réellement vous comprendre." En 1977 "Joan" a 14 ans, et "elle" est résolu à se suicider si
"elle" ne peut se transformer en homme. Finalement dans une ultime
confrontation, son père lui révèle le secret de sa naissance et de son changement de
sexe. "Soudain tout se mit à clignoter dans ma tête", se souvient John.
"Pour la 1ère fois dans ma vie, les choses avaient un sens, je comprenais enfin qui
j'étais vraiment." Avec l'appui d'une nouvelle équipe médicale, Joan dût subir
une série d'interventions pour recréer un pénis artificiel. Milton Diamond et Keith
Sigmundson rappellent dans leur article que des dizaines d'autres garçons ont été
castrés dans les mêmes conditions.(...).
TIME LIFE 24/03/97
A qui profite la circoncision?
L'humanité est divisée en deux: les coupés et les non-coupés. Chaque camp défend
son bout de gras. Pour des questions d'hygiène, de plaisir ou de religion. Et les femmes?
Elles n'ont toujours pas tranché.(...). Circoncis: Kevin Costner, Tom Cruise, Robert de Niro, Matt Dillon, Michael Douglas,
Clint Eastwood, Harrison Ford, Richard Gere, Mel Gibson, Gene Hackman, Michael Jackson,
Chuck Nurris, Al Pacino, Sean Penn, Martin Sheen, Sylvester Stallone, John Travolta,
Christopher Walken, Bruce Willis. Non circoncis: Marlon Brando, Richard Burton, Johnny Cash, Montgomery Clift, Francis
Ford Coppola, James Dean, Ben Gazzara, Anthony Hopkins, Don Johnson, Burt Lancaster, Lee
Marvin, Eddie Murphy, Nick Nolte, Jack Palance, Elvis Presley, Anthony Quinn, Robert
Redford, Frank Sinatra, Mr T.
ELLE - supplément IL 21/04/97
Etats-Unis, circoncision en hausse
Pour tenter de restreindre les effets physiologiques de la circoncision, des chercheurs
de l'Université de Chicago ont mené une enquête auprès d'un échantillon masculin de
18 à 59 ans. Résultats: 87% des enfants blancs non hispaniques de mère ayant fait des
études supérieures, 81% des Blancs non hispaniques tout court, 65% des Noirs, 54% des
Latinos sont passés entre les mains du chirurgien pour une excision totale ou partielle
du prépuce. Sans compter les juifs (96%) et les musulmans, pour qui le chiffre n'est pas
communiqué. L'étude récente indique, en tout cas, que la circoncision ne met pas à
l'abri des maladies sexuellement transmissibles.
MARIANNE 28/04/97
États-Unis: la circoncision est une bénédiction
La circoncision est largement répandue aux Etats-Unis (chez les juifs, les musulmans
et dans le reste de la population pour des raisons d'hygiène). Résultat: une
quasi-disparition des infections et cancers du pénis. Le gain est évident: en 45 ans, 4
morts au cours de l'opération (aujourd'hui simple et sûre), mais 11OOO décès par
cancers péniens.
PARIS-MATCH 03/07/97
Circoncision: le rabbin meilleur que le médecin?
Une étude réalisée sur 48 nouveau-nés montre que le "clamp" utilisé par
les rabbins pour pratiquer la circoncision est moins douloureux pour le bébé que celui
qu'emploient les médecins. L'étude a été jugée assez sérieuse pour être présentée
en mai dernier à la réunion annuelle des Sociétés américaines de pédiatrie à
Washington et vient d'être publiée dans "Obstetrical and Gynaecologic News". Le Dr Hema DeSilva, qui a dirigé l'étude, a renoncé au "clamp" des
médecins, appelé Gomco, et utilise celui des mohels, le Mogen. "La moitié des
enfants qui ont été circoncis avec le Mogen n'ont pas du tout pleuré, affirme le Dr
DeSilva. Ceux pour lesquels on a employé le Gomco ont pleuré tout le temps de
l'opération." Les chercheurs ont surveillé le rythme cardiaque des nouveau-nés et leur respiration
pour mesurer leur réaction à la circoncision. Celle-ci a eu lieu dans tous les cas de 18
à 48 heures après la naissance et a été pratiquée par des médecins en présence
d'une infirmière, dont le rôle était d'immobiliser l'enfant. Un mohel de Los Angeles,
le rabbin Lebovics, n'est pas étonné par les résultats de l'étude: "Les médecins
ne sont pas à l'aise avec la circoncision, déclare-t-il. Avec un Mogen, il me faut de 20
à 30 secondes, alors que les médecins ont besoin de 3 à 5 minutes pour la
terminer." Le rabbin Lebovics a pratiqué 10 000 circoncisions. Mais beaucoup de médecins estiment que l'étude a porté sur un nombre insuffisant de
nouveau-nés. Le Dr Wiswell, de Philadelphie, qui a lui-même 3500 circoncisions à son
actif, pense que les résultats de l'étude auraient été différents si elle avait
réuni plusieurs centaines de nouveau-nés. En tout état de cause, le débat semble moins
porter sur l'habileté du médecin comparée à celle du mohel que sur la qualité de
l'instrument utilisé. Aux Etats-Unis, les circoncisions ne sont pas exclusivement
pratiquées sur des enfants juifs ou musulmans. Beaucoup de parents qui appartiennent à
d'autres religions la réclament pour des raisons sanitaires. Cependant, la pratique, qui
était très en vogue il y a encore une vingtaine d'années, tend à se raréfier, les
bénéfices médicaux de la circoncision ayant, entre-temps, été mis en doute par de
nombreux médecins.
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN 08/09/97
Il n'y a pas de justifications médicales à la circoncision des
nouveau-nés
Les "Archives of Disease in Childhood" ouvrent leurs colonnes à un sujet qui
fait encore l'objet d'une contreverse: la circoncision des nouveau-nés. L'un des auteurs
qui s'expriment sur ce sujet plaide pour une circoncision systématique à titre
préventif, alors q'un second tempère cette position. Pour les spécialistes interrogés
par "le Quotidien", il n'y a aucune indication médicale pour cette pratique,
qui reste un choix personnel. Très à la mode aux Etats-Unis il y a quelques années, la circoncision aurait un
effet protecteur contre les maladies sexuellement transmissibles, y compris le SIDA, les
infections urinaires et les cancers de la verge. C'est l'argument sur lequel se fonde le
Dr Schoen qui prône la circoncision systématique, en s'interrogeant sur la
méconnaissance présumée des Européens de ses bénéfices médicaux. Pourtant,
déclare-t-il, les phimosis, les balanites et les difficultés d'hygiène chez les
garçons non circoncis sont bien décrit dans la littérature européenne. L'auteur explique également que la prévalence du phimosis est faible (de 0,3 à
0,9%), mais qu'une circoncision est souvent nécessaire à long terme chez ces enfants. Un
avis que ne partage pas le Dr Gilles Allouch (hôpital Trousseau, Paris) dont
l'expérience indique que dans les phimosis, la circoncision ne s'impose que dans 2 ou 3%
des cas, "à la suite d'infections récidivantes ou d'interventions manqués."
Le spécialiste rappelle les autres choix thérapeutiques - conservateurs - possibles dans
cette pathologie: l'élargissement de l'orifice prépucial (plastie) et l'exérèse d'une
partie du prépuce (posthéotomie). En ce qui concerne les infections du tractus urinaire,
le Dr Schoen évoque les résultats d'études ayant montré que le risque est de 10 à 12
fois plus élevé chez les non circoncis au cours de la première année de vie. Le Dr Allouch réfute également cet argument: "il y a quelques années, aux
Etats-Unis, une recommandation a été émise selon laquelle tous les bébés porteurs de
malformations urinaires devaient être circoncis, afin de prévenir les pyélonéphrites.
C'est absurde, car la pyélonéphrite est une infection endogène et n'est pas due à une
remontée des germes à contre-courant de l'urètre vers la vessie." Cette attitude a
d'ailleurs été abandonnée par "tous les pédiatres urologues sérieux." En revanche, la diminution du risque du cancer de la verge est une réalité, reconnait
aussi le Dr Naouri, qui rappelle qu'il s'agit d'un cancer rare. Selon le Dr Schoen,
l'incidence du cancer de la verge chez les non circoncis est de 2,2 pour 100 000 habitants
aux Etats-Unis, et sur les 50 000 cas (dont 10 000 mortels) répertoriés dans ce pays
depuis 1930, seulement 10 concernent des hommes circoncis. Toujours en cancérologie, une
étude rapportée par le Dr Allouch, mais non utilisée par l'Américain, a également
montré que les femmes dont le partenaire est circoncis ont un risque plus faible de
cancer du col de l'utérus, signale le Dr Allouch. Enfin, estime le Dr Schoen, la réduction du risque de maladies sexuellement
transmissibles après circoncision devrait également être prise en compte pour
conseiller une circoncision néonatale systématique. Cet effet producteur est toutefois
relativisé par le Dr Nicoll (Londres), qui, dans le même numéro de la revue, explique
que les résultats des études réalisées sur cet effet protecteur, plus
particulièrement contre le SIDA, sont divergents. Le Britannique rappelle que le risque
de complications de la circoncision est très faible, mais réel, et conclut que
l'intérêt, en santé publique, de cet acte en routine n'est pas prouvé. La polémique
concernant l'intérêt médical de la circoncision n'est certainement pas close. Mais les
spécialistes interrogés par "le Quotidien" s'accordent sur le fait qu'il n'y a
aucune justification médicale à la circoncision.
LE QUOTIDIEN DU MEDECIN 25/09/97
Les bébés devraient être anesthésiés pour une circoncision
C'est la recommandation de médecins canadiens dans le "Journal of the American
Medical Association". Selon l'étude réalisée par des chercheurs de l'université
de l'Alberta à Edmonton auprès de 52 nouveau-nés de sexe masculin, une anesthésie par
injection permet de limiter la souffrance. "De nombreuses croyances justifient la
pratique de la circoncision sans anesthésie. L'une d'elle est que les nouveau-nés ne
subissent que peu ou aucune douleur", écrivent les auteurs de l'étude. "Sans
exception, les nouveau-nés qui n'ont pas bénéficié d'une anesthésie dans cette étude
ont tous souffert d'une grande angoisse pendant et après la circoncision et ont été
exposés à des risques inutiles, notamment d'étouffement ou d'apnée". Aux USA et
au Canada, la plupart des bébés - entre 64% et 96% des cas selon les régions - qui sont
circoncis, le sont sans aucune forme d'anesthésie.
AFP 12/97
L'excision est à nouveau autorisée dans les hôpitaux égyptiens
Le tribunal administratif du Caire a de nouveau autorisé la pratique de l'excision
dans les hôpitaux publics égyptiens. Cette décision fait suite à une demande formulée
par des islamistes et des médecins. Le tribunal a ainsi annulé l'interdiction de cette
mutilation, décidée il y a un an par Ismaïl Sallam, ministre égyptien de la santé.
"Dieu soit loué, nous avons gagné et nous allons appliquer l'islam" a
déclaré Youssef Badri, principal instigateur du procès, qui soutient que l'excision est
une pratique recommandée par la sunna, la tradition religieuse musulmane, et qui dit
souhaiter empêcher que les jeunes filles soient excisées au moyen du rasoir des
barbiers. Ce jugement fait suite à la récente décision du Conseil d'Etat égyptien, qui
avait estimé, il y a quelques jours, que l'excision était un geste licite, tout en
soulignant que l'Islam n'en faisait pas une pratique obligatoire. Dans un rapport remis au
tribunal administratif du Caire, la plus haute instance juridique administrative
égyptienne avait alors estimé souhaitable l'annulation de la décision du ministre de la
santé. Le Conseil d'Etat s'était fondé sur plusieurs hadith, dires du prophète
Muhammad considérés, avec le Coran, comme un fondement de la loi islamique, pour
affirmer que cette pratique était "licite, sans être obligatoire" et que la
question de l'excision devait "être laissée à la famille".Le Cheikh Tantaoui,
imam d'El Azhar, la plus haute autorité sunnite, estime pour sa part que la religion
musulmane ne demande pas l'excision des femmes et qu'il revient aux médecins de décider
si cette opération est, ou non, nécessaire. Le tribunal administratif du Caire a, comme on le prévoyait, suivi les recommandations
du Conseil d'Etat. Pour les islamistes il était clair que Mr Sallam avait violé les lois
islamiques en interdisant la pratique, dans les établissements hospitaliers publics, de
cette mutilation, qui vise notamment à brider les désirs sexuels des femmes. A
l'inverse, l'Organisation égyptienne des droits de l'homme soutient que cette coutume,
très répandue sur le sol africain, est à la fois dangereuse et criminelle. Le débat
sur l'excision en Egypte avait été relancé en août 96 avec la mort d'une jeune fille
de 14 ans après une excision qu'avait exigée le père. Le médecin concerné avait été
arrêté, accusé de négligence, et avait admis qu'il lui avait administré des calmants
plutôt que de pratiquer une anesthésie. Selon une étude réalisée par le Conseil national égyptien de la population, 8
femmes sur 10 sont favorables à la poursuite de l'excision, estimant qu'il s'agit là
d'une "bonne tradition". Selon cette étude, 97% des Egyptiennes seraient
excisées, ce taux serait de 99,5% dans les campagnes et de 94% en milieu urbain. Dans les
milieux médicaux égyptiens on estime que ces chiffres sont "un peu
exagérés", la proportion des femmes excisées diminuant avec leur âge. "Il
faut reconnaître qu'il s'agit là d'un rite, probablement antérieur à l'arrivée de
l'islam et que l'islam n'impose ni ne condamne. Il faut aussi savoir que c'est, tout comme la circoncision pour les hommes, une
pratique qui permet aux médecins qui ont peu de moyens d'augmenter leurs revenus."
LE MONDE 26/06/97
Le Conseil d'Etat égyptien interdit l'excision
L'excision est désormais interdite en Egypte. Le Conseil d'Etat a décidé le 28
décembre, qu'il était "désormais interdit de pratiquer l'excision même en cas de
consentement de la fille et des parents". Le Conseil d'Etat a assimilé l'excision à
la mutilation corporelle, interdite par le code pénal, qui punit de 3 ans de prison
"quiconque porte atteinte au corps humain sans nécessité médicale". "Il
n'y a donc pas lieu de voter une loi spéciale pour interdire l'excision", a conclu
la plus haute autorité égyptienne."L'excision n'est pas prévue par la
jurisprudence islamique, car il n'y a rien dans le Coran qui l'autorise", affirme le
Conseil d'Etat dans un communiqué. La sunna ne prévoit non plus "aucune sentence ou
appréciation catégorique en faveur de l'excision" laquelle n'a rien à voir avec la
religion, puisque, fait valoir le conseil d'Etat, "c'est une coutume qui s'est
enracinée bien avant l'apparition du judaïsme, du christianisme et de l'islam". Les adversaires de l'excision affirment que les islamistes se basent sur des hadith
(dires du prophète) apocryphes. Une seule exception est tolérée par la décision sans
appel du Conseil: "la nécessité médicale", certifiée par un rapport du chef
de service de gynécologie d'un hôpital.(...). La décision du Conseil d'Etat met un
terme à une longue polémique juridico-politique, qui avait commencé en 1959 avec
l'arrêté ministériel N 74, interdisant aux non-médecins de pratiquer l'excision.(...).
L'arrêté du Conseil sera toutefois très difficile à appliquer. La coutume de
l'excision est profondément ancrée chez la majorité des Egyptiens, qu'ils soient
musulmans ou chrétiens. Autre problème: 60% des excisions sont pratiquées dans
l'intimité du domicile par des barbiers. Les filles n'ayant généralement pas leur mot
à dire, on voit mal qui irait dénoncer l'opération à la police. Même la campagne
anti-excision que se propose de lancer le ministère de la santé risque d'avoir peu
d'effet. Une étude a en effet démontré que l'éducation ne réduisait pas vraiment la
pratique de l'excision. En fait, les riches, quelque soit leur niveau d'éducation, sont
la catégorie sociale qui pratique le moins l'excision, dans la mesure où ils sont peu
sensibles aux pressions sociales. Or le tiers des Egyptiens vit en dessous du seuil de
pauvreté. Il faudra peut-être attendre une amélioration des conditions de vie pour voir
l'excision sérieusement reculée.
LE MONDE 30/12/97
Appel contre les mutilations sexuelles
L' Organisation Mondiale de la Santé, le fonds des Nations-Unis pour l'enfance et
celui pour la population ont lancé un appel aux dirigeants mondiaux afin qu'ils
soutiennent leurs efforts visant à éliminer totalement les mutilations sexuelles
féminines (excision, infibulation). Leur disparition améliorerait considérablement
l'état de santé de millions de femmes et d'enfants du monde en développement, et
contribuerait à la promotion des droits fondamentaux et de l'égalité entre les sexes.
HUMANITÉ DIMANCHE 29/05/97
Souvenirs de Bébés
Confronté au rappel de son apprentissage, un bébé de 3 mois met 8 heures avant de
réagir, et sa réaction sera maximale 3 jours plus tard. A 6 mois, l'intervalle de temps
entre le rappel et la réaction n'est plus que d'1 heure, et son apogée est atteinte 4
heures plus tard. La vitesse de récupération du souvenir augmente donc avec l'âge du
nourrisson.
source LA RECHERCHE ________________________________________________
ARTICLE 222 est publié par l'Association contre la Mutilation des
Enfants
BP 220, 92108 Boulogne
ame@enfant.org
Composé et reproduit par nos soins. Dépôt légal : 1er trimestre
1998
http://www.enfant.org
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